Les bijoux éternels de Bertha
Dans un cimetière des Antilles, un mystère planait sur une tombe qui
semblait attirer beaucoup de curieux
lors des fêtes de la Toussaint. On
n’y mettait toujours une bougie et
certains y allaient jusqu’à l’appeler la
tombe en or. Une véritable histoire de pharaon sous les tropiques.
Un homme relativement fortuné reposerait dans une de ses tombes et il
aurait emmené avec lui dans l’autre monde une bonne partie de sa richesse. A l’évidence, c’était un cimetière très surveillé et il y aurait
même des caméras pour distinguer
les vrais des faux zombis, cherchant à
s’emparer du butin.
A l’origine de cette affaire, de mauvaises relations entre une femme et
son beau fils Maximilien. Le père de ce dernier avait deux maisons et le couple avait chacun un fils avant le
mariage. Maximilien était devenu la bête noire de Bertha. Elle ne voulait le voir ou le recevoir dans aucune
des demeures depuis son plus jeune âge. En revanche, le fils de Bertha et ses
enfants jouissaient des propriétés de
son père. Maximilien en avait beaucoup souffert et son père voulant se racheter
sur son lit d’hôpital lui fit une révélation qui allait lui permettre de
prendre sa revanche sur sa belle-mère jalouse et hostile. Maximilien fut investi de la confiance de son père mais
surtout il bénéficia des titres de
propriétés. Ce fut un retournement de situation qui provoqua la colère de
Bertha. Maximilien vit la santé de son père se dégrader, alors qu’il le voyait
chaque soir. Dans la journée, quelqu’un lui joua un sale tour. Haut
fonctionnaire, il demanda aux médecins de s’expliquer. Il apprit ainsi que
Bertha, pour des raisons religieuses,refusa qu’une transfusion sanguine fût administrée à son père et qu’elle avait signé,
sans en avoir le droit, une décharge au médecin. Le malade mourut et des
funérailles grandioses furent organisées. Quelques semaines après
l’enterrement, Bertha n’ayant que l’usufruit des biens, soumit à son
beau-fils, devenu, à ses yeux et pour une fois, beau, gentil et adorable, une demande
urgente. Il faut, dit-elle, le plus vite
possible, rouvrir la tombe
Maximilien,
interloqué, l’interrogea puis il lui opposa une fin de non recevoir. Elle finit par révéler son secret : Le
cercueil contenait de l’or ! Maximilien réalisa qu’il
fallait non seulement ouvrir la tombe
mais aussi surtout le cercueil pour
accéder à la dépouille mortelle. Pour Maximilien, ce serait une violation de
sépulture pour des lingots encore incertains. Bertha lui raconta alors une
histoire qui valait son pesant d’or. Bertha avait mis son sac de bijoux en or
dans les poches du costume du défunt ! La voilà en pleurs et à genoux face à Maximilien. Elle tenait à ses bijoux qui grâce à son avarice,
étaient devenus éternels. Elle
avait des chaines, des forçats, des
colliers choux, des grains d’or, des tétés négresses, des pièces datant de la
période esclavagiste, une fortune
patiemment accumulée, glissée et cousues dans les poches et les
doublures de la veste qui pourrait avoir titillé la curiosité de l’employé des
pompes funèbres.
Maximilien
s’empressa donc de faire une neuvaine à Saint Michel Archange à la fois pour
chasser Bertha de son entourage mais aussi
pour prévenir une éventuelle tentation
de sa part d’exhumer une momie pleine de merveilles. Dans quelques siècles,
un archéologue faisant des fouilles aux Antilles va peut-être découvrir le trésor
dont Bertha a rêvé jusqu’à sa mort mais qu’elle n’a jamais pu récupérer.
Extrait
de Le cahier de nos amours au pays natal by Alex J. URI
Paris le
1er novembre 2014
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