vendredi 8 novembre 2013

Catherine VAUDAINE, Guadeloupéenne et médium


Catherine VAUDAINE
 Guadeloupéenne et médium





Alex J.URI -Catherine VAUDAINE, vous êtes née à Saint Claude en Guadeloupe et vous  êtes médium, dans une île où de manière traditionnelle, on parle de gadè zaffè. Qu'y a-t-il de commun avec cette dernière fonction qui, il est vrai, recouvre beaucoup d'activités depuis la période esclavagiste ?
 

Catherine VAUDAINE médium.-Merci pour votre question qui soulève un vaste sujet de recherche et d'étude pour qui veut être honnête face à nos sociétés traditionnelles et ses connaissances. Nous savons de par l'histoire de l'esclavage, qu'indiens et africains ont apporté leurs pratiques religieuses, leur cultures, leur langues et sont unis par un caractère animiste, fétichiste de leurs croyances. Par médium ou gadé zaffè, beaucoup de nos contemporains, par honte, déni, complexe identitaire, manque d'intérêt ou manque d'information, se cachent, refoulent, jugent, ou répètent ce que la religion officielle a rendu clandestin, faisant de nos ancêtres et de leur connaissances instinctives, des débiles impuissants, sans pouvoir personnel, sans même accepter l'idée qu'ils devraient étudier par eux-mêmes les lois de la Nature et s'instruire d'une discipline avant d'en parler, procédé élémentaire à la démarche scientifique !... Que l'on parle de médium ou de gadè zaffè, nous déclarons ici que nous appartenons à un héritage ancestral, révélant sa raison d'être face aux grandes questions spirituelles que l'homme affronte depuis la nuit des temps et encore de nos jours, apportant dans le meilleur des cas, réflexion, écoute, soutien, réconfort et réponse à différents niveaux et par différentes pratiques. Il faut ajouter à cela que nous avons beaucoup de chance de vivre dans un siècle où malgré tout les mentalités changent et où les sciences quantiques, par de nombreuses études viennent bousculer ce que nous croyons savoir. Je reste convaincue que notre Créateur lui même, participe fortement à ce que l'on "regarde nos affaires" plus que jamais, ne serait-ce pour réviser nos théories mettant en cause la capacité de l'esprit humain sur la matière, notre capacité de création et y trouver quelque discernement !

A J. URI- Ces pratiques nous laissent souvent à la fois sceptiques mais dans le temps, elles aiguisent notre curiosité. C’est vrai  par les temps où on est sûr de rien, les gens cherchent  quelques clés pour comprendre ou même tenter de maitriser leur  destin, ou tout simplement se rassurer. Qu’est ce qu’un médium ?

Catherine VAUDAINE-Prenons cette base et ouvrons notre dictionnaire. Que dit-il? "Personne capable de percevoir, par des moyens apparemment surnaturels, les messages des esprits des défunts et de servir d'intermédiaire entre les vivants et les morts.Personne douée de talents paranormaux." Est-ce que ça vous parle ?
Pour bien comprendre et bien s'orienter dans ses choix, il faut d'abord reconnaître qu'il n'y a pas une seule forme de médiumnité mais DES médiumnités. Que chaque médium a aussi ses limites. Peut-être que vos attentes risquent de  pas  être en relation avec les médiums que l'on vous conseille. Nous avons tous nos spécialités que l'on nomme "phénomène psi" qui regroupe toutes les communications non conventionnelles (extrasensorielles) mais aussi toutes influences de l'esprit sur la matière : la clairvoyance ( la précognition et la rétrocognition), la vision à distance, la clairaudience, la clairsentience, la télépathie, la psychométrie mais aussi la télékinésie et la micro psychokinèse (observée dans des phénomènes de guérison).

3-Alex J. URI  Un don va-t-il de pair avec une rétribution  dans un domaine où c’est difficile a priori  d’évaluer l’expertise affichée ?

-Catherine Vaudaine médium. Quant à l'éternelle question du DON et de sa rétribution, faut-il encore savoir reconnaître ce que la vie elle-même nous donne ! Certains reçoivent des DONS artistiques, d'autres sont doués pour les mathématiques ( ce que je ne suis pas !), doués en performance sportive etc... Mais tous, y compris les médiums, doivent étudier, apprendre, s'exercer, entretenir. Ce n'est pas magique ! Tous les génies ont été inspirés par la vie elle-même et ont travaillé dur. La suite est facile à comprendre, l'argent est la capacité de reconnaître la valeur de la vie et de ses DONS, il est énergie de création et d'évolution. Si l'argent est un problème pour certains, qu'ils voient où ils divisent la vie et les hommes, pour prétendre les placer dans la non-vie...Une rétribution convenable, permet de remettre à leur juste place tous les abuseurs qui, mine de rien, font le jeu de l'égo, vous rendent dépendant (pour celui qui n'a fait aucun travail sur lui et Dieu sait s'il y en a des sauveurs qui donnent tout gratuitement !), vous prennent votre énergie, votre temps, (pour ne rien en faire !). J'ai longtemps participé à cette complicité, mais grâce à ces personnes j'ai beaucoup appris ! Gratitude

mercredi 6 novembre 2013

"la médaille du déshonneur"2/3

Alexander & Teresa (saison 02) by Alex J. URI


Moi, comme beaucoup d’autres jeunes des années 50, je voulais décliner la justice et les droits de l’homme et…du citoyen à toutes les sauces. La période des élections s’accompagnait d’effervescence. J’étais imprégné des principes démocratiques jusqu’au moment où j’avais compris que les morts faisaient souvent la différence, quand la bataille faisait rage et que tout le monde se détestait, sauf à la messe du dimanche. La bénédiction terminée, les commérages reprenaient…et on parlait des défunts qui pourraient accomplir un devoir civique le jour du scrutin.
On les ressuscitait avec leur procuration donnée, bien sûr, avant d’avoir fermé les yeux. Ils votaient pour s’opposer, surtout quand les résultats penchaient en faveur du nègre trop intelligent et trop révolutionnaire. Il fallait garder en place celui qui ne faisait pas trop de vagues et qui était bien vu « là bas ».
Lors de la Toussaint, fête très illuminée avec des bougies, j’allais sur la tombe de ma grand-mère à l’ombre de quelques filaos languissants. Je prenais un tabouret pour m’assoir car nous allions reprendre nos conversations interminables sur la départementalisation. A l’époque, je n’avais jamais bien compris ce que cela représentait, parce que les îles autour de nous n’avaient pas connu ce statut et personne n’en n’était mort. Ma grand-mère et moi, nous avions plus de 75 ans de différence. Pour lui parler, je prenais trois dictionnaires, latin, français, anglais. Elle s’amusait de mes certitudes livresques et elle me disait toujours que de consulter le « dictionnaire qui est en toi » pour comprendre.
Alors, j’ai observé que tous ces grands mots signifiaient qu’on n’allait pas crever sans aller à l’hôpital ou encore qu’on pouvait se rendre à l’école sans que les chiens aboient comme dans le Sud des Etats Unis. J’ai constaté que les élèves « de couleur » pouvaient trouver chaussures à leurs pieds, avoir le tableau d’honneur, être forts en « calcul », recevoir des prix d’excellence, aller à la distribution des prix mais aussi et souvent aller mourir pour la grandeur de la France. Notre cousin Gilbert était parti la fleur au fusil en Algérie et on l’avait ramené couché dans une belle caisse bien vernie avec la légion d’honneur. J’ai cru comprendre qu’il faisait partie des dégâts collatéraux de la décolonisation. Il a tout de même eu des funérailles « nationales » dans la petite commune.
Les filaos chuchotaient dans le cimetière et répandaient les paroles d’un tambour qui s’exprimait de la rivière en contrebas. Je fermai les yeux et je vis Maman Nor, habillée de son costume traditionnel, qui dansait...
AJU

"La médaille du déshonneur"

 Alexander &Teresa (saison 02)


La médaille du déshonneur 1/3


« Les rêveries tropicales d’Alexander »
Alexander & Teresa (saison 02) by Alex J. URI

« Toute ressemblance avec des évènements ou des personnes ayant existé ne serait que fortuite et pure coïncidence ».

« Tous ceux qui gouvernaient de fait et qui faisaient la pluie et le beau temps dans les îles étaient présents à cette cérémonie ou y avaient délégué un représentant. Le buffet se distinguait par son allure présidentielle. Un haut fonctionnaire qui aurait pu être le fils métis d’un Président africain officiait. Il faisait le panégyrique d’un homme qui, pourtant, se vantait d’être plus important, plus influent que tous les élus basanés de ces territoires là. En face de lui, cet homme le regardait d’un air triomphant mais écoutant les mensonges que lui-même avait écrits.
Le prix de son costume valait la bourse annuelle d’un étudiant ou pouvait nourrir plusieurs familles nombreuses sous les tropiques. Il savait que je ne supportais pas l’indécence de son attitude mais Il avait l’assurance que je ne pouvais pas en faire état,sans risquer des représailles. Je me demandais pourquoi il m’avait fait inviter à cette mascarade. Finalement, j’ai réalisé que mon absence aurait suscité des interrogations chez ses invités, triés sur le volet. Elles auraient pu entacher le vernis démocratique et pluriel de sa réunion festive. Je sentais l’argent à tous les coins de la pièce et je repérais les traces de la richesse mal acquise, un peu comme quand on couche avec sa servante sans avoir le temps de se rhabiller convenablement.
J’étais assis au fond de la salle de l’hôtel et dans mon champ visuel, il y avait des coupes de champagne qui pétillaient et débordaient. Les bulles babillaient dans les verres en cristal comme si elles se racontaient une histoire qu’elles n’arrivaient pas à terminer. Curieusement, elles avaient la faculté de se la transmettre avant qu’une main gourmande vienne se saisir du verre pour le porter à des lèvres impatientes. Pendant que certaines venaient tapisser l’estomac voir la panse de ces messieurs de la plantation, d’autres, posées sur la table, transmettaient l’information pour qu’elle arrivât sur les bonnes papilles.
Je ne sais pas si mon père était mort d’avoir ingurgité un pesticide, ce poison à faible dose mais le produit utilisé dans les bananeraies, lui avait contaminé les organes puis ses viscères avaient implosé.
Vous me direz qu’il avait respiré du gaz dans les tranchées, tout cela pour des libertés qu’on affichait mais dont il n’avait jamais eu le temps de jouir. Sur ce dernier point, Il expliquait que les réflexes de l’économie de plantation avaient marqué les esprits. Expression élégante pour dire que l’esclavage, bien qu’aboli, avait laissé de terribles séquelles dans le développement durable des ex-colonies et de leurs populations « départementalisées … ».