samedi 27 décembre 2014

Un racisme en Noir(e) et Blanch(e)



Marie-Andrée CIPRUT  au salon du  livre de Paris. Photo by Ilana C. URI












Cinq questions à Marie-Andrée Ciprut 

au sujet de son livre :

Un racisme en Noir(e) et Blanch(e),

 (Fortuna éditions, février 2015)



1. Alex J. Uri : Pourquoi êtes-vous tout de suite partie dans l’écriture il y a une dizaine d’années ?
·      M-A.C. Fin 2001, j’avais déjà écrit un recueil de mon expérience à Pluriels, (Centre de consultations et d’études ethnopsychologiques pour migrants) co-créé à Genève en 1995, dans le numéro 60 des cahiers Itinéraires, que l’IUED (Institut Universitaire d’Etudes du Développement) nous avait gracieusement offert. En 2004, à l’arrêt de mon travail comme thérapeute responsable clinique de l’association, j’ai voulu continuer à rendre la psychologie plus abordable et à témoigner pour que désormais, le public ait moins peur de tout ce qui est « psy ».

2. Alex J. Uri : Pourquoi ce titre ? Il interpelle !Il fait référence à la notation musicale !
·      M-A.C. Il a trois significations principales :
- Il parle d’UN racisme parmi tant d’autres, principalement celui des Blancs par rapport aux Noirs,
- Il est en Noir(e) et Blanc(he), puisqu’il part des vécus de racisme d’une femme de couleur noire et d’une femme de couleur blanche,
- Dans ses lignes, il est toujours question d’égalité, non de hiérarchie ! Contrairement aux notes de musique, ici « une noire = une blanche, une Blanche égale une Noire ».

3. Alex J. Uri : Quel est l’objectif  de votre livre ? Qu’est-ce que le lecteur doit en retenir ? Un racisme ciblé ou viral ?
·      M-A.C. On peut dire que le virus du racisme sévit depuis le XVIème siècle, période de la Traite transatlantique pendant laquelle l’homme noir est devenu comme esclave, un matériel d’échange, une chose non humaine.  Ce virus n’existe plus sous cette forme de nos jours, mais il est toujours présent malgré les multiples tentatives pour l’éradiquer. Ce livre essaie de sortir une fois pour toute de la victimisation, de changer les opinions afin que ce « matériel » s’humanise à travers une relation à l’Autre différent. Alain Mabanckou l’a écrit magnifiquement dans sa préface en évoquant la nécessité d’une « courtoisie de l’échange ».

4.  Alex J. Uri : Par rapport à l’actualité, le racisme est-il plus déterminé, plus ouvert ?
·      M-A.C. Peut-être pas plus déterminé mais plus ouvert et complètement décomplexé !... On n’a plus peur aujourd’hui de s’afficher raciste puisque la parole est libérée, et que les sanctions sont rares ou bénignes. L’actualité des Etats-Unis d’Amérique, où des policiers blancs tirent sur des civils noirs désarmés, les tuent, puis sont acquittés, en sont des exemples brûlants.

5. Alex J. Uri : Quels atouts  avons-nous aujourd’hui contre le racisme ?Quelle est votre conclusion ?

·      M-A.C. J’aimerais reprendre l’idée de la conclusion du livre en insistant justement sur l’échange, la relation. Avec la facilité des échanges et des voyages internationaux,  nous sommes condamnés à vivre ensemble. Si nous acceptons l’Autre différent tel qu’il est et pas tel que nous le souhaiterions, toutes les épidémies racistes continueront de reculer malgré leurs éventuels sursauts nauséeux, lentement certes, mais sûrement.

Alex J. URI est rédacteur en chef  à la direction de l'information  régionale à France Télévisions


Biographie

Marie-Andrée CIPRUT, psychologue-psychothérapeute, co-fondatrice en 1995 et ancienne responsable clinique de l'association « Pluriels », (Centre de Consultations ethnopsychologiques pour Migrants) à Genève, nage dans l'Interculturel depuis l’enfance. Martiniquaise d'origine, elle fait des études secondaires à Paris, un double cursus universitaire à Genève : Ecole d'Interprètes, puis faculté de psychologie avec Jean Piaget. Elle a pratiqué comme traductrice Français-Anglais-Espagnol, comme enseignante de Français à Zurich et à Bâle, avant d'ouvrir un cabinet de psychologie clinique à St-Louis (Alsace) parallèlement à une collaboration avec une psychanalyste bilingue de Bâle. De retour à Genève, elle a poursuivi une activité de formatrice en Interculturel débutée à l'Institut de Médecine Tropicale de Bâle, anima régulièrement des groupes thérapeutiques, exerça comme co-thérapeute en Ethnopsychiatrie tout en continuant ses recherches théoriques.
M.-A. CIPRUT a démissionné de Pluriels en tant que psychologue FSP (Fédération Suisse des Psychologues) et pris une retraite anticipée en 2002. De 2004 à 2012, elle a assuré des supervisions cliniques pour les interprètes-médiateurs culturels de la Croix-Rouge de Genève. Depuis 2013, elle donne des cours sur l’interculturel à la faculté de lettre de l’université de Genève, dans le cadre de la série : « Regards sur l’interculturalité » organisée par l’Ecole de langue et de civilisation françaises. Elle intervient également dans des colloques nationaux et internationaux, mais se consacre principalement à l’écriture.
Marie-Andrée CIPRUT est actuellement aux conseils d’administration du CCFC (Club Culturel Franco-Caraïbe, Paris) et de l'AGRAF, (Association Gessienne contre le Racisme et le Fascisme) dont elle fut présidente pendant trois ans, jusqu’à janvier 2009.

 

Publications

-          De l'entre-deux à l'interculturalité : richesses et embûches de la migration (Dir.), Itinéraires n°60, IUED Genève, novembre 2001.
-          Outre Mère : Essai sur le métissage, L’Harmattan, novembre 2004.
Inspiré de ce livre, un documentaire sur les métissages de 27’:
-          "Les couleurs de Midou" fut produit par la Télévision Suisse Italienne et diffusé en octobre 2005.
-          « L’orchestration des "moi" ou le banian identitaire » in Recherches Haïtiano-antillaises, N° 4 : La Caraïbe entre Histoire et Politique, (Coll.), L’Harmattan, juin 2006.
-          Migration, Blessure psychique et somatisation (Dir.), Médecine & Hygiène, Genève, mars 2007.
-          Flore de femmes, féminitude et influx migratoires, Ibis rouge, septembre 2008.
-          La vie à pile ou face… ou le goût des Autres, Ibis rouge, février 2012.
-          « Métissage culturel et adoption : coutumes, politiques et variations identitaires » in Denis GAGNON et Hélène GIGUÈRE (dir.), L’identité métisse en question : stratégies identitaires et dynamismes culturels, Québec, Presses de l’Université Laval., 1er trimestre 2012.
-          « Le banian identitaire antillais : formation et analyse de l’identité créole », in L’autre, Cliniques, Cultures et Sociétés, revue transculturelle, La pensée sauvage éditions, Vol. 13, N°1, mai 2012.
-          « Identité banian de la Caraïbe : formation, transformations et expansion », in  revue Sens-Dessous N°13, Le Propre, (Association Paroles édition),  janvier 2014.


jeudi 25 décembre 2014

Les eaux d'émeraude


















Les eaux d’émeraude

C’était à la Saint Valentin. Un air de fête flottait sur les grands boulevards parisiens. Les amoureux se pressaient chez les fleuristes et dans les magasins qui les attendaient déjà au petit matin.

Le bonheur se déclinait  à l’aube et flamboyait le soir. Alexander, qui menait une existence presque monastique, se laissa séduire par un femme aux cheveux un peu embroussaillés. En ce jour de gospel, la tentation avait enfin un corps exotique, un visage métissé et des yeux d’aigle.

A travers son objectif, il se souvint des écritures  et pensa qu’en elle et par elle de grandes choses pouvaient s’accomplir.  Leurs  têtes résonnaient de chants sacrés que la foule avait applaudis toute la soirée, après avoir repris en chœur les refrains. Une bénédiction qui semblait sortie tout droit de la fameuse chanson  « oh happy day » dans laquelle Jésus lavait les hommes de leurs péchés.

Alexander avait cru percevoir chez sa princesse de l’humilité. Elle semblait sainte et divine, prête à accepter elle bonheur sans pour autant apparaître comme une hirondelle à la recherche d’un nid.

L’esprit d’Alexander fit un voyage éclair dans son archipel des Tropiques et dans ses racines. Ce fut  un véritable plongeon dans ses eaux d’émeraude pour aller à la rencontre l’âme de Sofja dans les fonds abyssaux.

Les rêveries tropicales d’Alexander
by Alex J. URI

Paris le 25 décembre 2014

Un réveillon sans vous











Un réveillon sans vous

« Je ne me suis jamais remis de votre message empreint de dédain et de vile prétention. Je vous ai fait approcher les lieux insondables de ma créativité, au seuil de mes passions, parce que je vous admire…
C’était comme un enfant qui avait fait un dessin à l’occasion de la fête des mères et qui, avec tendresse, tentait de vous l’offrir… vous, égocentrique et infatuée de votre personne à l'image d’une institutrice néocoloniale, vous refusiez de vous laisser toucher par cet amour trop noir pour vous. Vous vouliez oublier que vous aviez quelque part un aïeul noir mais moins brillant que celui du poète Alexandre Pouchkine. Or ce petit là était fier de ses racines d’Afrique et d’Inde…
Ce dessin était l’expression d’un parcours fléché vers un bonheur inattendu qui vous était offert. Vous étiez en train de faire mourir en vous ce qui ne demandait qu’à renaître. Vous aviez confié à la morgue de la vie quotidienne la dépouille de votre amour passé. Dans le même temps, vous agissiez comme le croque –mort d’une passion à venir. Le dessin était à l’origine sans dessein mais plein d’amour entre vos mains…
Il y a des enfants qui ne bénéficient pas de l’égalité des chances surtout quand on joue avec la diversité….Je suis comme un filaos languissant qui offre sa parure au ciel plein d’étoiles…la lune donne à la rivière des reflets argentés. Dieu va s’arrêter dans une étable pour accueillir un messie rédempteur et sa bienheureuse mère« doubout ». Des leçons de bonheur et d’humilité que vous semblez ignorer.
Aujourd’hui, vous ne serez pas là avec moi autour de ce sapin de Noël, de cette crèche et encore moins avec des cadeaux … »

Princesse « S » by Alex J. URI
Paris le 24 décembre 2014

samedi 20 décembre 2014

Les Flamboyants




Les flamboyants

Je voudrais vous serrer dans  mes bras   à l’ombre de ce magnifique flamboyant de Saint Leu dans votre  île de l’Océan indien. Cela me rappellera un décor idyllique de mon allée d’arbres rougeoyants à Capesterre Belle-Eau face à  la mer des Caraïbes.

Au milieu de l’allée, vers l’ouest, en direction du volcan,  on voit jaillit ses chutes qui regardent  l’orient. L’eau qui coule et qui se faufile à travers ces collines vient féconder la terre, une terre qui a parfois les contours d’une géographie bien féminine. Je  me plais à repérer de loin ce lieu appelé les Mamelles et par beau temps Je m’arrête pour l’admirer.

Avec votre robe de mariée et vos cheveux sauvages, nous irons à l’ As de Pique , à l’Etang Zombi  et surtout au somptueux Grand Etang. Je vais vous montrer comment l’eau joue à cache-cache avec la végétation. Elle  connaît les coins et recoins de ces espaces qu’elle  a pénétrés, assainis, oxygénés, embellis.

C’était notre paradis jusqu’au moment où la société de consommation a voulu que tout soit rentable. La mondialisation a apporté les produits qui tuent. Nous ne pouvons plus aujourd’hui  manger ce que les parcelles empoisonnées  de notre sol produisent. Le paradis est aussi pavé d’enfer.

Nous avons sauvegardé quelques lieux et nous irons nous baigner comme Adam et Eve au cœur de la montagne.
Nous y trouverons tous les arbres fruitiers que souhaitez, tous les ouassous dont je vous ai souvent parlé.
Nous aurons des fruits comme nourriture et les feuilles comme remède.
Nous y planterons des flamboyants  pour que ce lieu devienne un sanctuaire.

Princesse « S » by Alex J. URI

Paris le 20 décembre 2014


vendredi 19 décembre 2014

Désir
















« Désir »

Quand  l’aube va poindre à l’horizon, se réveille en moi ce  désir de vous voir.  C’est vrai qu’il est masqué de nuages  car ils dorment encore et ne s’étirent que lentement.  La chaleur  les fait fondre et les rend impalpables pour laisser la place à la lumière

Ce désir de plus en plus intense vient du carrefour de ces mondes qui se croisent dans le partout et le nulle part.
Il me fait penser à ces nuages de toutes les formes et de toutes les couleurs que nous offre l’arc en ciel. Ils vont et viennent au gré de l’atmosphère, puis disparaissent avec leurs messages de bon ou de mauvais temps. Leur essence c’est de se renouveler sans cesse.

Mon âme a soif de vous ; Pour l’heure, mon corps est encore meurtri, je souffre des douleurs d’un passé qui voudrait m’asphyxier  et d’un avenir plein d’oxygène qu’accouche la Providence. Je suis à l’embouchure là où l’eau salée rencontre l’eau douce.

Dans mon île aux belles eaux, je sors la tête de l’eau, je nage avec les poissons mais je vois aussi mes pas sculptés dans ce sable volcanique.

Je sais qu’avec vous ma terre desséchée sera arrosée de la pluie qu’apportent par miracle les nuages du matin, les cumulonimbus du midi et du soir

Mon âme assoiffée a été désaltérée par une fontaine divine  qui est là pour nous apaiser  sans me révéler ses contours. Je tends mes mains poussiéreuses et je sens couler ce liquide plein de fraîcheur et de pureté qui me purifie.

Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris le 19 décembre 2014


mercredi 17 décembre 2014

Pomme cannelle
















Pomme cannelle


J’ai la bouche  enrobée de tendresse d’un fruit qui ressemble à une pomme de pin. C’est un pain de sucre mou quand il est mûr avec des  écailles  vertes  et une senteur de cannelle  Par  la fenêtre de la cuisine, la  montagne m’appelle. Elle s’est dégagée des  nuages qui lui servaient de chemise de nuit  sous le ciel étoilé.  Elle expose son cône de verdure au soleil qui effleure déjà le sol en traînant les pieds 

Dans mon champ visuel, j’ai vos épaules nues qui me taquinent. Je sens que je ne pourrai pas longtemps résister à vos  grands yeux bruns que le miroir s’acharne à rendre irrésistibles. 

Sur la table,  dans  une assiette en porcelaine, une plantureuse pomme cannelle attend vos  mains feutrés.  Vos doigts experts sont en train d’appliquer un rouge à lèvres avec un crayon qui, lui, a  toute la liberté que vous me refusez pour m’approcher de votre visage de princesse indienne.
C’est pour  vous  un rituel de laisser le fruit exhaler son parfum plusieurs jours  et de vous asseoir comme vous le faites gracieusement sur  le tabouret. Bien sûr, je voudrais transformer pour vous  mes genoux en coussins.

Ainsi vous prendrez le temps de savourer cette douceur raffinée. Vous l’ouvrirez comme un livre et en la caressant des deux mains  pour que rien ne tombe. La pomme cannelle ne résistera point  à vos doigts qui la palpent.

Je vous attends pour qu’on le fasse à deux.  Je voudrais vous voir enlever les gousses tendres et moelleuses  avec nos lèvres charnues et vos dents de tigresse.

Il ne reste plus qu’entendre avec vous le tintement  dans l’assiette, des graines  noires brillantes et dures qui tombent.

Princesse « S » by Alex J. URI
Paris le18 décembre 2014




lundi 8 décembre 2014

Oasis










Oasis


"Seigneur, mon âme est comme de l’herbe brûlée par le soleil de midi  et j’aperçois au loin  des oasis pour étancher ma soif mais ce sont que des mirages.

Je marche sans boussole sur des étendues de plus en plus vastes dans lesquelles  je ne sais plus  ce que je suis, où je vais  et qui je cherche.

Et pourtant, il y a en moi une petite flamme que rien ne saurait éteindre car elle doit m’éclairer et guider mes pas vers la source que l’on me dit bénie des Dieux.

Des bruits d’angoisse et de cauchemar circulent dans cette île paradisiaque. Des violences s’enchaînent. Les couples se déchirent et les ruptures blessent souvent des jeunes en pleine croissance. Je vois des richesses inattendues et des plaisirs bon marché  pour des âmes éperdues.

C’est une société de consommation qui tue sans sommation. Ce  style de vie  recherche les ténèbres, occulte toute source de lumière et donc les repères du bien et du mal.  J’entends  des familles en pleurs et en détresse sur des dépouilles  en pleine jeunesse. Alors il y a des gens qui s’entretuent  et des âmes errantes qui crient vengeance. 

Ils ont perdu le nord, je les retrouve dans un désert de haine, de scorpions et de serpents  qu’il faut exorciser pour répondre au besoin  de paix et d’amour. 
Cette terre a mal dans ses entrailles et se dessèche. Elle veut faire fuir les démons et qu’une nouvelle oasis jaillisse pour le salut de tous  ses enfants."

Extrait de Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris lundi 8  décembre 2014





jeudi 4 décembre 2014

Oh happy caribbean day






















Oh happy caribbean day

Le dépaysement avait quelque chose de névralgique quand on devait  le subir. Être arrachée à  sa terre natale, c’était perdre son nombril avant l’heure et c’était aussi avorter une partie de soi même

Quand je vous ai rencontrée,  je n’avais ni père, ni mère. J’avais besoin d’un cordon ombilical pour m’accrocher à un ventre. Le mien était devenu poussière sous le manguier.

J’ai entendu un chant qui me parlait d’un happy day, d’un happy caribbean day, un jour de bonheur, un jour de bonheur caribéen. C’était ce jour là que votre âme et mon ange gardien ont décidé de se mouiller ensemble dans les flots. Je suis né tout  près des rivières mais j’ai d’abord entendu le bruissement  des caresses des vagues sur le rivage, avant de pousser un cri. En prêtant l’oreille à vos paroles, il m’a semblé reconnaître quelques sons familiers.

Après avoir été bénie par ce gospel, vous m’avez demandé de mes nouvelles  comme si vous aviez peur de me perdre. Vous vouliez voir germer sur mon visage une félicité qui vous rendrait  irrésistible.

Alors vous cherchiez avec moi et en moi une relation féconde comme les ondes qui bercent tout ce qui flotte et qui nous feraient dériver  vers nos terres natales, l’un accroché à l’autre.

Et pourtant, je n’avais rien mais vous étiez Tout et la Providence me démontrait ainsi qu’elle était Tout et  toujours  là , partout.

Princesse «S » by  Alex J. URI
Paris le 4  décembre 2014


mercredi 3 décembre 2014

Le temps des Avirons


 

























Le temps des Avirons



Je vois le temps qui se moque de moi
Quand  le miroir surprend  mon regard
Cela commence par quelques cheveux blancs
Que l’on peut toujours camoufler pour rester jeune.
Et puis ,il y a la folie du temps qui renaît et qui  trépasse.
Un instant passe. Une pensée fugace. Une branche se casse.
 Un désir tenace de vivre avec vous m’enchaîne,
Alors que sur mon île les vents  se déchaînent.
Dans la case  en tôle, le silence se couche,
Et moi  je vous attends mais mon esprit vagabonde.
Vos cheveux sauvages font  en effet repousser mes désirs.
J’entends encore vos rires et vos lèvres prêtes à nous unir.
C’est  maintenant, l’heure comme les lions, de boire.
Nous sommes assoiffés d’un amour qui s’étend sur  l’étang.
Sinon, si vous  gaspillez ce temps de la possession
Le miroir rira aux éclats  de vos pleurs et de vos rides
Et, sans doute de nos regrets devant nos fleurs fanées.
Moi, à l’ombre du manguier, je raconterai devant une foule émue une histoire d’amour des Avirons devenue éternelle.

Princesse “S”  by Alex J. URI

Paris le 3 décembre 2014

lundi 1 décembre 2014

Le mystère d'ANJIKA

























Le mystère d'ANJIKA



Alexander et Anjika  se rencontrent dans un beau jardin  avec une pelouse ayant des  formes géométriques  au cœur d’un palais quelque part en Europe. Ils sont visiblement très émus de se rencontrer et s’efforcent  de ne pas laisser transparaître leur ivresse. Ils se promènent et s’arrêtent de temps pour se regarder dans les yeux.

Alexander-Je n’arrive pas à saisir ce qu’il y a entre nous. Quand je vois vos photos dans les journaux ou dans les réseaux sociaux, quelque chose en moi s’arrache et est transporté dans un passé inconnu à la vitesse de la lumière.

Anjika- Je ressens la  même chose mais c’est douloureux. J’ai la vision d’un jeune homme, triste mais déterminé. Je vous vois pleurer. Vous tombez à genoux dans une forêt, implorant un votre dieu.  Vous êtes en fait victime d’une chasse à l’homme. Je vois des gens armés qui vous poursuivent.

Alexander- Pourquoi ne répondez-vous pas à mes messages, à mes demandes de rendez-vous ?

Anjika-Je ne peux pas. Ils sont encore là. Ils ne doivent vous identifier or ce sont nos paroles, nos voix qui nous trahiront. Ce n’est pas moi qui ai choisi ce lieu. Je n’ai jamais dit  que j’allais vous rencontrer. Je ne prononce jamais votre nom quand nous ne sommes pas ensemble mais je me le répète mille fois en silence et il dort dans mon corps, mon cœur, mon esprit et mon âme.

Alexander- C’est vrai, Anjika ?

Anjika- Ô Alexander, c’est bien ce que la Providence aime chez vous. Vous êtes un chevalier sans peur et vous êtes venu à mon secours sans vous préoccuper de votre vie. Or, un grand danger vous menaçait

Alexander- Vous plaisantez, Anjika !

Anjika NON ! Alexander ! et vous le savez ou du moins vos cellules en ont été informées. Je ne peux pas vous en dire plus. Vous avez effectué un séjour dans mon île du côté de Saint Pierre. Une famille  vous a invité à une cérémonie indienne. Je vous ai observé toute la journée. C’est moi qui ai caressé vos cheveux et j’en ai pris une mèche pendant que vous faisiez la sieste. Je vous en donne un échantillon  et faites-le analyser, vous verrez. Dépêchez- vous, la dernière  fois que nous sommes vus, c’était dans un jardin ! Fermez les yeux et concentrez-vous. Dites-moi ce qui défile devant vous.

Alexander- Elle vous ressemble étrangement mais elle a de longs cheveux, très noirs comme les vôtres. Mon Dieu, je reconnais vos lèvres ! Pulpeuses et pleines de douceur et de saveur  mais aussi vos yeux, avec un regard qui m’enveloppe et me berce !  J’ai la sensation de vos mains, du velours sur ma peau, mon visage et vos petits doigts qui glissent dans mes cheveux afro-indiens

Anjika- Souvenez-vous, dans la cour, alors que je partais, je me suis retourné vers vous… je ne contrôlais plus mon cœur et là …

Alexander- Je vous ai dit de lire le manuscrit appelé « le bonheur à l’aube ».

Anjika-Je n’ai pas eu le temps. Ils m’attendaient dans la clairière pour me torturer et me punir  car ils voulaient  savoir qui avait couché avec la maîtresse de maison  dans la plantation.
Je vous ai admiré  et j’ai senti que mon regard s’était figé en reflétant cet amour  céleste et éternel. Dieu l’a sauvegardé pour vous il  y a des années lumière. Voilà l’histoire.Aujourd’hui,  dans ce monde moderne, vous êtes le seul à pouvoir me lire et vous glisser par mes paupières, devenues persiennes de mon âme pour vous donner accès à mes profondeurs. Alexander, nous avons traversé l’espace et le temps pour ressusciter ce bonheur  là.

Ajinka et Alexander by  Alex J. URI
Paris le 1 décembre 2012