Chorégraphie créole
« Ma bien-aimée Trinidad,
J’avais beaucoup arpenté votre espace tel un paysan infatigable. Mon ange gardien avait pour sa part conçu des plans qu’il ne me révélait pas. Je rêvais alors d’une récolte foisonnante à contempler. Je m’y introduirais comme dans une bananeraie accrochée aux flancs de notre volcan, la Montagne Pelée.
J’avais soigneusement éparpillé les mots pour bien les infiltrer dans vos terres. C’était des mots que je taillais pour vous. Ils s’incrustaient dans votre chair et vous les ressentiez comme des morsures possessives. Il y avait aussi des rimes pour sonder vos abîmes. J’en attendais des échos illustrant vos émois mais ils n’arrivaient point. Vos paupières transformées en persiennes laissaient parfois apparaître les troubles de votre intérieur bien difficiles à cacher. Vos pupilles vous trahissaient. Elles m’offraient la possibilité instantanée d’imaginer le spectacle de votre intérieur en ébullition. Vous me laissiez ainsi aux portes de votre grotte secrète.
La géographie de vos terres m’apparaissait familière mais j’avais du mal à saisir la topographie de vos lieux-dits. J’avais donc imploré les cieux pour que votre souffle anime ma chair et que ma chair vous essouffle. J’ai un plaisir immense à me rappeler que vous aviez retenu votre respiration pour que la mienne ne m’abandonnât pas.
J’avais beaucoup arpenté votre espace tel un paysan infatigable. Mon ange gardien avait pour sa part conçu des plans qu’il ne me révélait pas. Je rêvais alors d’une récolte foisonnante à contempler. Je m’y introduirais comme dans une bananeraie accrochée aux flancs de notre volcan, la Montagne Pelée.
J’avais soigneusement éparpillé les mots pour bien les infiltrer dans vos terres. C’était des mots que je taillais pour vous. Ils s’incrustaient dans votre chair et vous les ressentiez comme des morsures possessives. Il y avait aussi des rimes pour sonder vos abîmes. J’en attendais des échos illustrant vos émois mais ils n’arrivaient point. Vos paupières transformées en persiennes laissaient parfois apparaître les troubles de votre intérieur bien difficiles à cacher. Vos pupilles vous trahissaient. Elles m’offraient la possibilité instantanée d’imaginer le spectacle de votre intérieur en ébullition. Vous me laissiez ainsi aux portes de votre grotte secrète.
La géographie de vos terres m’apparaissait familière mais j’avais du mal à saisir la topographie de vos lieux-dits. J’avais donc imploré les cieux pour que votre souffle anime ma chair et que ma chair vous essouffle. J’ai un plaisir immense à me rappeler que vous aviez retenu votre respiration pour que la mienne ne m’abandonnât pas.
Il y a des urgences qui vous laissent des souvenirs permanents. Il y a des
amours qui naissent parce qu’elles sont déjà conçues depuis longtemps déjà par
une volonté divine. Il y a des prières dites avec foi aujourd’hui pour sauver
le lendemain.
Ma bien-aimée de Trinidad, je pressentais quelque chose. J’ai senti que nos corps allaient s’emboîter après ce baiser qui avait un arrière-goût de mangue. La peur de vous donner et de vous abandonner commençait à se manifester. Vous vouliez tout protéger à tout prix. Vos sens se dérobaient. Ils étaient ébranlés de la tête au pied par une sorte d’ouragan qui se frayait un chemin dans notre chapelet d’îles caribéennes. Les appels angéliques n’étaient plus transmis. De l’arbre écorché coulait la sève. Des sources inconnues surgissaient de ces forêts denses.
A la première bourrasque, votre géographie se dévoile, une femme perd son voile et ainsi un nouveau couple met les voiles. Nos cœurs s’affolent, nos esprits deviennent frivoles et nos corps s’envolent dans une chorégraphie créole. Les plantations de canne à sucre de Capesterre-Belle-Eau, en Guadeloupe s’embrasent. »
Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris le 5 juillet 2012
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