samedi 1 novembre 2014

les bijoux de Bertha sont éternels
















Les bijoux éternels de Bertha

Dans un cimetière des Antilles, un mystère planait sur une tombe qui semblait attirer beaucoup de curieux  lors des fêtes de la Toussaint.     On n’y mettait toujours une bougie  et certains y allaient  jusqu’à l’appeler la tombe en or. Une véritable histoire de pharaon sous les tropiques.
Un homme relativement fortuné reposerait dans une de ses tombes et il aurait emmené avec lui dans l’autre monde une bonne partie de sa richesse.  A l’évidence, c’était  un cimetière très surveillé et il y aurait même des  caméras pour distinguer les  vrais des faux zombis, cherchant à s’emparer du butin.
A l’origine de cette affaire, de mauvaises relations entre une femme et son beau fils  Maximilien.  Le père de ce dernier avait deux maisons  et le couple avait chacun un fils avant le mariage. Maximilien était devenu la bête noire de Bertha. Elle  ne voulait le voir ou le recevoir dans aucune des demeures depuis son plus jeune âge. En revanche, le fils de Bertha et ses enfants jouissaient des propriétés  de son père. Maximilien en avait beaucoup souffert et son père voulant se racheter sur son lit d’hôpital lui fit une révélation qui allait lui permettre de prendre sa revanche sur sa belle-mère jalouse et hostile. Maximilien fut  investi de la confiance de son père mais surtout il bénéficia des titres   de propriétés. Ce fut un retournement de situation qui provoqua la colère de Bertha. Maximilien vit la santé de son père se dégrader, alors qu’il le voyait chaque soir. Dans la journée, quelqu’un lui joua un sale tour. Haut fonctionnaire, il demanda aux médecins de s’expliquer. Il apprit ainsi que Bertha, pour des raisons religieuses,refusa qu’une transfusion sanguine fût administrée à son père et qu’elle avait signé, sans en avoir le droit, une décharge au médecin. Le malade mourut et des funérailles grandioses furent organisées. Quelques semaines après l’enterrement, Bertha n’ayant que l’usufruit des biens,  soumit à son beau-fils, devenu, à ses yeux et pour une fois, beau, gentil et adorable, une demande urgente. Il faut, dit-elle,  le plus vite possible, rouvrir la tombe
 Maximilien, interloqué, l’interrogea puis il lui opposa une fin de non recevoir.     Elle finit par révéler son secret : Le cercueil  contenait  de l’or ! Maximilien réalisa qu’il fallait non seulement ouvrir la  tombe mais aussi surtout le cercueil  pour accéder à la dépouille mortelle. Pour Maximilien, ce serait une violation de sépulture pour des lingots encore incertains. Bertha lui raconta alors une histoire qui valait son pesant d’or. Bertha avait mis son sac de bijoux en or dans les poches du costume du  défunt ! La voilà en pleurs et à   genoux face à Maximilien. Elle  tenait à ses bijoux qui grâce à son avarice, étaient devenus éternels.  Elle avait   des chaines, des forçats, des colliers choux, des grains d’or, des tétés négresses, des pièces datant de la période esclavagiste, une fortune  patiemment accumulée, glissée et cousues dans les poches et les doublures de la veste qui pourrait avoir titillé la curiosité de l’employé des pompes funèbres.
Maximilien s’empressa donc de faire une neuvaine à Saint Michel Archange à la fois pour chasser Bertha de son entourage mais aussi   pour prévenir une  éventuelle tentation de sa  part d’exhumer une momie  pleine de merveilles. Dans quelques siècles, un archéologue faisant des fouilles aux Antilles  va peut-être découvrir le  trésor  dont Bertha a rêvé jusqu’à sa mort mais qu’elle n’a jamais pu récupérer.

Extrait de Le cahier de nos amours au pays natal by Alex J. URI
Paris le 1er novembre 2014

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jeudi 30 octobre 2014

Le cahier de nos amours au pays natal

















Bons baisers de Fort-de -France

Notre île  ensoleillée baignait dans un océan de  senteurs de  couleurs, de parfums et de sons.  C’était un décor  qui faisait  rêver et qui nous invitait à  la  promenade.

Main  dans la main,  nous  étions en train de flâner sur la savane de Fort de France et nous pensions au livre Cahier d’un retour au  pays natal du poète et député-maire Aimé Césaire.  Plus militant encore, vous faisiez référence à l’ouvrage Peau noire, masques blancs du psychiatre Frantz Fanon

Je guettais vos yeux  rieurs et surtout votre bouche ô combien insolente.Elle me chuchotait en effet des mots tendres qui me faisaient rougir. Je faisais partie de celles qui appartenaient à la catégorie  des câpresses caribéennes à  la peau  très claire, aux cheveux  crépus.  Je me sentais emmitouflée dans votre regard généreux  et votre sourire sensuel qui  laissaient transparaître le patchwork de vos racines  afro-indiennes.
Notre légèreté  suivait le rythme de la  brise qui  caressait les  palmiers indolents.

La Savane était  donc devenue pour nous un havre de tranquillité. Vous, guadeloupéen, oh pardon de Capesterre  Belle-Eau, aviez l’impression de vous retrouver dans votre mangrove et dans  vos plantations. Moi,  je m’imaginais avec vous seuls sur votre archipel désert.  Nous aurions  alors pu jouir d’une indépendance d’esprit et d’une véritable liberté, étant débarrassés des lourdeurs de l’histoire qui pesaient sur notre jeunesse.
Je comprenais  en effet pourquoi  vous aimiez tant me répéter cette citation tirée du Discours sur le colonialisme du poète martiniquais qui ne cessait de nous interpeller :. « Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »

Vous aimiez mon allure  féministe et rebelle proche d’Angela Davis. Nous avions tous les  deux la coiffure afro, c’était dans l’air du temps des revendications identitaires, parfois radicales.

Sur les bancs publics, des hommes refaisaient le monde, et parfois la sieste. Des oiseaux nous accompagnaient près du kiosque à musique. Des lézards  au soleil étaient réveillés et importunés par les cailloux lancés par des enfants turbulents.

J’avais une envie folle de me blottir  sur votre poitrine lisse , dévoilée par une chemise colorée de petites  fleurs mais des matrones, chargées de marchandises, dandinaient comme des tortues vers les « grands taxis pays ».

Une marchande de pistaches ponctua  l’atmosphère d’un cri de vente percutant dans ce parc assoupi. Collés au tronc du palmier, nous trouvâmes un instant d’intimité.  Vos baisers, au goût de limonade, furent empreints d’éternité.

Le cahier de nos amours  au pays natal  by Alex J. URI
Paris october 29, 2014


mercredi 29 octobre 2014

Le bal des pélicans










Le bal des pélicans





Les jours s’en vont  mais mes pensées sont infiltrées par un flot d’images de vous. Me voilà plongé dans des nuits féeriques. Par la magie mon imagination gourmande, vos deux seins se sont transformés en  de belles mangues greffées et parfumées,  prêtes à livrer leur secret à mes lèvres impatientes.

Votre silence me harcèle. Vos réticences réveillent mes allergies. Votre absence devient l’essence de  mes désirs. Vous croyez pouvoir me torturer en ne répondant pas à mes demandes élégantes. J’en ai donc parlé à cette vierge miraculeuse. Elle m’a dit que j’étais déjà dans vos entrailles. Il fallait le temps de la gestation d’un autre moi-même et d’un autre vous-même pour que notre séduction soit concomitante, réciproque et irréversible.

Je suis votre bien-aimé, gardez en le secret. Dans mes rêves, vous m’apparaissez comme  la plus que parfaite. Par ces temps où la vérité et la sincérité sont souvent méconnaissables, je comprends que vous cherchiez à vérifier la signature génétique de l’amour que je vous offre…

La beauté d’aujourd’hui camoufle ses laideurs mais paradoxalement les laideurs peuvent engendrer des beautés. Moi aussi, je surveille donc une éventuelle manipulation de votre ADN (acide désoxyribonucléique).
Ma grand-mère me disait  que mon  « je t’aime » avait une connexion avec l’au-delà. Alors, pour son plus grand bonheur quand elle me prenait dans ses bras, je lui chuchotais  «  au nom de la Trinité, je t’aime, Maman Nor » .

…Venez vous coucher auprès de moi sur la pelouse et contemplez avec moi le ciel bleu de nos tropiques. Nos yeux et nos corps se laissent ainsi bercer par la chorégraphie des frégates magnifiques et par  le bal des pélicans. »


Extrait de Princesse « S » by Alex J. URI
Paris le 29 octobre 2014

samedi 25 octobre 2014

Un amour au soleil couchant














Un amour au soleil couchant

« Ma patience est douloureuse et je tue le temps qui me défigure. Ce temps là me tue lentement en asphyxiant l'amour qui l'avait oxygéné, car je vous aime…

Mes lèvres deviennent folles, et j'entends vos prières mais aussi vos soupirs. Mes pensées vous enlacent, les vôtres m’ensorcellent.
Vous avez peur de ma tendresse, oui, peur de la recevoir pour ne pas la perdre, me dites-vous. Pourtant, celle que vous me donnez apaise déjà mes brûlures et caresse mes cicatrices.

… Vous savez que le temps presse. C'est maintenant qu'il faut apprendre à vous réconcilier avec ce qui fait le sens profond de l'existence....Vous pouvez alors vous émouvoir devant un sourire, un rire d'enfant, un chant d'oiseau, le bruit du vent dans les filaos, le craquement des branches sous le souffle des alizés, les senteurs de vanille, de cannelle, de mangue et de goyave..
Ô princesse, il est bien temps de vous abandonner dans mes bras comme le soleil et les nuages qui se couchent. »

Extrait  de Princesse « S » by Alex J. URI

Paris le 25 octobre 2014


vendredi 17 octobre 2014

Anjika, "bénie des dieux"












Anjika
« bénie des dieux »





Le hasard de la vie avait mis face à face Angika et Alexander dans un lieu de pouvoir. Alexander se sentit brusquement investi d’un désir de conquête mais surtout d’une mission de protection de cette femme aux épices indiennes…

Il posa la main sur son épaule gauche avec la douceur du papillon qui vient se poser sur une fleur en s’équilibrant de ses deux ailes. Ses doigts semblaient faire fondre le tissu qui les séparait de la peau d’Anjika qu’il imaginait douce. Il sentait que son épiderme velouté réagissait à une caresse qui l’irradiait et l’envahissait.

Elle se contracta le temps de poser pour la photo. Ses lèvres tremblantes esquissaient un sourire. Un vertige transporta Anjika près d’une plantation. L’image d’un jeune homme, métis afro-indien, tentant de la sauver fit irruption dans ses souvenirs. A partir de cet instant, les deux êtres subirent une mutation dont ils allaient comprendre les origines et le mécanisme de manière presque féerique

…Un homme athlétique, dépliant des ailes majestueuses se pencha vers lui, alors que sa grand-mère, Man' Nor s’assit à ses côtés. Alexander était en pleurs, comme si il avait perdu son amour. Ils s’envolèrent avec lui dans ciel et ils l’emmenèrent dans un champ de lilas mauves. Il vit alors apparaitre Anjika habillée d’un sari serti de dorures…

extraits  Anjika & Alexander by Alex J. URI
Paris le 30 septembre 2013


jeudi 16 octobre 2014

Les clés du royaume






Les clés 
du
 royaume


Elle venait de demander de lui accorder des clés d’un royaume qu’elle n’avait pas pu découvrir avec Alexander. Elle était aux portes de ce paradis avec lui quand ils lui arrachèrent la vie. Alexander fut alors dépossédé d’un amour fait de tout ce que la Terre produisait d’essentiel et de beau.

 Ils n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Anjika était une moitié du cœur d’Alexander et vice versa. Les deux corps avaient le même cœur. Leurs cerveaux étaient mis en réseau avec des connections infinitésimales. Leurs âmes et leurs anges gardiens avaient déjà appris à se courtiser, à cohabiter et, sans aucun doute, à contempler le fruit défendu. Des relations qui à l’origine se situaient dans un espace-temps que seule la Providence allait pouvoir restituer. Avec la Parole, on devait pouvoir faire renaître les deux êtres devenus des poussières dans la galaxie.

Juste après le drame dans la plantation, Alexander s’était transformé en un volcan qui pleurait car la douleur l’étripait. Les pleurs étaient des laves qui momifiaient tout le paysage. Après des milliers d’années, l’Esprit ramassant de l’argile du volcan, lui insuffla une âme. Les cœurs refermés se rouvrirent. Les mémoires communes se ravivèrent. La programmation du bonheur qui s’était arrêté par accident reprenait pour recréer et réparer les deux existences déchirées.

Le miracle devenait venir d’Anjika. C’est elle qui avait la parole magique que seul Alexander connaissait. Alexander déployant ses ailes se prosterna dans la Soufrière et se confia aux esprits de lumière. L’eau jaillit de la montagne avec Anjika . Elle avait des ailes dorées et fit un tour dans le ciel pour se poser sur le dos d’Alexander.

Alexander & Anjika, les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris le 18 décembre 2013


Un désir turbulent







Un désir turbulent


Je suis à l’embouchure  de la Grande Rivière. J’entends votre désir turbulent. Il arrive en amont là où les flots, venus du ciel,  font irruption dans la montagne.

Vous voudriez changer le lit qu’épouse cette rivière. Il est déjà trop tard. Toute la terre transpire et rejette l’eau  qui fait enfler les rives. Tout est irrigué avec force.

A Paris, la chaleur est torride cet été. Sur mon sofa, des gouttes de sueur perlent mon corps tout entier. Pendant la sieste,  une joie et un amour m’habitent, parce que votre âme est venue taquiner mon ange gardien.

Nos ombres s’essoufflent, le ventilateur aussi. La tristesse disparaît. Me voila transporté avec vous dans mon île Karukéra  ancrée dans la  mer des Caraïbes. Comme chez vous, l’Inde a sculpté des visages. Alors vous êtes avec moi en famille. Une lumière intérieure nous rapproche depuis longtemps. La montagne laisse échapper  quelques  fumées blanches. Elle s’est dénudée pour que vous et moi soyons en ébullition comme cette rivière en crue.

Princesse « S » by Alex J. URI
Paris le  19 juillet 2014