lundi 28 septembre 2015

La lune rouge et le soleil à midi



La lune rouge et le soleil à midi










« Madame, 


Vous êtes ce vent qui bouleverse la mer tranquille que j’étais avant d’avoir croisé votre regard. Me voilà ballotté au gré des 

flots de vos humeurs tyranniques, au gré des vagues de désirs qui grondent dans vos profondeurs, au gré de vos silences impétueux qui m’annoncent des cyclones 

Mais il y en moi celui que la tempête écoute. Il apaise l’onde amère qui se déchaîne en vous. Vous m’éclaboussez donc aujourd’hui, cherchant à impressionner le marin qui se trouve en haute mer…
…Comme la lune rouge, vous vous éclipsez pour que je vous cherche dans la nuit et qu’enfin je vous retrouve avec des couleurs d’automne. J’ai l’impression que vous êtes recouverte d’un drap de feuilles orangées et rougeoyantes que mes pensées ensoleillées ont préparées pour mieux vous séduire.

Les bras écartés dans ma barque, je suis secoué comme un mât qui a perdu ses voiles. Je sens que vous allez m’engloutir dans une symphonie que des anges ont écrite pour nous avec le mouvement de nos eaux qui se confondent.
Le chef d’orchestre dira au vent de se taire et à la mer de se retirer pour nous ramener dans nos îles où le bonheur nous attend …
Je vous aime profondément au point de m’ensevelir dans vos douceurs insondables. Votre esprit truffé de mesquineries promène son regard sur vos déchets d’amours qu’en vain vous encensez dans vos folles pensées. Et pourtant, au fond de votre cœur, un amour immaculé vous demande la liberté de prendre les ailes de mon âme. Je veux vous emmener là où l’obscurité devient lumière

Si vous saviez, il y a autour de nous un spectacle époustouflant qui se dévoile aux yeux de ceux qui ne voient plus, aux oreilles de ceux qui n’entendent plus, aux immortels qui nous côtoient. Par l’amour qui brûle en nous, nous éclairons leurs ténèbres. Ils veulent tous que je vous donne le baiser de la pleine lune et vous me demandez le soleil à minuit. Alors je vous offre la lune rouge. »

Princesse « S » by Alex J. URI
Paris 22 juin 2015/28 septembre 2015


jeudi 30 avril 2015

Mon archipel-mémorial














 Mon archipel –mémorial

"J’avais des idées mais je n’avais pas d’argent. Or les idées sans argent notamment dans une société de consommation finissent par devenir des chimères, à moins qu’un mécène ne veuille bien se dévouer.
Il y a des idées qu’on se passe de génération en génération sans pouvoir les réaliser car elles, ces idées là, peuvent déranger les profondeurs de notre âme où les souffrances sont allées s’enterrer. Des souffrances transmises et compactées pour mieux les stocker, pour ne pas en parler, car quelque part, elles nous mettent mal à l’aise en imaginant le calvaire de celles et ceux qui ont survécu pour bâtir une hérédité souvent chargée de paradoxes, armée de résilience mais profondément ancrée dans la liberté.
Je suis l’homme de la porte du Non retour au Bénin où des âmes vidées de leur sang se promènent encore sur le rivage. Je suis aussi l’homme de la rivière du Carbet de Capesterre, Je suis encore l’homme de Calcutta.Je suis allé au ghetto de Harlem. J’ai servi de chair à canon dans les guerres qui ne me concernaient pas et j’ai dû y vendre chèrement ma peau, la noire. Cela fait bien longtemps que je ne vais plus dans les champs de coton ou les champs de canne à sucre. Je porte mon costume dans les gratte-ciel. Je ne dis plus oui "Missié" que je regarde droit dans les yeux. Je parle les langues de tous les anciens colons du monde et je suis même Président des Etats Unis
Dans cet archipel aux belles eaux, chacun de nous est un mémorial ambulant, c’est d’abord cela qu’il convient de retenir. J’ai dit ambulant pour que nous allions vers l’avant , que nous défendions toujours nos espaces de liberté et de dignité, que nous brisions les chaînes qui nous enchaînent au jour le jour comme si le sang avait coulé pour rien dans cet archipel devenu mémorial.
Madame, vous, aux cheveux indisciplinés, quand, moi, afro-indo-caribéen libre et fier de mes ancêtres, je vous dis que « je vous aime profondément » et que vous répondiez, « c’est bien noté », vous avez besoin d’un petit cours d’histoire ! Nous n’avions même pas le droit de nous aimer, le saviez-vous ? Alors, je vous conseille d’aller au Mémorial, sans acte. »

Alex J. URI
Paris le 1 mai 2015

lundi 20 avril 2015

Grégory ALCAN, une minorité acrobatique







Grégory ALCAN,
une minorité acrobatique
à la recherche d’un tremplin


Gregory ALCAN, né le 21 août 1979, à Gonesse  dans la banlieue nord de PARIS,a des racines martiniquaises à Schœlcher et au Marin. Il a  comme  beaucoup d’originaires d’Outre-mer  vécu  dans l’hexagone et a connu les difficultés d’insertion des populations ultramarines. La gymnastique  aérobic lui a permis de trouver la force, le rythme et une certaine vision du monde pour contourner ou affronter les obstacles que constituent les préjugés et les discriminations, excluant les minorités. Gregory  a  été le premier  gymnaste aérobic  français à avoir remporté le titre de champion du monde  (2004). Je l’ai retrouvé au petit-déjeuner business organisé par Jennifer PELAGE , la présidente d'origine mauricienne «  d’ Agir Ensemble » sur le thème « l’entrepreunariat des jeunes dans les quartier populaires. Il est fondateur et directeur technique de l’Association ISENZO , un terme zoulou  qui  signifie « Action ».Rédacteur en chef à FÔ-RFO il y a quelques années, je me souviens du travail de nos équipes  de journalistes sportifs couvrant  ses nombreux exploits depuis 2005.Licencié du SCA 2000 EVRY , Gregory ALCAN a été récompensé à plusieurs reprises par l’ancien maire d’Evry , Manuel VALLS, l’actuel premier ministre. Les responsables politiques et les instances sportives martiniquaises voudraient également offrir un tremplin  à cette minorité  acrobatique dans l’île natale de ses parents.
AJU

 Alex J. URI-  Bonjour Grégory, j’aurais bien aimé revoir une de vos prestations qui, bien évidemment, suscitent notre fierté dans les disciplines artistiques. Quelles sont vos racines ?

Gregory ALCAN- Je suis né à Gonesse, j’ai grandi à Villiers -le –Bel. J’ai grandi dans une famille monoparentale de 6 enfants qui ont tous pratique une activité physique de performance. En effet, un de mes frères, Arius FILET a été  un des meilleurs triples sauteurs mondiaux (record de la Francophonie) et ma petite sœur Chrystelle ALCAN  a décroché une médaille d’argent aux jeux mondiaux et a été à de nombreuses reprises championne de France ensemble en gymnastique rythmique. Nous avons représenté la SCA  2000 d’EVRY   et souvent été  récompensés par l’ancien maire d’Evry Manuel VALLS, actuel premier ministre français.
Alex J. URI-Votre palmarès dans la gymnastique aérobic serait, semble-il, impressionnant. Est-ce que vous vous y attendiez quand vous avez débuté ?
Gregory ALCAN-Avant de pratiquer la gym aérobic, j’étais un gymnaste de performance aux agrès (championnat de  France et division nationale) et donc conditionné à la pratique de haut niveau. Quand l’entraineur national de gymnastique aérobic m’a sollicité pour intégrer l’équipe de France au sein de la Fédération Française de Gym, j’ai su que j’avais le potentiel pour aller décrocher le  top niveau international. En effet, au regard des expériences et des   compétences physiques, psychologiques  et artistiques requises, j’étais   conscient  que j’avais déjà acquis des bases très solides.
Alex J. URI- il vous a fallu combien de temps   avant d’avoir l’illustration de vos capacités au plus haut niveau ?
Gregory ALCAN – c’était une jeune discipline. En 1996, elle  était sous la récente tutelle de la Fédération de gymnastique. Tout était à faire et il y avait là pour moi des opportunités  à saisir parce que le règlement était à notre portée. Dès la première année, mes coéquipiers et moi même avons inventé des éléments techniques d’acrobatie qui, encore aujourd’hui, sont des éléments de difficulté supérieure sur le plan international. C’est ainsi qu’un des éléments les plus difficiles du code pointage de fédération internationale de gymnastique porte  mon nom «  l’Alcan ».Nous avons impulsé un nouveau courant  artistique et acrobatique qui nous a valu d’être identifiés très rapidement et en l’espace d’une année d’atteindre les plus hautes marches des podiums internationaux.










Alex J. URI-  Vous avez obtenu donc 18 titres nationaux dont 13 titres de   champion de France  dans toutes les catégories et une trentaine de titres internationaux ? C’est une remarquable moisson mais comment expliquez qu’il y ait EU si peu de publicité sur ces résultats pourtant excellents ? Avez-vous  su profiter de  vos exploits pour votre reconversion ?

Grégory ALCAN -J’ajoute que j’ai été  vainqueur des jeux  mondiaux en 2001, champion du monde en 2004, double vainqueur pour la coupe du monde en 2001 et champion d’Europe en 2003 dans trois catégories distinctes de la discipline. Je précise que j’étais encore performant en 2010 car j’ai remporté les « Test Events » des jeux mondiaux à Kaohsiung à Taiwan. Malgré tout cela, la gymnastique toutes disciplines confondues souffre d’un manque de visibilité dans les médias.  De plus, la gymnastique aérobic est une discipline minoritaire au sein de la fédération de gym. J’ai eu, il faut le reconnaître, une couverture  médiatique liée à l’actualité de mes plus importants résultats. C’est le cas notamment lorsque j’ai été médaillé en trio avec Isabelle Sévérino avant son retour en gymnastique artistique aux jeux olympiques d’Athènes.  Être une référence internationale sur le plan sportif  est primordial mais il faut une volonté politique des instances responsables pour transformer l’essai. Être un des gymnastes les plus titrés n’a rien avoir avec un champion du monde de football. Je me suis rendu compte que je devais faire des études et aller moi-même chercher des expériences professionnelles  Parallèlement à ma carrière de haut niveau, j’ai obtenu deux masters, l’un en management des organisations sportives et l’autre en sport, expertise, performance de haut niveau.

Alex J. URI-Avez-vous pu exporter votre talent  et transférer vos compétences ?
Grégory ALCAN-  Oui. J’ai occupé différents postes tels que formateur au CREPS Île de France dans les formations des métiers de la forme (professeur de fitness). J’ai été conseiller d’animation sportive à la direction départementale de la cohésion sociale du Val de Marne. Je suis intervenu en qualité d’expert dans la coopération internationale du ministère de la jeunesse et des sports ainsi que dans de nombreux workshops pour différentes fédérations nationales de gymnastique (Japon , Venezuela, Allemagne, Afrique du Sud, Sénégal, Tunisie, Vietnam, Australie…). De 2008 à 2012, j’ai  été l’entraîneur de l’équipe nationale de gymnastique aérobic d’Iran. Je commente également les grands rendez-vous  de la gymnastique aérobic sur Sport-Plus ( Canal+)

Alex J. URI . Être sportif de haut niveau, est-ce que cela vous a épargné de la discrimination ?
Toutes mes expériences professionnelles se sont réalisées en dehors de la Fédération française de gym. Je n’en avais pas eu  le choix, parce que même quand j’ai postulé en qualité de technicien ou de bénévole, ma candidature n’a pas été  acceptée. En revanche, j’ai créé l’opportunité de travailler, de collaborer avec la Fédération de gymnastique iranienne. Les Iraniens sont alors passés du 30 ème au 7ème rang mondial en l’espace de 4 ans ! C’est une bonne chose d’avoir des organismes chargés de promouvoir la diversité et les minorités  mais il y a des combats stratégiques  que nous ne devons pas perdre dans ces domaines là. Il y a beaucoup d’originaires d’Outre-mer qui sont fort compétents dans de nombreux domaines  mais à qui on  n’offre pas l’opportunité de s’exprimer. C’est une richesse en moins pour une communauté qui a besoin d’excellence et qui, selon Manuel VALLS,   est « la meilleure réplique » au racisme. J’ai fondé une association développant des projets innovants, socio-sportifs culturels dans les quartiers de  Villiers-le-Bel, ma ville d’enfance devenu à mes yeux, ville laboratoire de mes expériences. J’irai en Martinique au mois de mai prochain pour lancer mes premières actions du même type au Lamentin.




Alex  J. URI ,  rédacteur en chef à la Direction de l’Information  régionale Il a été envoyé spécial permanent de la télévision  publique française auprès de l’Union européenne et de l’OTAN de 1990 à 2000

mercredi 15 avril 2015

Le bonheur se décline aussi en créole













Un coach de vie pour un bonheur créole



Olivier Bique  vient de Vieux-Habitants, une commune du sud  de la Guadeloupe. Il a la quarantaine  mais il a déjà une allure de sénateur, ce qui laisserait  présager une certaine  sagesse. Il a fait de nombreux boulots et  mais depuis quelques années, c’est un employé de la   régie des transports publics. Aujourd’hui, il a décide d’aider les autres  et  pour ce faire, il s’est transformé en coach de vie, une nouveauté américaine qui fait son chemin au quotidien et qui suscite bien des controverses. Le coach de vie passe partout , dans votre vie de couple, dans votre travail et vous promet  de tout régler quand cela ne va pas. J’ai rencontré Olivier Bique  dans un séminaire  qui avait pour thème «  business dans nos quartiers, l’entrepreneuriat dans des jeunes dans les quartiers populaires ». Je suis allé déjeuner  avec lui dans un  petit restaurant antillais  l’île aux bokits ( sandwich antillais ) à la place de la Bastille. Révolution. J’ai découvert un coach créole  pour le bonheur.  Alex J. URI

-Alex J. URI-En quoi consiste le travail d'un coach de vie?
-Olivier BIQUE-Contrairement à l’appellation, le coach de vie n'est pas celui qui dit comment vivre, mais aide les personnes, qui le souhaitent, à mieux vivre. Le coach de vie aide à reprendre confiance, vaincre sa timidité, apprendre à mieux communiquer, mais aussi, mieux aide à mieux se connaître, et savoir s'organiser, que ce soit dans le domaine personnel ou professionnel. 
A la différence du psychologue, qui apaise ses patients, en les écoutant. Le coach de vie, en plus de les écouter, trouve les mots justes, pour les booster.

-Alex J. URI- Comment êtes-vous devenu coach de vie?
-Olivier BIQUE- Celui qui souhaite devenir psychologue, doit suivre une formation universitaire, qu'il valide par l'obtention d'un diplôme, en revanche, pour celui qui veut devenir coach de vie, il n'existe aucune formation. Il existe des formations de coach, mais aucune formation de coach de vie, c'est surtout l'amour des autres, et l'envie de les aider, qui fait la différence.
J'ai tout d'abord été animateur radio, avant de devenir, pendant plusieurs années, animateur en clubs. Puis je suis devenu commercial, avant d'avoir envie d'aider les autres, de façon un peu plus active, en devenant, pendant plusieurs années, manager d'artistes. Et puis, plus récemment, j'ai décidé d'être coach de vie. C'est, en quelques sortes, une suite logique, après avoir aidé des personnes connues, j'aide, maintenant, des personnes anonymes.

- Alex J. URI-Quelle est la plus grosse difficulté du métier de coach de vie?
-Olivier BIQUE-La plus grosse difficulté du coach de vie, est d'arriver à prendre du recul, face aux situations, pas toujours très évidentes, que viennent lui livrer les patients. Car, libérer le patient du poids qui l'empêche d'avancer, c'est bien, mais cela ne sert à rien, si c'est pour le récupérer pour soi. C'est la raison, pour laquelle, il faut être capable d'évacuer, une fois la séance terminée.

- Alex J. URI-Quelle est votre plus beau souvenir de coach de vie?
-Olivier BIQUE-Lors d'une séance individuelle, avec une patiente, que j'ai su écouter, pour ensuite trouver les mots justes, pour la booster, et qui m'a dit, une fois la séance terminer, qu'elle se sentait beaucoup mieux, que lorsqu'elle avait été voir son psychologue.

-Alex J. URI- Si vous  deviez, en une phrase, donner envie de venir vous voir?
-Olivier BIQUE"Le doute et la tristesse ne sont pas des fatalités, toi aussi, tu peux reprendre confiance en toi"
Alex J. URI est rédacteur en chef à la direction de l’information régionale à France Télévisions




Nathalie COUTY, une belle voix de l'île Rodrigues










Nathalie COUTY & Alex J. URI dans les coulisses du Casino de PARIS 

Nathalie COUTY    le 5 avril au Casino de Paris pour le concert les divas de l'Océan indien




Nathalie COUTY a fait partie d’un spectacle inédit qui a  eu lieu le 5 avril 2015  au Casino de PARIS. Pour la première fois en France sur une scène parisienne, un grand 
concert  a présenté les plus belles voix féminines de l’Océan indien: la Réunion, l’île Maurice, Rodrigues, les Seychelles, Madagascar
De la soul, du reggae, du séga, pour les fans parisiens venant se mettre au diapason de la diversité musicale de la région.
Nathalie a fait parler d’elle grâce  son album Mo ti zil, sorti en 2003, qui comporte le tube du même nom. Dans une journal de l’île , elle a encouragé les femmes à se lancer dans une carrière artistique : «Il est temps que les femmes artistes à Rodrigues sortent de leur coquille. Je sais qu’il y a beaucoup qui ne veulent pas se donner à fond dans le domaine à cause des obligations familiales ou professionnelles. Je suis moi-même mère de famille mais je pense que quand on a une passion, il faut la vivre à fond.».
Je l’ai rencontrée  dans les loges des artistes au Casino de Paris. Nathalie  représente bien le métissage musical de ces racines créoles.
Alex J. URI




1-Alex J. URI- Nathalie Couty, vous venez de l'île RODRIGUES, dans l'océan indien?  Quels genres musicaux trouve-t-on dans cette île de rêve des Mascareignes? S'agit-il d'un mélange de rythmes saccadés d'origine africaine et de styles traditionnels africains?


Nathalie COUTY-Je viens de L'Ile Rodrigues, dans l'Ocean indien.  Chez nous, on danse le mazok ( connu chez vous comme mazurka), la polka, Le kotis (scottish), le sega tambour et le sega accordéon.  Notre musique est un mélange de musiques d’origine européenne et africaine.  D'après l'histoire, ce sont les esclaves qui ont entendu leurs maitres blancs jouer de la musique et danser, ils les ont imités et un peu apporte leurs touches à eux. 

2- Alex J. URI.Il y a le "segakordéeon" et le segatambour ? En quoi ces deux sega sont-ils différents?

Nathalie COUTY-Dans Le sega accordeon, il y a l'instrument accordeon qui est présent. Parcontre, le sega tambour, il; n'y a que les tambours et les autres percussions.

3- Alex J. URI -Depuis quand chantez-vous? Qu'est ce que cela représente pour vous d'être venue au Casino de Paris avec autant d'artistes de votre région?


-Nathaly COUTY-Je chante depuis a peu près 25 ans.  J'ai debuteédans le circuit hôtelier et je chante aussi pour des bals, des mariages et des enterrements.
Cela a été un grand honneur de chanter au Casino de Paris avec d'autres artistes. C'est surtout un grand rêve qui est devenu réalité, c'est a dire de chanter hors de mon île et me faire connaitre par d'autres publics que mauriciens et rodriguais.

4-Alex  J. URI . Il semble que vous ayez à Rodrigues, des musique, partageant les mêmes racines que celles des Antilles, par exemple la mazurka dit mazok dans votre île.
Nathalie  COUTY-C'est exact le mazok et la Mazurka.  Je ne savais pas si elle se dansait chez vous.  Je suis très contente de l'apprendre.

5-Alex J.URI-Quelles actions mène-t-on à Rodrigues  pour valoriser  cet héritage musical et culturel?

Nathalie  COTY-Dans toutes les fêtes culturelles, les danses folkloriques sont bien présentes et aussi quand il y a des salons touristiques, un groupe traditionnel  accompagne la délégation.

6-Alex J. URI. Que pensez-vous de l'ensemble du concert présenté aux parisiens?

Nathalie COUTY-Le concert a été très bien conçu et j'espère que les Parisiens ont apprécié ce qu'on leur a offert.

7-Alex J. URI-Accepteriez-vous de venir aux Antilles pour une expérience d'échanges avec d'autres musiciennes et musiciens?

 Nathalie  COUTY-Avec plaisir!  Ce sera un grand honneur pour moi et ce sera avec plaisir que moi je viendrai chanter pour les Antillais.

Alex J. URI est rédacteur en chef à la Direction de l'information régionale à France Télévisions

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dimanche 1 mars 2015

Mémoires d'un rhum vieux


























Mémoires d’un rhum vieux  

Je suis dans l’avion qui me ramène dans mon île natale où la tristesse m’attend. Je vais partager la douleur de la famille que je n’avais pas vue depuis longtemps.

Et pourtant, il m’est difficile de l’avouer mais mon esprit est ailleurs. Il continue de se promener avec le vôtre sur l’esplanade des Invalides. Dans la nuit fraîche, nos pas trouvent leur rythme commun. Nos mains s’effleurent et nos bras commencent à s’enchevêtrer. Nous sommes comme deux arbres à la recherche d’un jardin pour nous poser et  nous enraciner.

Depuis que vous avez  gardé la main sur mon ventre, j’ai l’impression qu’une partie de vous  a même trouvé refuge en moi. Dès que j’ai mis la ceinture de sécurité, j’ai ressenti cette chaleur qui avait  fait disparaître l’autre soir cette douleur  ainsi que  l’angoisse qu’elle provoquait.

Mes réticences  s’étaient évanouies au toucher  velouté de vos doigts massant mes cheveux multiculturels,  apprivoisant mon  bras droit  et mon chemisier en soie, devenu impatient. Je venais de décoller avec vous, serré contre ma poitrine  comme dans l’arrêt du bus et… j’étais sur un nuage avec vous, mon Alexander.

Malgré la veillée mortuaire à laquelle je vais participer, le retour au pays natal   me plongeait dans  l’ivresse. A peine, sortie de l’aéroport, cette chaleur venait m’accueillir et me posséder. Je sentais que ma peau se libérait, se décontractait avec quelques gouttes de sueur qui perlaient mon front. Le souffle de la brise,  me rappelant celui de vos lèvres, me chatouillait le cou. Je suis allé sur les mornes des Grands-Fonds près de l’usine sucrière qui fume encore. Un jus de canne tout frais m’a réveillé les papilles  et après un sandwich à la morue bien pimenté,  j’ai bu d’un trait un petit verre de rhum vieux, plein de mémoires d’esclaves.

Au loin dans la plaine en contrebas, une odeur de vesou parfumait la bananeraie. Dans le silence du crépuscule, des machines gourmandes broyaient des tas de cannes. Quelques vaches, presque immobiles et quelques paysans fatigués faisaient une pause à l’angélus. A quelques encablures de la plantation, je suis allé voir la merveilleuse case en tôle où nous pourrions jeter l’ancre.

Il pleut dans la montagne, c’est l’heure des pleurs avec la famille mais c’est aussi et surtout le moment de souvenirs qui nous rendent immortels. Enfin, je suis allé voir et entendre les vagues qui meurent et que le rivage fait renaître.

Extrait de «  Mémoires d’un rhum vieux »
Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris  le 1 mars 2015

                



vendredi 27 février 2015

Gisèle Pineau, Les voyages de Merry Sisal





"Merry Sisal incarne ces êtres humains 


  qui cherchent une terre d'asile"






Les voyages de Merry Sisal
     1.            Alex J. URI Le titre  nous interpelle sur  les  voyages de Merry Sisal  Voyager, c’est partir, c’est découvrir d’autres lieux, cultures, personnes et c'est aussi sortir de soi… Est-ce le cas de Merry Sisal ?
Gisèle PINEAU .Le tremblement de terre qui a touché Haïti le 12 janvier 2010 vient bouleverser la vie de cette jeune femme. Elle est contrainte de quitter son pays, sa terre, ses enfants. Son voyage n’est pas un voyage d’agrément, il s’agit plutôt d’un périple, d’une odyssée, d’une fuite en avant. Merry voyage physiquement mais aussi mentalement. Au long des pages, le lecteur découvre sa vie à Port-au-Prince, son amour pour un homme-oiseau, ses rêveries. Pour échapper à ses fantômes, aux visions qui la hantent nuit et jour, son esprit voyage en permanence, ce qui la sauve de la folie qui pourrait l’étreindre et la faire plier face à la brutalité de la réalité. Sous une apparence fragile, vulnérable,  Merry  est très forte, brave, intrépide.   Si ses voyages  sont souvent poignants et tragiques, ils se veulent également poétiques.  Semblables à la nature dans sa violence et sa beauté, sa tyrannie et  sa bienveillance.









     2.     Alex J. URI .Merry Sisal se trouve confrontée à des problèmes d’insertion dans une société qui aurait les mêmes racines que les siennes. De quelle manière s’adapte-t-elle ?
Gisèle PINEAU .A son arrivée à Bonne-Terre (une île française de la Caraïbe, ancienne colonie…), Merry va retrouver la communauté haïtienne installée sur place. Bien vite, elle va être embauchée par un couple de retraités qui vit sur le Morne d’Or, une résidence chic où sont regroupés des Français nantis. Entre ces deux mondes, Merry va tenter de se reconstruire, d’accepter sa vie brisée mais cependant épargnée par le séisme. La population locale est pétrie de préjugés envers les Haïtiens. Les racines communes semblent oubliées. Le passé glorieux d’Haïti est quasiment effacé des mémoires. Ne reste que cette xénophobie rampante qui mine les relations entre les deux peuples.   

     3.  Alex J. URI . Vous faites référence aux problèmes de l’immigration haïtienne en Guadeloupe. L’Histoire de l’esclavage est commune aux peuples de la Caraïbe. La fraternité est-elle rompue entre ces Afro-descendants ?
Gisèle PINEAU .Les habitants de Bonne-Terre se considèrent dans leur grande majorité comme supérieurs aux Haïtiens. L’Histoire est méconnue. La plupart vit d’allocations et des subsides de l’Etat français. La fraternité est précaire, sans cesse menacée. Les Haïtiens sont accusés de tous les maux et rejetés par une frange de la population de Bonne-Terre. Ils vivent souvent dans la clandestinité, piaffent devant la préfecture en espérant une régularisation de leur situation administrative, sont traqués par les forces de l’ordre et parqués dans des centres de rétention avant d’être renvoyés en Haïti en 48 heures. 
     4.            Alex J. URI .Quelle est l’histoire de Merry Sisal, votre héroïne ?
Gisèle PINEAU .Merry incarne pour moi ces êtres humains qui cherchent une terre d’asile partout sur la terre. Ils fuient la misère, la guerre, des pays exsangues, des dictatures, des lois perverses, des persécutions, des catastrophes naturelles...  Hommes, femmes et enfants… Ils errent sur la planète, embarquent dans des bateaux sans la garantie d’arriver à destination, ils prennent la route sans papiers, ils courent sans souliers, les pieds en sang… Et ils meurent dans l’indifférence des mondes nantis.  A travers le personnage de Merry Sisal, ce sont toutes ces histoires là que je raconte …
     5.            Alex J. URI  Dans son désespoir connaît-elle des moments d’espoir ?
Gisèle PINEAU  Oui, je ne veux pas désespérer… Cela peut paraître naïf, mais j’espère un monde meilleur. Je rêve de paix pour les êtres humains en souffrance C’est pour ces simples raisons que j’écris des romans.

Gisèle Pineau est l’auteur notamment de La Grande Drive des esprits (Grand Prix des lectrices de Elle), Chair piment (prix des Hémisphères Chantal Lapicque) et Cent vies et des poussières.

Alex J. URI  est rédacteur en chef  à la direction de l'information régionale de France Télévisions .  Il est l'auteur de Musiques et Musiciens de la Guadeloupe et d'Alexander et Teresa.