« Plage »
Dans les bananeraies, j’entends chuchoter les feuilles. Les bananiers ont souvent les bras levés vers le ciel. Fragiles à l’onde tropicale la plus capricieuse, ils implorent tous les dieux pour se protéger des vents qui les désarticulent. Leurs tiges altières déploient en spirale des feuilles droites et retombantes bercées par un alizé, courtisan assidu et facétieux. Du haut de la colline, je vois onduler une sorte de chevelure verte qui se fond dans la crinière frisée de mer des Caraïbes.
Comme tu as souvent le don de tutoyer la nature, tu m’as toi-même proposé de me faire caresser par les flots argentés et de voir à la fois mourir et ressusciter à mes pieds les écumes de la mer.
Près du volcan, tu m’as dit que tu voulais te transformer en une plage pour m’accueillir. Puis-je donc venir sur ta « plage » toucher les galets, mettre ma joue sur ton sable afin de mieux évaluer les origines minérale et organique de cet espace ? Bien évidemment, ton pseudonyme évoque de nombreuses images de détente et de plaisir mais aussi d'horizon et de profondeur.
Une plage est par essence ouverte et en général accueillante et apaisante. Les plages sont souvent naturelles mais elles peuvent être aussi artificielles. Alors, il s'agit de bien les sonder pour mieux les sentir, égrener le sable avec ses doigts. Sentir sa main, ses doigts s'enfoncer dans le sable donne l'impression de pénétrer la nature et de pouvoir la modeler. Avec le sable sur la plage, on peut en marchant avoir le geste auguste du semeur. L’essentiel est de semer le bon grain là où il y a la bonne terre. Après m’être saupoudré de ton sable ambré et scintillant, je voudrais plonger avec toi dans la mer qui m'attend.
Je suis un « red snapper » un Vivaneau. Il paraît qu’une femme câpresse a accouché d’un enfant portant une tâche rouge sapotille en forme de vivaneau. C’était la marque d’un désir insatisfait pendant sa grossesse. Un jour, elle a attendu en vain à déjeuner son mari et n’a pas eu ce même jour, à cause du mauvais temps, des vivaneaux qu’elle désirait tant manger avec une sauce pimentée . Le désir a donc laissé une empreinte durable sur le corps du bébé. Le vivaneau est un poisson rouge d’Afrique et des Antilles qu’on peut manger en grillade, en papillotte, en blaff . Je te donne la recette d'un court-bouillon à l’antillaise. A l’image cette Antillaise, tu pourras rêver de me déguster et m’avoir en toi. Ah ah ah ! ah ah ah !
Fais mariner (dans un mélange de jus de citron, de piment, d'ail, de sel, de poivre et d'eau) le poisson bien nettoyé et coupé en morceaux pendant une bonne heure.
Fais mariner (dans un mélange de jus de citron, de piment, d'ail, de sel, de poivre et d'eau) le poisson bien nettoyé et coupé en morceaux pendant une bonne heure.
Dans une casserole, fais revenir dans un peu d'huile les cives, l'oignon émincé, le persil finement haché, le thym, les tomates épépinées et coupées en quartiers et colore avec du beurre rouge ou du concentré de tomates.
Ajoute une cuillère à soupe de farine et remue vivement, mouille d'un demi verre d’eau.
Ajoute une cuillère à soupe de farine et remue vivement, mouille d'un demi verre d’eau.
A la première ébullition, ajoute le poisson, arrose avec quelques cuillères de jus de la marinade et recouvre d'eau. Laisse à feu doux environ vingt minutes
En fin de cuisson, ajoute deux gousses d'ail écrasées, le jus de deux citrons, du sel, du poivre et du piment à ton goût. Nous sommes en fin de cuisson. Tout cela est très bon. Ce poisson ira donc dans tes profondeurs insondables.
En fin de cuisson, ajoute deux gousses d'ail écrasées, le jus de deux citrons, du sel, du poivre et du piment à ton goût. Nous sommes en fin de cuisson. Tout cela est très bon. Ce poisson ira donc dans tes profondeurs insondables.
-« Alejo, j'ai choisi la plage car c'est un espace de liberté je m'y sens heureuse et les horizons, celui que je vois là bas et celui qui est en toi me ravissent. C’est aussi cela les vacances »
-« Plage , il ne me reste plus qu’à te demander de devenir sirène pour que, par un coup de baguette magique, mes rêves se muent en réalités. »
Je quittai Plage et j’ai eu un tête à tête avec bananier. « Je suis une plante du paradis perdu » me dit-il. « En moi, il y a tout ce qui est beau, fragile et instable. Ma tête meurt après avoir donné son fruit mais je me reproduis par les pieds et je refais ma tête ». Le bananier me rappela son secret d’éternité et que, par Boudha , il devint le symbole de la vanité des biens.
© 2011 Alex J. URI « Plage »