vendredi 23 janvier 2015

Baisers créoles








Baisers  créoles



Dans les Mascareignes, le ciel bleu s’était obscurci  et la mer ballottée, au diapason de mon âme en pleurs, s’assombrissait à chaque averse que lui crachaient les nuages en colère. 
Je ressentais ma vie comme  un cataclysme que le soleil  des Caraïbes cherchait benoîtement à embellir. Je venais d’envoyer à Alexander une de mes photos prise  sur la plage  de mes rêves pour le réchauffer car les murs de son  appartement  grelottaient  dans ces cités d’hiver  rejetant la diversité.
 J’étais blonde et je peux vous assurer  que c’est une force d’attraction même à des milliers de kilomètres.
 Les contours de mon  bodybuilding donnaient le vertige   à ceux qui me voyaient  au bras de mon mari par trop détaché. Alexander lui était un esthète et serait tombé amoureux d’une princesse qui semblait le négliger.
Si par hasard, il était en quête de bonheur fugace ma photo serait  de nature à faire monter sa température et sa tension artérielle.
Il pleuvait des cordes et sur la véranda je mangeais des goyaves de Chine rouges violacées appelées goyaves-fraises aux Antilles et goyaviers à la Réunion. Il y avait quelque chose de crémeux  et au cœur de ces fruits là.
J’avais le cœur révulsé  par tant d’indifférence, si peu d’amour, d’humanité  et d’harmonie car ma vie d’épouse s’effilochait. Le mauvais temps s’était attardé sur la baie. Dans mon ciel  couvert et orageux, un éclair m’illumina. J’ai ressenti une vague de chaleur en pensant à lui. Il venait avec une éclaircie que je n’attendais plus.

Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris le 24 janvier 2013


vendredi 9 janvier 2015

Violences et Liberté











Violences et Liberté

Face aux violences qui exécutent certains d’entre nous dans ce monde dit civilisé,
Face à des violences qui, au quotidien, nous défigurent,
Face à ces violences multiples qui nous asphyxient,
 il faut chercher, à tout prix et sans relâche, à parler d’Amour, avant qu’il ne soit trop tard.
L’urgence n’est pas seulement d’enterrer nos morts pour la liberté mais aussi  surtout de veiller à ce que cette liberté ne meure avant d’avoir vécu.

Alex J. URI 
Paris le 8 janvier 2015




jeudi 8 janvier 2015

mardi 6 janvier 2015

la brise et l'hibiscus













La brise et l’hibiscus

« Sofja, mon adorée,

Je suis comme cet hibiscus que caresse la brise. Je sens le souffle de vos narines qui balaie  mon cou et vos cheveux sauvages qui me chatouillent le pavillon de l’oreille gauche.
Je ressens  la peur qui vous enveloppe. Moi, je n’ai plus  peur dans le noir depuis que je vous ai  rencontrée. J’ai l’impression d’entendre vos pas  dans la nuit qui m’offre des étoiles. Vous scintillez à travers mes nuages et, Sofja,  je supplie le ciel  de se rapprocher de moi.
Vous êtes à l’image de l’étoile des rois  mages, chargés de cadeaux pour un messie. Je m’engloutis dans ce mystère pour que nos astres jouent à cache-cache.
Alexander,

Paris le 6 janvier 2015 »
Les rêveries tropicales
d’Alexander by Alex J. URI







samedi 27 décembre 2014

Un racisme en Noir(e) et Blanch(e)



Marie-Andrée CIPRUT  au salon du  livre de Paris. Photo by Ilana C. URI












Cinq questions à Marie-Andrée Ciprut 

au sujet de son livre :

Un racisme en Noir(e) et Blanch(e),

 (Fortuna éditions, février 2015)



1. Alex J. Uri : Pourquoi êtes-vous tout de suite partie dans l’écriture il y a une dizaine d’années ?
·      M-A.C. Fin 2001, j’avais déjà écrit un recueil de mon expérience à Pluriels, (Centre de consultations et d’études ethnopsychologiques pour migrants) co-créé à Genève en 1995, dans le numéro 60 des cahiers Itinéraires, que l’IUED (Institut Universitaire d’Etudes du Développement) nous avait gracieusement offert. En 2004, à l’arrêt de mon travail comme thérapeute responsable clinique de l’association, j’ai voulu continuer à rendre la psychologie plus abordable et à témoigner pour que désormais, le public ait moins peur de tout ce qui est « psy ».

2. Alex J. Uri : Pourquoi ce titre ? Il interpelle !Il fait référence à la notation musicale !
·      M-A.C. Il a trois significations principales :
- Il parle d’UN racisme parmi tant d’autres, principalement celui des Blancs par rapport aux Noirs,
- Il est en Noir(e) et Blanc(he), puisqu’il part des vécus de racisme d’une femme de couleur noire et d’une femme de couleur blanche,
- Dans ses lignes, il est toujours question d’égalité, non de hiérarchie ! Contrairement aux notes de musique, ici « une noire = une blanche, une Blanche égale une Noire ».

3. Alex J. Uri : Quel est l’objectif  de votre livre ? Qu’est-ce que le lecteur doit en retenir ? Un racisme ciblé ou viral ?
·      M-A.C. On peut dire que le virus du racisme sévit depuis le XVIème siècle, période de la Traite transatlantique pendant laquelle l’homme noir est devenu comme esclave, un matériel d’échange, une chose non humaine.  Ce virus n’existe plus sous cette forme de nos jours, mais il est toujours présent malgré les multiples tentatives pour l’éradiquer. Ce livre essaie de sortir une fois pour toute de la victimisation, de changer les opinions afin que ce « matériel » s’humanise à travers une relation à l’Autre différent. Alain Mabanckou l’a écrit magnifiquement dans sa préface en évoquant la nécessité d’une « courtoisie de l’échange ».

4.  Alex J. Uri : Par rapport à l’actualité, le racisme est-il plus déterminé, plus ouvert ?
·      M-A.C. Peut-être pas plus déterminé mais plus ouvert et complètement décomplexé !... On n’a plus peur aujourd’hui de s’afficher raciste puisque la parole est libérée, et que les sanctions sont rares ou bénignes. L’actualité des Etats-Unis d’Amérique, où des policiers blancs tirent sur des civils noirs désarmés, les tuent, puis sont acquittés, en sont des exemples brûlants.

5. Alex J. Uri : Quels atouts  avons-nous aujourd’hui contre le racisme ?Quelle est votre conclusion ?

·      M-A.C. J’aimerais reprendre l’idée de la conclusion du livre en insistant justement sur l’échange, la relation. Avec la facilité des échanges et des voyages internationaux,  nous sommes condamnés à vivre ensemble. Si nous acceptons l’Autre différent tel qu’il est et pas tel que nous le souhaiterions, toutes les épidémies racistes continueront de reculer malgré leurs éventuels sursauts nauséeux, lentement certes, mais sûrement.

Alex J. URI est rédacteur en chef  à la direction de l'information  régionale à France Télévisions


Biographie

Marie-Andrée CIPRUT, psychologue-psychothérapeute, co-fondatrice en 1995 et ancienne responsable clinique de l'association « Pluriels », (Centre de Consultations ethnopsychologiques pour Migrants) à Genève, nage dans l'Interculturel depuis l’enfance. Martiniquaise d'origine, elle fait des études secondaires à Paris, un double cursus universitaire à Genève : Ecole d'Interprètes, puis faculté de psychologie avec Jean Piaget. Elle a pratiqué comme traductrice Français-Anglais-Espagnol, comme enseignante de Français à Zurich et à Bâle, avant d'ouvrir un cabinet de psychologie clinique à St-Louis (Alsace) parallèlement à une collaboration avec une psychanalyste bilingue de Bâle. De retour à Genève, elle a poursuivi une activité de formatrice en Interculturel débutée à l'Institut de Médecine Tropicale de Bâle, anima régulièrement des groupes thérapeutiques, exerça comme co-thérapeute en Ethnopsychiatrie tout en continuant ses recherches théoriques.
M.-A. CIPRUT a démissionné de Pluriels en tant que psychologue FSP (Fédération Suisse des Psychologues) et pris une retraite anticipée en 2002. De 2004 à 2012, elle a assuré des supervisions cliniques pour les interprètes-médiateurs culturels de la Croix-Rouge de Genève. Depuis 2013, elle donne des cours sur l’interculturel à la faculté de lettre de l’université de Genève, dans le cadre de la série : « Regards sur l’interculturalité » organisée par l’Ecole de langue et de civilisation françaises. Elle intervient également dans des colloques nationaux et internationaux, mais se consacre principalement à l’écriture.
Marie-Andrée CIPRUT est actuellement aux conseils d’administration du CCFC (Club Culturel Franco-Caraïbe, Paris) et de l'AGRAF, (Association Gessienne contre le Racisme et le Fascisme) dont elle fut présidente pendant trois ans, jusqu’à janvier 2009.

 

Publications

-          De l'entre-deux à l'interculturalité : richesses et embûches de la migration (Dir.), Itinéraires n°60, IUED Genève, novembre 2001.
-          Outre Mère : Essai sur le métissage, L’Harmattan, novembre 2004.
Inspiré de ce livre, un documentaire sur les métissages de 27’:
-          "Les couleurs de Midou" fut produit par la Télévision Suisse Italienne et diffusé en octobre 2005.
-          « L’orchestration des "moi" ou le banian identitaire » in Recherches Haïtiano-antillaises, N° 4 : La Caraïbe entre Histoire et Politique, (Coll.), L’Harmattan, juin 2006.
-          Migration, Blessure psychique et somatisation (Dir.), Médecine & Hygiène, Genève, mars 2007.
-          Flore de femmes, féminitude et influx migratoires, Ibis rouge, septembre 2008.
-          La vie à pile ou face… ou le goût des Autres, Ibis rouge, février 2012.
-          « Métissage culturel et adoption : coutumes, politiques et variations identitaires » in Denis GAGNON et Hélène GIGUÈRE (dir.), L’identité métisse en question : stratégies identitaires et dynamismes culturels, Québec, Presses de l’Université Laval., 1er trimestre 2012.
-          « Le banian identitaire antillais : formation et analyse de l’identité créole », in L’autre, Cliniques, Cultures et Sociétés, revue transculturelle, La pensée sauvage éditions, Vol. 13, N°1, mai 2012.
-          « Identité banian de la Caraïbe : formation, transformations et expansion », in  revue Sens-Dessous N°13, Le Propre, (Association Paroles édition),  janvier 2014.


jeudi 25 décembre 2014

Les eaux d'émeraude


















Les eaux d’émeraude

C’était à la Saint Valentin. Un air de fête flottait sur les grands boulevards parisiens. Les amoureux se pressaient chez les fleuristes et dans les magasins qui les attendaient déjà au petit matin.

Le bonheur se déclinait  à l’aube et flamboyait le soir. Alexander, qui menait une existence presque monastique, se laissa séduire par un femme aux cheveux un peu embroussaillés. En ce jour de gospel, la tentation avait enfin un corps exotique, un visage métissé et des yeux d’aigle.

A travers son objectif, il se souvint des écritures  et pensa qu’en elle et par elle de grandes choses pouvaient s’accomplir.  Leurs  têtes résonnaient de chants sacrés que la foule avait applaudis toute la soirée, après avoir repris en chœur les refrains. Une bénédiction qui semblait sortie tout droit de la fameuse chanson  « oh happy day » dans laquelle Jésus lavait les hommes de leurs péchés.

Alexander avait cru percevoir chez sa princesse de l’humilité. Elle semblait sainte et divine, prête à accepter elle bonheur sans pour autant apparaître comme une hirondelle à la recherche d’un nid.

L’esprit d’Alexander fit un voyage éclair dans son archipel des Tropiques et dans ses racines. Ce fut  un véritable plongeon dans ses eaux d’émeraude pour aller à la rencontre l’âme de Sofja dans les fonds abyssaux.

Les rêveries tropicales d’Alexander
by Alex J. URI

Paris le 25 décembre 2014

Un réveillon sans vous











Un réveillon sans vous

« Je ne me suis jamais remis de votre message empreint de dédain et de vile prétention. Je vous ai fait approcher les lieux insondables de ma créativité, au seuil de mes passions, parce que je vous admire…
C’était comme un enfant qui avait fait un dessin à l’occasion de la fête des mères et qui, avec tendresse, tentait de vous l’offrir… vous, égocentrique et infatuée de votre personne à l'image d’une institutrice néocoloniale, vous refusiez de vous laisser toucher par cet amour trop noir pour vous. Vous vouliez oublier que vous aviez quelque part un aïeul noir mais moins brillant que celui du poète Alexandre Pouchkine. Or ce petit là était fier de ses racines d’Afrique et d’Inde…
Ce dessin était l’expression d’un parcours fléché vers un bonheur inattendu qui vous était offert. Vous étiez en train de faire mourir en vous ce qui ne demandait qu’à renaître. Vous aviez confié à la morgue de la vie quotidienne la dépouille de votre amour passé. Dans le même temps, vous agissiez comme le croque –mort d’une passion à venir. Le dessin était à l’origine sans dessein mais plein d’amour entre vos mains…
Il y a des enfants qui ne bénéficient pas de l’égalité des chances surtout quand on joue avec la diversité….Je suis comme un filaos languissant qui offre sa parure au ciel plein d’étoiles…la lune donne à la rivière des reflets argentés. Dieu va s’arrêter dans une étable pour accueillir un messie rédempteur et sa bienheureuse mère« doubout ». Des leçons de bonheur et d’humilité que vous semblez ignorer.
Aujourd’hui, vous ne serez pas là avec moi autour de ce sapin de Noël, de cette crèche et encore moins avec des cadeaux … »

Princesse « S » by Alex J. URI
Paris le 24 décembre 2014