Grégory ALCAN,
une minorité acrobatique
à la recherche d’un tremplin
Gregory ALCAN, né le 21 août 1979, à Gonesse dans la banlieue nord de PARIS,a des racines
martiniquaises à Schœlcher et au Marin. Il a
comme beaucoup d’originaires
d’Outre-mer vécu dans l’hexagone et a connu les difficultés
d’insertion des populations ultramarines. La gymnastique aérobic lui a permis de trouver la force, le
rythme et une certaine vision du monde pour contourner ou affronter les
obstacles que constituent les préjugés et les discriminations, excluant les
minorités. Gregory a été le premier gymnaste aérobic français à avoir remporté le titre de
champion du monde (2004). Je l’ai
retrouvé au petit-déjeuner business organisé par Jennifer PELAGE , la
présidente d'origine mauricienne « d’ Agir Ensemble » sur le thème
« l’entrepreunariat des jeunes dans les quartier populaires. Il est
fondateur et directeur technique de l’Association ISENZO , un terme zoulou qui signifie
« Action ».Rédacteur en chef à FÔ-RFO il y a quelques années, je me souviens du travail de
nos équipes de journalistes sportifs
couvrant ses nombreux exploits depuis
2005.Licencié du SCA 2000 EVRY , Gregory ALCAN a été récompensé à plusieurs
reprises par l’ancien maire d’Evry , Manuel VALLS, l’actuel premier ministre.
Les responsables politiques et les instances sportives martiniquaises
voudraient également offrir un tremplin à cette minorité acrobatique dans l’île natale de ses parents.
AJU
Gregory
ALCAN- Je suis né à Gonesse, j’ai grandi à Villiers -le
–Bel. J’ai grandi dans une famille monoparentale de 6 enfants qui ont tous
pratique une activité physique de performance. En effet, un de mes frères,
Arius FILET a été un des meilleurs
triples sauteurs mondiaux (record de la Francophonie) et ma petite sœur
Chrystelle ALCAN a décroché une médaille
d’argent aux jeux mondiaux et a été à de nombreuses reprises championne de
France ensemble en gymnastique rythmique. Nous avons représenté la SCA 2000 d’EVRY
et souvent été récompensés par
l’ancien maire d’Evry Manuel VALLS, actuel premier ministre français.
Alex
J. URI-Votre palmarès dans la gymnastique aérobic serait,
semble-il, impressionnant. Est-ce que vous vous y attendiez quand vous avez
débuté ?
Gregory
ALCAN-Avant de pratiquer la gym aérobic, j’étais un
gymnaste de performance aux agrès (championnat de France et division nationale) et donc
conditionné à la pratique de haut niveau. Quand l’entraineur national de
gymnastique aérobic m’a sollicité pour intégrer l’équipe de France au sein de
la Fédération Française de Gym, j’ai su que j’avais le potentiel pour aller
décrocher le top niveau international.
En effet, au regard des expériences et des
compétences physiques, psychologiques
et artistiques requises, j’étais conscient
que j’avais déjà acquis des bases très solides.
Alex
J. URI- il vous a fallu combien de temps avant d’avoir l’illustration de vos
capacités au plus haut niveau ?
Gregory
ALCAN – c’était une jeune discipline. En 1996,
elle était sous la récente tutelle de la
Fédération de gymnastique. Tout était à faire et il y avait là pour moi des
opportunités à saisir parce que le
règlement était à notre portée. Dès la première année, mes coéquipiers et moi
même avons inventé des éléments techniques d’acrobatie qui, encore aujourd’hui,
sont des éléments de difficulté supérieure sur le plan international. C’est
ainsi qu’un des éléments les plus difficiles du code pointage de fédération
internationale de gymnastique porte mon
nom « l’Alcan ».Nous avons impulsé un nouveau courant artistique et acrobatique qui nous a valu
d’être identifiés très rapidement et en l’espace d’une année d’atteindre les
plus hautes marches des podiums internationaux.
Alex
J. URI- Vous avez
obtenu donc 18 titres nationaux dont 13 titres de champion de France dans toutes les catégories et une trentaine
de titres internationaux ? C’est une remarquable moisson mais comment
expliquez qu’il y ait EU si peu de publicité sur ces résultats pourtant
excellents ? Avez-vous su profiter
de vos exploits pour votre
reconversion ?
Grégory
ALCAN -J’ajoute que j’ai été vainqueur des jeux mondiaux en 2001, champion du monde en 2004,
double vainqueur pour la coupe du monde en 2001 et champion d’Europe en 2003
dans trois catégories distinctes de la discipline. Je précise que j’étais encore
performant en 2010 car j’ai remporté les « Test Events » des jeux
mondiaux à Kaohsiung à Taiwan. Malgré tout cela, la gymnastique toutes
disciplines confondues souffre d’un manque de visibilité dans les médias. De plus, la gymnastique aérobic est une discipline
minoritaire au sein de la fédération de gym. J’ai eu, il faut le reconnaître,
une couverture médiatique liée à
l’actualité de mes plus importants résultats. C’est le cas notamment lorsque
j’ai été médaillé en trio avec Isabelle Sévérino avant son retour en
gymnastique artistique aux jeux olympiques d’Athènes. Être une référence internationale sur le plan
sportif est primordial mais il faut une
volonté politique des instances responsables pour transformer l’essai. Être un
des gymnastes les plus titrés n’a rien avoir avec un champion du monde de
football. Je me suis rendu compte que je devais faire des études et aller
moi-même chercher des expériences professionnelles Parallèlement à ma carrière de haut niveau,
j’ai obtenu deux masters, l’un en management des organisations sportives et
l’autre en sport, expertise, performance de haut niveau.
Alex
J. URI-Avez-vous pu exporter votre talent et
transférer vos compétences ?
Grégory
ALCAN- Oui. J’ai
occupé différents postes tels que formateur au CREPS Île de France dans les
formations des métiers de la forme (professeur de fitness). J’ai été conseiller
d’animation sportive à la direction départementale de la cohésion sociale du
Val de Marne. Je suis intervenu en qualité d’expert dans la coopération
internationale du ministère de la jeunesse et des sports ainsi que dans de
nombreux workshops pour différentes fédérations nationales de gymnastique
(Japon , Venezuela, Allemagne, Afrique du Sud, Sénégal, Tunisie, Vietnam,
Australie…). De 2008 à 2012, j’ai été
l’entraîneur de l’équipe nationale de gymnastique aérobic d’Iran. Je commente
également les grands rendez-vous de la
gymnastique aérobic sur Sport-Plus ( Canal+)
Alex
J. URI . Être sportif de haut niveau, est-ce que cela vous
a épargné de la discrimination ?
Toutes mes expériences
professionnelles se sont réalisées en dehors de la Fédération française de gym.
Je n’en avais pas eu le choix, parce que
même quand j’ai postulé en qualité de technicien ou de bénévole, ma candidature
n’a pas été acceptée. En revanche, j’ai créé l’opportunité de travailler,
de collaborer avec la Fédération de gymnastique iranienne. Les Iraniens sont
alors passés du 30 ème au 7ème rang mondial en l’espace de 4
ans ! C’est une bonne chose d’avoir des organismes chargés de promouvoir
la diversité et les minorités mais il y
a des combats stratégiques que nous ne
devons pas perdre dans ces domaines là. Il y a beaucoup d’originaires
d’Outre-mer qui sont fort compétents dans de nombreux domaines mais à qui on n’offre pas l’opportunité de s’exprimer. C’est
une richesse en moins pour une communauté qui a besoin d’excellence et qui,
selon Manuel VALLS, est « la meilleure réplique » au racisme.
J’ai fondé une association développant des projets innovants, socio-sportifs
culturels dans les quartiers de
Villiers-le-Bel, ma ville d’enfance devenu à mes yeux, ville laboratoire
de mes expériences. J’irai en Martinique au mois de mai prochain pour lancer mes
premières actions du même type au Lamentin.
Alex J. URI , rédacteur
en chef à la Direction de l’Information
régionale Il a été envoyé spécial permanent de la télévision publique française auprès de l’Union
européenne et de l’OTAN de 1990 à 2000
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