mardi 18 octobre 2011

Nayla DEBS et ses sculptures « ni homme, ni animal »

Nayla DEBS et ses sculptures « ni homme, ni animal »

Nayla nous vient de Beyrouth, au Liban. Son regard a la quintessence de la douceur mais la vigilance de la tigresse. Vigilante elle l' a souvent été pour courir vers les collines, sauver ses enfants quand les bombes explosaient et empoisonnaient la vie de tous les jours. Dans cette salle au sous-sol du Musée de la poste près de la gare Montparnasse, elle marche de manière nonchalante près de sculpture en métal comme si elle devait en exposer d’autres. L’envie de façonner, elle l’a toujours eue dans ses entrailles . Elle a d’abord fait trois enfants, un garçon et deux filles jumelles. Ils ont grandi , étudié et aujourd’hui sont en plein épanouissement professionnel. Elle, Nayla, en arabe« celle qui obtient » d’abord pour les autres, rappelle que dans son livre elle fait dire à son héroïne « quand je serai grand je serai sculpteur ». Le chrysalide est devenu papillon il y a seulement deux ans.
La guerre vous donne des ailes mais aussi un sens des réalités et Nayla, âgée de 56 ans le résume fort bien en une phrase : « un jour la guerre s’arrête et on se dit qu’il est temps d’exprimer ce qu’il y a en nous »



Nayla DEBS est venue directement de Beyrouth avec une valise pleine de ses créations mais avec un message. Elle veut parler « de la part animale et parfois végétale en nous ». Elle aime les animaux et voudrait glorifier ce que l’homme partage avec eux, « la meilleure face de l’homme » dit-elle, « sa part de lumière celle qui lui confère sagesse gratitude et sérénité ».

                

Elle laisse filtrer comme cette bête féline un instinct de possession pour mes « ni homme, ni animal’ . Amour et paradoxe car il s’agit de « réparer la grande injustice de la beauté accordée par le créateur à certains, en leur rappelant leur condition animale ». A ses yeux, cet état est source d’authenticité mais c’est aussi un rappel à l’ordre et à l’humilité.
Nayla fait référence à ces manipulations génétiques qui rapprochent l’homme de l’animal. Elle évoque le cas de la génisse à qui on a introduit deux gènes humains dans son génome, pour qu’elle produise du lait humanisé. C’est bien cette direction que prend la science avec tous les dérapages imprévisibles. Elle rappelle d’ailleurs que les Egyptiens et les Assyriens trouvaient ces représentations mi homme mi animal tout à fait normales

Economiste de formation, Nayla assouvit en priorité sa passion d’artiste et elle y met des bouchées doubles. Une autre ambition l’a propulse à Paris celle d’obtenir un prix littéraire au salon littéraire de la Plume Noire . Elle l’a raté de peu et ne cache sa frustration. L’écrivaine de Beyrouth sait qu’on peu perdre une bataille mais pas la guerre. Son premier roman Sofar Blues aux éditions La Cheminante a déjà été nominé pour trois prix littéraires en France. Jardinière et paysagiste autodidacte, Nayla Debs sait cultiver son jardin, alors elle attend la prochaine récolte sur le plan littéraire. L’écrivaine et le sculpteur auront trouvé d’ici là le moyen d’être mi homme mi bête.
Dans l’avenir, il ne sera plus nécessaire d’essayer d’exprimer la part animale en chacun de nous, « elle y sera déjà dans la chair des générations à venir ». Elle y croit dur comme fer. Reste à savoir si on pourra « insufler à ses futurs êtres hybrides l’essence de l’âme animale ».

Paris le 15 octobre 2011
Alex J. URI
France Télévisions




1 commentaire:

  1. belle présentation de Neyla Debs ,une femme méritante et téméraire qui ira jusqu’àu bout de ses rêves: la bataille on peut la perdre une fois mais pas deux fois.

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