Les cloches du Bas-du-Bourg
« …Ce que je vous
écris vient du ciel. Vous ne pouvez plus continuer à faire comme si vous
n’aviez aucune âme, comme si le souffle qui vous anime était un droit
inaliénable, comme si je ne vous avais pas créés de la boue de cette terre.
Sans l’Esprit, vous
vous déshumanisez. Vous devenez alors des humanoïdes que vous créez à votre
image. Ils agissent en véritables robots capricieux qui vous encombrent car
devenus incontrôlables...
…Un bouquet de
lilas mauve était venu au ralenti se poser à nos pieds. Nous marchions dans la
campagne levant les yeux pour contempler les chutes d’eau qui jaillissaient du
sommet, s’offrant ainsi au vent d’une allure vagabonde.
Les bras autour de
vos hanches, me voilà à genoux en plein champ de verdure, le visage effleuré par
votre robe fleuri que la brise agitait. J’avais la tête posée mollement sur
votre ventre et ma joue droite s’y collait comme sur un oreiller dense et
confortable. Je ressentais la douceur et la moiteur de vos mains fébriles me
caressant.
Il y avait en vous
le secret de la création, les inconnues d’une équation de la vie, le droit
d’accès à lumière et à l’éternité.
Sur la colline, nos
regards embrassaient une vue panoramique des plantations de canne à sucre et
des bananeraies. Elles s’étendaient en damier jusqu'à l’horizon. De loin, un
paysan créole près de son tracteur et sa vache brahmane, cherchait à
s’harmoniser avec le très Miséricordieux. Il vit alors un spectacle divin avec
la magie des formes humaines des nuages au coucher du soleil. C’était comme une
paréidolie de l’Assomption dans les Tropiques. Une vierge au milieu des amants
bénissait une alliance naissante, au moment même où les sons des cloches de
l’église du Bas-du-Bourg flottaient dans ce décor de parc naturel. L’alizé
rafraîchissant enveloppa une étreinte sacrée qui s’enflammait…»
La princesse de
l’île aux letchis by Alex J. URI
Paris le 28 juillet
2014
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