lundi 6 octobre 2014

Les cloches du Bas-du-Bourg








Les cloches du Bas-du-Bourg



« …Ce que je vous écris vient du ciel. Vous ne pouvez plus continuer à faire comme si vous n’aviez aucune âme, comme si le souffle qui vous anime était un droit inaliénable, comme si je ne vous avais pas créés de la boue de cette terre. 
Sans l’Esprit, vous vous déshumanisez. Vous devenez alors des humanoïdes que vous créez à votre image. Ils agissent en véritables robots capricieux qui vous encombrent car devenus incontrôlables...
…Un bouquet de lilas mauve était venu au ralenti se poser à nos pieds. Nous marchions dans la campagne levant les yeux pour contempler les chutes d’eau qui jaillissaient du sommet, s’offrant ainsi au vent d’une allure vagabonde.
Les bras autour de vos hanches, me voilà à genoux en plein champ de verdure, le visage effleuré par votre robe fleuri que la brise agitait. J’avais la tête posée mollement sur votre ventre et ma joue droite s’y collait comme sur un oreiller dense et confortable. Je ressentais la douceur et la moiteur de vos mains fébriles me caressant.
Il y avait en vous le secret de la création, les inconnues d’une équation de la vie, le droit d’accès à lumière et à l’éternité.
Sur la colline, nos regards embrassaient une vue panoramique des plantations de canne à sucre et des bananeraies. Elles s’étendaient en damier jusqu'à l’horizon. De loin, un paysan créole près de son tracteur et sa vache brahmane, cherchait à s’harmoniser avec le très Miséricordieux. Il vit alors un spectacle divin avec la magie des formes humaines des nuages au coucher du soleil. C’était comme une paréidolie de l’Assomption dans les Tropiques. Une vierge au milieu des amants bénissait une alliance naissante, au moment même où les sons des cloches de l’église du Bas-du-Bourg flottaient dans ce décor de parc naturel. L’alizé rafraîchissant enveloppa une étreinte sacrée qui s’enflammait…»

La princesse de l’île aux letchis by Alex J. URI


Paris le 28 juillet 2014

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