Des
orages dans la tête
J’ai des orages dans la
tête quand arrive la tempête. L’océan furieux déclare la guerre au rivage. Les
vagues ayant le mal de mer vomissent leurs algues sur le sable détrempé.
Le ciel bleu fait alors
grise mine. Les nuages sont brusquement atteints d’une folie universelle. Ils
s’accumulent et prennent avec les vents
sculpteurs toutes les formes possibles pour nous donner le vertige.
Je ne vois plus aucune
tige dans le brouillard qui s’épaissit. La route asphaltée disparaît dans la
brume. Le manguier feuillu et impérial n’est plus qu’un fantôme qui s’est
saoulé au rhum agricole. La distillerie tout proche laisse échapper les vapeurs
du vesou que charrie au loin la brise
effrénée.
La nuit est presque
tombée avant l’heure dans l’après midi. L’archipel vit au ralenti. Les averses
raisonnent dans notre case en tôle. La rivière est sortie de son lit mais nous sommes
bien au chaud sous nos couvertures. Enlacés, nous sommes et pour
nous réchauffer, nous faisons comme les sangsues accrochés aux roches dans des
cours d’eaux en furie.
Dehors des vents
soufflent avec force mais dans la chambre, au fond de nous, quelque chose à
l’image d’une tornade commence à nous agiter. Je sens les jambes d’Alexander
donnant quelques coups de boutoir aux miennes. La petite case résiste et les
tôles gémissent à la pression répétée de
ce tourbillon inattendu. Me voilà bercée dans une sorte d’insomnie rebelle
et voluptueuse…
Les rêveries tropicales
d’Alexander
Alex J. URI
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