La peur du pélican
« De votre colère, protégez notre île.
Je suis comme un pélican effrayé par le ciel
bleu d’azur qui s’assombrit sur les cimes de la montagne
Les collines disparaissent sous des nuages protubérants
Je regarde la poussière qui saupoudre le vert d’émeraude,
tapissant les plantations.
Je n’aperçois plus les chutes d’eau qui font jouir le
volcan.
Je me prosterne sur le rivage d’où je peux tout voir et mes
genoux s’enfoncent dans le sable.
En relevant la tête, je repère au loin cette masse
visqueuse, fumeuse et rougeoyante,
déchirant le flanc fissuré d’un
cratère qui crache et vomit sa rage.
Le soleil interroge. Il est midi. Les cloches sonnent.
Les klaxons ont perdu la raison. Les paroles sont des cris. Les rues prennent
des allures de carnaval. Il y a des enfants qui pleurent. Les cochons
domestiques s’évadent. Les chiens, les chats, les vaches aussi. Les cabris du
temple indien s’éclipsent. Sauve-qui-peut !
Le cauchemar de la catastrophe multiplie ses visages
de désolation et toutes ses beautés
tropicales ont des mines patibulaires
Il y a ce manguier centenaire qui m’interpelle et je m’y abrite,
bénéficiant de la brise de mer qui
m’apaise. Le souffle, c’est l’espérance.
Je crois fermement que le Tout-Puissant peut tout arrêter
et que le Très Miséricordieux a la clé
du pardon.
Agenouillé, le front collé sur les racines de cet arbre, mon
lien avec avec le ciel, j’implore.
Une nuée de papillons fait un cercle autour de nous.
Trois colombes,
accompagnées d’un homme oiseau, surgissent de la Pointe à zombi. Ils font avec des milliers d’espèces
paradisiaques, un immense anneau autour de l’île aux belles eaux. Et le volcan
s’essouffle, c’est l’heure de l’Angélus.
Cet archipel de verdure sous les Tropiques peut enfin connaître la paix
et le bonheur mais aussi le retour de ces pélicans.
« La peur du pélican »
Les rêveries tropicales by Alex J. URI
Paris le 14-17novembre 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire