mardi 28 février 2012

Les dieux s’affolent






Les dieux s’affolent

Vos lèvres sont humectées de ma prière.
Votre langue a des morsures car vous mentez
Vos yeux de vampire en étaient tourmentés.
Vos éclats de rire vous jettent dans une soufrière.

Les dieux, que vous implorez souvent, s’affolent.
L’amour infecté de vos extravagances
Ne semble plus jaillir d’une résurgence.
Ainsi se répand une tristesse folle.

Alex J. URI

25 février 2012

samedi 25 février 2012

amour et démesure






L'amour profond peut avoir besoin de la démesure pour s'exprimer".

Alex J. URI 
( 15 fevrier 2012 sur facebook)


jeudi 16 février 2012

Soigner en conscience





Soigner en conscience  by  Dr. Eliane CATORC
                                                              
Cette question m’a interpellée à maintes reprises tout au long de ma formation médicale et de mes expériences multiples et parfois très problématiques du soin. Les attentes de la société vis-à-vis de la médecine et des professionnels de santé, de plus en plus ambivalentes, faisant fi parfois de la dimension éthique du soin, sont venues exacerber cette interrogation.

En premier lieu, il s’agissait pour moi de  tenter de cerner la teneur du « prendre soin ».
L'activité médicale, quoique trop souvent polarisée par le désir de guérir une affection et volontiers envahie par les incontournables aspects techniques, suppose nécessairement la relation.
Cette relation avec un sujet souffrant est la visée essentielle du soin car « soigner » consiste fondamentalement à être là pour quelqu'un, avec quelqu’un. La dimension relationnelle étant primordiale dans le « prendre soin », il était pertinent de s’employer à repérer les différents écueils du rapport interpersonnel avec leurs spécificités dans l’activité médicale.
L’asymétrie relationnelle de départ, loin d’être ignorée, a été travaillée. Elle requiert une équilibration par un positionnement résolument éthique de la part du soignant.
Une relation féconde suppose l’ouverture à l’autre, la prise en compte de sa parole et de ses refus, l’acceptation des inévitables conflits, le renoncement à la domination, la reconnaissance des illusions de la neutralité et de la réalité des mouvements transférentiels, la nécessité d’une dynamique d’échange, l’identification de la complexité et la manifestation du caractère nécessairement éthique du rapport interpersonnel dans le cadre de la médecine…
L’exercice médical touche à l'intime de l’homme et place le soignant dans une position de particulière responsabilité vis-à-vis d’autrui. Cette responsabilité du professionnel, d'autant plus importante qu’autrui est vulnérable, loin de l’exclure, redonne à l’autonomie des sujets une juste place.
L’accueil la personne malade dans sa globalité et non pas limitée à sa seule corporéité, demande d’appréhender l’individu dans toutes ses dimensions, biologiques, psychologiques, sociales, culturelles et spirituelles. En dépit des recommandations nationales et internationales, la difficulté à admettre la pertinence de la spiritualité dans le « prendre soin » est bien réelle.
Une confusion entre spiritualité et aspects institutionnels des religions, une compréhension étriquée de la laïcité comme principe d’athéisme, une neutralité réduite à l’indifférence, une culture de service nivelant tout positionnement personnel, une pseudo rationalité donnant la primauté au jugement médical, une crainte du prosélytisme, une peur d’être intrusif ou d’être soi-même influencé, un manque de formation dans le domaine spirituel et une réticence à s’investir fortement au niveau relationnel, sont autant d’obstacles à étudier.
La question de l’éviction de la dimension spirituelle de la personne avec son impact sur la relation de soin a été abordée également du côté du soignant. Privé d’une ressource intérieure si précieuse, le soignant me semble singulièrement exposé à la privation de sens et au syndrome de «  burn out. »

En second lieu, le terme « en conscience » a été travaillé à partir de la notion de « soins consciencieux », de la définition de la conscience morale. Les exigences de celle-ci, ses éventuels conflits, et la question de sa liberté ont été développés.
La pratique médicale a pour espace la relation interhumaine, elle se déploie sur un fond de questionnement sur la vie, la souffrance, et la finitude. Le privilège thérapeutique résultant des nécessités de soin l’autorise à affecter les personnes en leur corps. Elle est par conséquent un lieu de grande interpellation éthique comme l’atteste la forte déontologie des professions de santé.
Parce que les actions du soignant touchent autrui, un autrui, en situation de particulière vulnérabilité du fait de sa souffrance, il doit porter un jugement moral sur ses actions et agir en conscience.
La nécessité d’œuvrer en personne morale conduit à interroger la liberté de conscience et à l’éprouver par la possibilité d’objecter.
La responsabilité morale effective n’est en effet concevable que si le soignant est réellement libre d’agir en conscience. L’éthique n’a de teneur que parce que l’homme est un sujet apte à réfléchir, à vouloir, à décider, à poursuivre des buts ; une personne libre d’agir ou pas.
Cette liberté devra parfois être signifiée par le recours à la clause de conscience.
Qu’est-ce qu’une conscience libre s’il lui est dénié le droit d'objecter ?
La liberté, pour le soignant de poser ou non des actes en conscience, au nom des valeurs morales qui l’animent et qui constituent parfois le fondement de l’engagement professionnel, a été confrontée à la question des avortements volontaires.
L’analyse minutieuse de l’évolution législative a mis à jour des oppositions plus ou moins subtiles à l’exercice de l’objection de conscience des soignants. La disqualification des motivations des professionnels et la négation de la question morale de l’avortement témoignent d’une réelle difficulté pour une partie de la société à reconnaître l’importance de garantir l’intégrité morale des agents de santé.
Or, le soignant se doit de résister aux pratiques, qui menacent les valeurs du soin, mais qui en outre, sont susceptibles de nuire aux personnes dont il a la charge.

L’obligation de suivre sa conscience implique l’exigence de former cette conscience.
Cependant, le contexte actuel, qui préjuge de la possibilité de faire abstraction du discernement du bien et du mal et qui propose alors des éthiques sans substance, loin de témoigner d’un véritable pluralisme éthique, est favorable à un relativisme des valeurs conduisant de fait à l’hégémonie du matérialisme biologique et du scientisme.


Le modèle de médecine qui en résulte aujourd’hui demande à être interrogé.
Les repères, proposés au soignant par sa formation, le laissent bien souvent fort démuni face à la suprématie de la technoscience et bien peu armé pour résister aux dérives de la médecine vers des contrées parfois fort éloignées de ses valeurs d’origine.

La vision contractualiste de l’activité médicale, qui correspond fort bien aux attendus d’un libéralisme économique et politique soutenu par la technoscience, aboutit fort logiquement à une gestion administrative de la santé, au détriment des personnes et de leurs valeurs. Cette vision favorise une dérive marchande de l’activité médicale avec tous les risques de juridicisation et de nivellement de la responsabilité éthique du soignant en responsabilité exclusivement juridique.
La relation de soins, en déficience de repères éthiques, est appréhendée comme une simple transaction commerciale et juridique, entre deux partenaires.
L’autonomie des sujets est fort logiquement mise en avant dans un tel modèle de type économique, mais se réduit alors faussement en une autodétermination égocentrée.
L’activité médicale est désorientée par la primauté donnée de nos jours aux désirs et à l’émotionnel au détriment de la réflexion éthique. Auto détermination orgueilleuse et pseudo-compassion, ignorant le bien commun véritable, tendent à s’imposer comme les moteurs de l’agir médical.
La revendication opiniâtre d’un « droit à mourir», est à cet égard assez révélatrice de la distanciation d’avec les valeurs du soin et de la forte tendance, de nos sociétés désormais régies par une « éthique du désir » très individualiste, à instrumentaliser les soignants.
Cette évolution est incontestablement génératrice de souffrances pour les personnes abandonnées à la toute puissance de leurs désirs dégradés en envies, au dictat de l’opinion publique et à la faillite de l’espérance.
Le professionnel de santé, quant à lui, doutant de plus en plus du sens de ses actions et de sa propre identité est de plus en plus menacé d’épuisement professionnel. A l’inévitable exposition à la souffrance d’autrui, s’ajoutent l’ébranlement du sens, la défaillance des valeurs du soin, et l’ambivalence d’une société, en carence de lien relationnel, et de moins en moins étayante pour les personnes.


Soigner en conscience s’avère donc de plus en plus un véritable défi. Dans un contexte sociétal favorisant l’abrasion des consciences et la déshumanisation des rapports interpersonnels, les soignants, ont la responsabilité morale d’attester par leurs pratiques des valeurs véritables du soin, pour être fidèles à l’appel à répondre de l’autre en respectant sa véritable autonomie.

 
Eliane Catorc
Unité de soins palliatifs
Hôpital Clarac
CHU de Fort de France
Martinique
Soigner en conscience

http://charlescatorc.unblog.fr/files/2011/03/soignerenconscience.pdf


mercredi 15 février 2012

Sapotille et Corossol






Sapotille et  Corossol

Ma Sapotille,

Je voulais tant venir vous voir avec un bouquet d’hibiscus  à la main pour la Saint Valentin. Je tremblais de sentir ce baiser que vous aviez jusqu’à présent emprisonné  mais que vous auriez  souhaité tant libérer.

Je voyais déjà  la Soufrière , dénudée de ces nuages  pour rester immobile  car séduite par la combustion qu’elle allait ressentir elle-même dans  ses propres entrailles. Elle laissait tout de même échapper quelques fumées blanches montrant sa discrète ébullition.

 Je m’imaginais les contractions que pouvaient provoquer sur votre ventre impatient votre désir de me posséder moi aussi sans jamais  me l’avouer. Chaque fois que vous me disiez que vous ne m’aimiez point, votre cœur vous trahissait  par une accélération. Tout était  une question de rythme cardiaque.

 Je finissais par en avoir des échos, quand dans la nuit nos âmes s’asseyaient sur les bancs publics de la  place de l’église. Là vous étiez dépouillée et vous vous amusiez sur moi à califourchon. Vous m’enlaciez le cou et me caressiez la tête. Vous chuchotiez à mon oreille qu’après Dieu, vous  n’aviez qu’un seul amour et que vous prendriez le temps de le déguster à petite dose  comme un corossol moelleux et sucré.

Je vous avais déjà trouvé cette robe fleurie qui ressemblait à celle  de ma grand-mère. Je sais bien que allez me traiter d’enfant gâté. Ma Sapotille, je vous adore mais, s’il vous plaît, veuillez chassez de votre esprit toute mauvaise pensée sur l’éducation et l’amour qu’a su me donner Man’Nor. Je comprends… vous ne supportez point cette concurrence affective. Pour vous rassurer, elle habite au cimetière depuis bien longtemps.
« Vous vous  trompez. Je l’aime votre grand-mère. Elle a introduit chez mon  tigre du Bengale de la tendresse qui me fait me fondre, avant même qu’il me dévore quand je le veux ».

 @ 2012  Alex  J. URI Ma Sapotille, Sapotille et Corossol

15 février 2012

lundi 13 février 2012

Le roi



 
Le  Roi

Je suis tout-puissant
On a voté pour moi
C’est moi, avec la sacro-sainte majorité,  qui ai gagné.
Je ne reconnais  plus  les visages  qui défilent devant moi
Qu’ils fassent des sourires ou des grimaces,
Je suis le roi.
Une espèce à part
Qui prend toujours sa part,
Qui a toujours sa cour
Devant qui il faut arriver tête basse.
Je suis l’empereur qui ne dit pas son nom
Je suis le Président-directeur général de toutes  les entreprises
J’ai le droit de vie et surtout celui de mort lente sur votre carrière.

Alex J. Uri
29 janvier 2012

L'abreuvoir


L’abreuvoir

Le soleil se couche. La tristesse s’installe
Elle arrive arrimée de solitudes
Avec sollicitude. Par habitude
Elle colle à votre peau comme une éristale.

Mes paupières trop fatiguées  me trahissent.
Persiennes de mon âme,  elles laissent entrevoir
Le corps de ma bien-aimée dans un abreuvoir,
Une beauté noire avant qu’ils l’envahissent.

         Ô douleur ne la rappelez plus sans gêne        .
Seul l’amour immaculé peut ressusciter
De la chair sans âme et sans oxygène.

Une gloire affiche ainsi sa  duplicité
  Avec une dépouille  sempiternelle,
cherchant la paix et la  lumière éternelles.



Alex J. URI
12 février 2012




jeudi 9 février 2012

Désir




Désir

Je sens jaillir de vous la flamme du désir.
Même l’eau remonte sa température
Cheveux emmêlés sortant des écritures
Une déesse comme vous trouve son plaisir.


Alex J. URI
8 février 2012

Colloque bioéthique 2011 Communauté d'Emmanuel




10ème colloque de bioéthique à Paray-le-Monial ( 11 au 13 novembre 2011)
Communauté d’Emmanuel



Dans leurs ateliers, les intervenants  sont revenus sur le thème de la révision  des lois de bioéthique, sujet  qui pourrait  refaire surface au moment des campagnes électorales à venir. Dans un atelier animé par  Cecile Bonavia, professeur d’éthique à l’IPC  à Paris (Facultés libres de Philosophie et de Psychologie) et chargée de mission à la Fondation Jérôme le Jeune, la législation française en matière de bioéthique depuis la loi votée l’an dernier a été passée au peigne fin. Madame Bonavia a proposé un bilan sur les changements majeurs de la loi révisée pour la deuxième fois. Elle a également  effectué un décryptage des enjeux anthropologiques  et  éthiques des thèmes emblématiques de cette bataille parlementaire : le diagnostic anténatal, la recherche sur l’embryon et l’assistance  médicale à la procréation.

  1. La recherche sur l’embryon

Le vote a été en faveur de l’interdiction de la recherche sur l’embryon assortie de dérogation. Le maintien de ce régime d’interdiction a une portée symbolique. Il est clairement dit dans la loi que l’embryon  n’est pas un  matériau de recherche comme les autres, ce qui avait suscité de débats très animés sur les bancs du Parlement.
 Les arguments pour une libéralisation  étaient plus économiques que scientifiques. Aujourd’hui l’assouplissement des conditions de dérogation donne lieu à une instrumentalisation de  l’embryon humain dont le statut est sujet à interrogations. Pour l’instant, la pensée dominante reconnaît qu’il s’agit d’un organisme vivant appartenant à l’espèce humaine. En revanche, un changement de mentalités s’opère par le biais de dérogations   moins contraignantes. Ainsi, on ne parle plus de «  progrès thérapeutiques majeurs » mais de « progrès médicaux majeurs » pour faire tomber les restrictions.
La loi a été votée mais les enjeux politiques demeurent. L’opposition a averti qu’en cas de retour de la gauche au pouvoir, l’autorisation de la recherche sur l’embryon passerait.


  1. L’assistance médicale à la procréation (AMP)
Les enjeux étaient connus. Il s’agissait de la vitrification ovocytaire (congélation ultrarapide des ovocytes) et de la constitution de deux stocks (l’un d’embryons, l’autre d’ovocytes). Les questions éthiques se révèlent épineuses  en particulier sur le problème de l’AMP avec un don de gamètes garantissant l’anonymat (ceux qui donnent ne veulent pas se retrouver avec  des enfants multiples  qui  vont revendiquer leur paternité biologiques, or  la recherche des ses parents est somme toute légitime, le désir de procréation assistée aussi.). La création de stock d’ovocytes peut conduire à des dérives. Elle pousse les jeunes femmes  à donner mais aussi et surtout à vendre leurs gamètes, or c’est une opération médicale lourde et éprouvante.


 3-
Diagnostic  prénatal (DPN)

Les médecins ont désormais l’obligation d’informer toute femme enceinte de la possibilité de
Recourir aux examens de diagnostic prénatal. La systématisation du  DPN « augmenterait  les risques de dérives eugéniques.  Aujourd’hui, 96 pour cent des  enfants trisomiques dépistés sont avortés. » Dans ce contexte, le médecin perd un peu sa liberté de prescription.  Certains points de la loi sont perçus de manière positive. Tout d’abord, la proposition d’une liste d’    associations spécialisées dans l’accompagnement  des personnes handicapées et leurs parents  en cas de risque avéré. Ensuite, la demande d’un rapport sur l’attribution de fonds publics pour la  recherche  notamment concernant les maladies  cytogénétiques.

Toutes ces questions de bioéthiques semblent  pouvoir, à tout moment, revenir à la une de l’actualité par le biais de l’euthanasie, le mariage homosexuel, le bricolage procréatif et l’introduction de cette option de conscience dans la prise de décision du personnel scientifique et médical .

14 nov. 11
Alex J. URI
Rédacteur en chef
Direction Régionale
Information France Télévisions

Cindy LAUPEN-CHASSAY ateliers de la bioéthique

 





Cindy LAUPEN-CHASSAY, Professeur de biologie  
  by Alex J. URI Rédacteur  en chef,
 direction régionale de l’Information France Télévisions
Cindy  LAUPEN- CHASSAY  est  professeur de Biologie dans l’enseignement secondaire et supérieur.
Elle intervient notamment  au Collège Lycée Stanislas de Paris et dans une école préparatoire aux concours médicaux et paramédicaux.
 Sa  vie associative illustre bien ses différents engagements. Elle est  Présidente Fondatrice des Ateliers de la Bioéthique.
Elle est  Membre permanent des Etats généraux de l’Outremer et marraine de Réussite cité 93 qui œuvre
 dans l’accompagnement scolaire et social des collégiens. Ses nombreuses interventions montrent qu’elle  est
très  attentive aux faits d’actualité économique et scientifique. Elle est d’ailleurs très active dans  les réseaux sociaux.
1-Alex J. URI  De quoi parle-t-on quand on utilise les mots  « biotique  et bioéthique ? Je m’adresse là à  la Présidente des Ateliers de la Bioéthique.

 Cyndy LAUPEN-CHASSAY -Ces deux termes ont la même source étymologique « bios » (‘la vie’). Pour ma part, on parle de biotique, adjectif très générique, pour qualifier toutes les interactions qui existent entre les êtres ou la matière vivante. On pourrait presque dire que l’analyse des facteurs biotiques (l’homme sur les végétaux, par exemple) est la base de la réflexion et des préoccupations écologiques.

La bioéthique s’intéresse, quant à elle, plus précisément aux enjeux éthiques et moraux de recherches ou de pratiques scientifiques, médicales,... comme les biotechnologies ou encore le génie génétique, impactant ou manipulant le monde du vivant. La sensibilisation dans ce domaine est l’un des fondements de notre association « les ateliers de la bioéthique »

2- AJU-   Votre cursus universitaire  vous a-t-il  rendu plus sensible  aux enjeux de la bioéthique ?
CLCH – En effet, mon cursus universitaire était déjà très orienté sur la recherche scientifique en biochimie et en biologie (Maîtrise en biochimie et DEA en biologie et santé). C’est cette appétence qui a déclenché par la suite mon intérêt au questionnement bioéthique.
De plus, j’étais relativement frustrée de constater que les problématiques bioéthiques, qui reviennent de façon sporadique dans l’actualité quotidienne, sont souvent traitées de façon événementielle et nous laissent démunis face à une suite de questions ouvertes. Deux minutes de reportage au journal télévisé ne suffiront jamais lorsqu’il s’agit de transmettre toutes les clés pour aborder les enjeux d’un débat bioéthique. Cela m’a donné l’envie de m’impliquer  sur le sujet.

3-AJU  Bien évidemment, deux minutes de reportage dans un journal télévisé c’est peu mais à la fois beaucoup si on veut appeler l’attention des téléspectateurs  sur des priorités à un moment  de grande écoute. Les  talk shows et les autres émissions sont là pour prendre le relais. Cela dit,  la problématique bioéthique  est-elle  de nature à interpeller tous les scientifiques ?



CLCH- Si l’on considère que la plupart des sciences peuvent avoir un impact direct ou indirect sur le vivant, j’estime que la majorité de la communauté scientifique peut se retrouver, un jour ou l’autre, face à une problématique bioéthique.
Il faut également insister sur le fait que la bioéthique dépasse le cadre de la déontologie ou des codes éthiques de certaines professions. Pour être pertinente dans son approche, elle doit aussi impliquer les réflexions et les analyses de spécialistes non scientifiques (juristes, philosophes,…).



4-AJU.  A quoi servent ces ateliers de bioéthique ? Voulez-vous former des spécialistes chez les citoyens ou tout simplement  renforcer une certaine vigilance sur ces questions ?
CLCH. De façon modeste, nous suivons un objectif pédagogique. Nous souhaitons apporter au plus grand nombre des outils et une sorte de méthodologie pour aborder les réflexions bioéthiques : veille sur les innovations médicales et biotechnologiques (dont une partie passe inaperçue dans le flot quotidien des actualités), documentation, prise de connaissance d’analyses et de positions diversifiées pour que chacun puisse se construire une opinion fiable et éclairée.
Pour exemple, un récent sondage, mené par OpinionWay auprès de 1.000 personnes, montre que le dispositif lié à l’encadrement de la fin de vie est encore mal connu du grand public: 68% des Français «ne savent pas qu'il existe une loi interdisant l'acharnement thérapeutique», et globalement plus d'un sur deux (53%) s'estime «insuffisamment informé sur les soins palliatifs».

5- Quelles sont les passerelles  entre le scientifique, le politique et la société civile  dans cette  réflexion bioéthique ?

CLCH-Nous avons à faire à une chaîne de responsabilité dont les décisions et actions de chacun construisent le cadre bioéthique dans lequel nous vivons.
La communauté scientifique apporte de nouvelles possibilités en matière de pratique médicale ou d’innovations biotechnologiques. La société civile intervient à son tour pour exprimer avec force des besoins issus de problématiques sensibles auxquelles elle est confrontée. Les politiques, eux, ont en charge la lourde tâche de réconcilier besoins et solutions dans un dispositif législatif permettant d’éviter le maximum de dérives.

La réflexion bioéthique doit pouvoir apporter un éclairage dépassionné auprès de chacun de ces acteurs et contribuer ainsi à définir le chemin à emprunter, balisé avec les repères les plus justes et pertinents possibles.

6- AJU-Le principe de précaution est souvent mis en avant pour prévenir des risques potentiels ? Est-il efficace dans le cadre de la bioéthique ?
CLCH. En bioéthique, il existe deux piliers sur lequel peut s’appuyer le principe de précaution : la prévention des risques, lorsque l’innovation ou la nouvelle pratique fait courir un danger pour autrui, et la réflexion morale, autrement dit les limites éthiques à ne pas franchir. D’ailleurs en France, les avis du CCNE (Comité Consultatif National d’Ethique) font souvent référence aux principes de scientificité (condamnant les manipulations risquées n'ayant pas de fondement scientifique) et de respect de la dignité de la personne humaine
Lorsqu’il est envisagé dans le domaine de la bioéthique, le principe de précaution doit être appliqué de façon suffisamment raisonnable pour être efficace dans la protection qu’il apporte à tous et éviter un étranglement de la recherche scientifique sans laquelle aucun progrès de la médecine moderne ne serait possible. C’est ici que réside toute la difficulté de son exercice.




 7- Alex J.URI  Le contexte international, est-il  un atout ou un handicap  pour maintenir un cadre bioéthique ?
Cindy  LAUPEN CHASSAY-Il faut reconnaître que sans partage de texte de références commun ou sans accords internationaux, les politiques nationales ne peuvent garantir à elles-mêmes un cadre bioéthique applicable intégralement à l’ensemble de leurs citoyens. Je pense que la pression internationale peut être un véritable atout pour harmoniser et élargir l’application de certains principes éthiques liés aux recherches scientifiques et aux nouvelles pratiques médicales.
Le 19 octobre 2005, l’UNESCO a publié une déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme. Le 19 février 2009 a eu lieu la première réunion du dialogue international sur la bioéthique de la Commission Européenne. Les choses se construisent peu à peu…

8-AJU-La question de la révision des lois bioéthiques est-elle toujours d’actualité ? Peut-on s’attendre à d’autres changements après l’élection présidentielle? 
CLCH-Il est vrai que le processus normatif ou législatif n’a pas le même rythme que l’évolution des progrès scientifiques mais il est indispensable.
Lors de la dernière révision des lois de bioéthique qui a eu lieu en 2011, des thématiques importantes telles que le diagnostic prénatal, la recherche sur les embryons et l’assistance médicale à la procréation furent discutées et ont mis en exergue toute la difficulté de trouver un consensus sur ces sujets épineux qui reflètent l’évolution d’une société.
D’ailleurs, de nombreux sondages indiquent que le questionnement des citoyens est permanent.
Un des sujets récurrents est celui de la fin de vie et par voie de conséquences de la légalisation ou non de l’euthanasie en France.
Actuellement, la loi LÉONETTI de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie dispose que le médecin a pour mission de sauvegarder la dignité du mourant et d'assurer la qualité de sa vie en dispensant les soins palliatifs. A la demande du patient, elle autorise les équipes médicales, conformément au code de déontologie, de ne pas poursuivre des actes et traitements par une obstination déraisonnable.
Ceci semble être contesté par la gauche qui souhaiterait légaliser l’euthanasie afin
« que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander (…) à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».
Pour le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy « l'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à nos conceptions de la dignité de l'être humain ». 
« La loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie ».
Nul doute que l’élection présidentielle à venir s’emparera de tous ces sujets.
C’est pourquoi notre mission d’information est primordiale. La réflexion bioéthique se doit d’être proactive, attachée à la veille en portant une attention particulière aux travaux scientifiques exploratoires. Lorsque qu’un nouveau sujet arrive à maturité devant la place publique, le questionnement bioéthique devrait déjà avoir apporté un certain nombre de clés de compréhension, aux citoyens et aux politiques.





Le baiser de la lune O beijo da lua







Le baiser de la lune

 Je vous ai rencontrée quand je n'avais ni père ni mère.
La tristesse se frottait les mains et s'approchait de moi.
Levant les yeux au ciel, vos bras devinrent des ailes.
Volant à mon secours, nous  voilà dans les airs
et la  Lune qui sourit, jalouse ce  baiser tropical.
Alors, vos yeux m’enveloppèrent d’une joie instantanée.
Tristesse, ne reviens pas !
Tendresse et moi, nous avons collé nos corps
Nos âmes se promènent dans la lumière
Va  donc t’endormir dans tes ténèbres !
Nous allons apprendre à rire et à pleurer ensemble.
Ô douleur ne rôde pas autour de ma Tendresse.
Je suis le Volcan qu’elle veut entendre.
Mes yeux ont le feu qui fait d’elle un brasier.
J’ai en moi le magma pour les coulées de laves.
Elles  vont nous déchirer  pour mieux nous recoller.
Alex J. URI  9 février 2012

ETNA, Sicile   Italie



La Soufrière, Guadeloupe


O beijo da lua

Eu o conheci quando eu não tinha pai nem mãe.
Tristeza esfregou as mãos e se aproximou de mim.
Olhando para o céu, seus braços se tornaram asas.
Voando em meu auxílio, estamos no ar
ea lua está sorrindo, tropical beijo que ciumento.
Então seus olhos me envolveu em uma alegria instantânea.
Tristeza, não volte!
Ternura e eu, nós furamos nossos corpos
Nossas almas estão andando na luz
Vá dormir em sua escuridão!
Vamos aprender a rir e chorar juntos.
O sofrimento não rondando minha ternura.
Eu sou o vulcão que ela quer ouvir.
Meus olhos estão em fogo tornando-se um incêndio.
Eu tenho dentro do magma de fluxos de lava.
Eles irão nos rasgar a melhor pick-nos.

lundi 6 février 2012

Le bonheur du fromager


Le bonheur du fromager

Mon Fromager,
cela fait longtemps que tu accompagnes ma tristesse. Tu m’as donné des oreillers et des matelas pour pleurer. Je me suis accrochée à tes racines  démesurées pour ne pas tomber. Comme une ingrate, j’allais même me débarrasser de toi  pour l’oublier à jamais. Tu me vois ? Aujourd’hui, je suis en larmes mais des larmes de bonheur. Après trente ans , je l’ai retrouvé, mon Alexander !  Il est comme un alizé qui me donne de la fraîcheur dans une robe qui me colle à la peau car  mon émotion transpire. Il a fait ce long voyage comme un pèlerinage pour que je sois sa noix de coco qu’il voudrait décrocher pour se désaltérer. Je me rappelle encore sur la plage, nos corps s’effleuraient à peine que les feuilles des amandiers et des cocotiers retenaient leur souffle. Mes lèvres frissonnaient. Son regard insolent et plein de désir m’enveloppait avec gourmandise. Surprise par tant de hardiesse, je répondais timidement  tapie  sur le ventre comme une lionne. Ce tigre du Bengale approchait lentement et sûrement sur une proie qui l’attendait. Le plaisir était déjà là. Je le sentais comme des laves incandescentes prêtes à jaillir de ce cratère.
Un sentiment étrange, violent, inattendu et merveilleux  m'envahit toute entière. C’était quoi ?
Une secousse tellurique nous propulsa dans une étreinte compulsive. Au loin,  la montagne qui fumait déjà se libéra de son magma.   Alex J.URI @2012 Les aventures de Tendresse et de Volcan, le bonheur du fromager