à quelques encablures du bonheur
« Ils
avaient retrouvé mon corps gorgé d’eau sur une plage de l’île de Malte devenue
notre cimetière à ciel ouvert. Il y en avait d’autres qui jonchaient le sable
blanc comme des cétacés ayant perdu le nord. Quelques mouches hébétées
sautillaient sur nos dépouilles.
Nous avions
cherché la liberté car l’indépendance nous avait trahis. Nous rêvions de la
société de consommation parce qu’elle nous faisait croire que la misère n’était
pas éternelle.
Comment
imaginer que nous faisions notre dernier voyage. Comment imaginer que le
passeur avait le sourire du croque-mort ? Comment refuser notre droit au
miracle ?
Pourtant, c’était notre dernier voyage dans ce cercueil
flottant. Nous avons vu au loin danser la mondialisation et dans la nuit les
flots ont commencé à nous engloutir, puis, avec générosité, nous laisser
remonter à la surface en étouffant nos cris. J’ai alors compris que tout cela
n’était qu’un mirage. Je voyais des lumières puis des étoiles comme si
j’arrivais à quelques encablures du bonheur.
En fait, j’étais déjà aspiré par un autre monde où la couleur
d’une personne, sa religion et son portefeuille n’avaient plus d’importance. Cette
fois, je pouvais me promener dans le monde entier devenu sans frontières, sans
racisme, sans privilèges, sans prétention, sans odeur, et surtout sans argent
mais toujours à la recherche de cet amour terrestre qui fait de nous des astres
scintillant dans la galaxie.
Libérés de notre enfer migratoire, nous attendions la magie de
la résurrection au paradis. »
Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris le 25 septembre 2014
Paris le 25 septembre 2014
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