vendredi 28 novembre 2014

L'horizon se marie




















L’horizon se marie



« Je voudrais  vous épouser  et faire le tour de l’île à pied, avec vous, en robe de mariée.
J’aimerais gambader sur la plage avec les cocotiers qui se penchent  pour entendre nos lèvres gourmandes et nos délires d’amour

 Je verrais mourir à nos pieds les vagues qui nous lèchent mais renaissent aussitôt sous nos pas, lesquels disparaissent sur le sable assoiffé  de flux et de reflux de la marée montante.

Nous pourrions ensemble contempler l’horizon, nous révélant son  infini et nous exposant le camaïeu de bleu que le ciel et la mer renouvellent sans cesse pour que l’Esprit nous inspire et nous sanctifie dans ce décor paradisiaque.

Tout à coup, au loin, une barque surgirait. Un pêcheur  avec un geste de semeur lancerait son filet pour pêcher le poisson et rechercher nos âmes dans ces fonds abyssaux.

Nous irions goûter à l’ivresse des letchis  et faire nos « ablutions »aux chutes du Carbet avec nos dieux omniprésents.

Tous  ceux et celles qui vous aiment viendraient saluer cette princesse indienne en sari avec un bouquet de lilas mauve sorti de l’archipel de son prince Alexander. »

Extrait de Anjika &  Alexander by Alex J. URI
Paris le 29 novembre 2014





samedi 22 novembre 2014

Un poisson dans la barrière de corail























Un poisson
dans la barrière de corail


« L’ombre de la méchanceté dissimulée par une compagne hostile, prenant le masque de la bonté, vient assombrir la blancheur des draps de leur lit à baldaquin.

Il fallait donc s’attendre à des mascarades d’amour, des mensonges à dose homéopathique, émergeant d’un esprit et d’un corps pourris mais surtout pailletés d’or et parfumés  pour mieux tromper.

C'était là la violence, celle qui ne faisait pas la une des journaux. Elle s'affublait d'une maltraitance politiquement correcte. Cette malhonnêteté insaisissable au premier abord vous arrachait le nombril dans une douleur muette. Alexander voulait pouvoir l’expliquer mais il n’en n’avait plus de temps. Il était pourtant pour la liberté et l’indépendance des êtres.

De père inconnu, elle ressentait la loyauté comme du luxe et elle préférait la dimension érotique du portefeuille. Dans cette société des Alizés, l’essentiel était de paraître. Paraître, cela sonnait à ses oreilles comme paître. Or, pour lui, il s’agissait d’être debout.
En conséquence, ils étaient ensemble sans jamais être face à face. C’était là aussi une autre forme de violence.

Anjika, l’indienne, truffée de tendresse, expliquait, avec amour, à Alexander ce qu’il n’avait peut-être pas compris dans le scénario de son passé. En effet, dans son assiette, certains poissons, à l’image de sa mégère, avaient séjourné dans les récifs coralliens, abritant des algues qui pouvaient intoxiquer la chaîne alimentaire.

Comme quoi quelques grands poissons prédateurs, infectés près de la  barrière de corail, étaient susceptibles de vous réserver  un beau petit poison  que vous preniez  pourtant plaisir à digérer.
Alexander avait tout de même sur survécu en renaissant et en nageant dans des eaux plus tranquilles. » 



Anjika et Alexander, "Un poisson dans la barrière" de corail by Alex J. URI Paris 22 /11/2014 et19 août 2013

vendredi 21 novembre 2014

Une rivière en émoi
































        Une rivière en émoi




Je vis avec  vos fragilités, vos incertitudes, vos  blessures mal soignées, sans que  vous ayez un  coup d’œil  sur ma corbeille d’espoir et sur le  bouquet de  fleurs que  je vous apporte chaque jour.

Je n’arrive pas à comprendre que vous restiez sourde  aux murmures  de mes lèvres.
Je n’arrive pas à comprendre que mon regard d’enfant  en quête de tendresse vous laisse indifférent.

Je n’arrive toujours pas à comprendre que vos vertèbres  soient devenues inaudibles.
Des profondeurs de mon être, j’éprouve ce désir irrésistible de  vous  voir, de vous entendre, de vous enlacer, de vous embrasser et de ne jamais plus vous laisser.

Tout cela fait en moi le bruit  d’une rivière en émoi, gonflée par la pluie qui danse, les eaux qui ruissellent  et une nature verte en pleurs.

Vous ne comprenez pas que le désert guette  vos pâturages. Votre vie ressemble à un arbre qui perd ses feuilles, ses branches que pourtant le ciel arrose. Il s’enduit d’une pellicule  étanche de déception et de méfiance  issues de votre passé. Bientôt, il ne va plus porter des fruits.

Comment alors pouvez-vous  ressentir  et vous mettre à l’écoute  de qui coule en moi, dans les recoins  inviolés de mon  corps, de mon esprit et de  mon âme ?

Comment  pourrais-je organiser cette transfusion qui fait de moi, vous et qui fait de vous, moi, pendant  nos échanges visibles et invisibles.

Comment pouvez admirer la beauté de l’arc-en-ciel quand vous ne savez plus où se trouvent les cieux ?

Princesse « S » by Alex J. URI
Paris le 21 novembre 2014



mercredi 19 novembre 2014

Mon plus bel été indien






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Mon plus bel été indien

Par un matin d’automne,  je voyais votre image dans ses feuilles qui tapissaient la pelouse de l’hôpital. Tout en marchant,  je m’amusais à faire un fondu enchaîné avec les autres souvenirs que j’avais de vous. J’admirais l’arbre qui perdait ses feuilles en catimini  et qui devait bien pleurer de se sentir dénudé tout en décorant le sol  d’une saison jouissant de la débauche de ses couleurs. 

Avec le soleil coquin et un tantinet provocateur, j’avais l’impression d’être séduit par l’été indien avant l’hiver. Comme  mes  amis indiens d’Amérique, la nature m’indiquait ainsi  le moment de chercher le bois      et la tente qui me chaufferaient  quand la terre subirait  le froid et que tout germerait  sous les feuilles, devenues nourricières d’un utérus prometteur du printemps

J’étais  comme un fœtus  bercé dans votre ventre  et ressentant les chaleurs de vos envies de femme enceinte. J’ai encore bien inscrit dans mes cellules le désir impétueux de ma mère  de manger des vivaneaux, ces poissons rouges tropicaux, synonymes, dans nos menus,  de plaisir, de joie et de richesse.
Alors j’ai ressenti le cordon ombilical, invisible et extensible, qui me reliait à vous. Je cherchai à vous voir, à vous revoir, à rire avec vous, à surveiller le moindre petit coin de votre chair qui me donnerait du stress et réveillerait  un appétit de fin gourmet.
Nos esprits cohabitent déjà nuit et jour et jouent à cache cache. Ils ondulent.

Je suis venu vous rendre visite pour ne plus repartir sans vous. C’est  un cadeau du Père Noël que vous pouvez toujours refuser. Je vous conseille de l’ouvrir et d’y goûter…il y aura des réjouissances à la carte, des fêtes à géométrie variable, de l’amour en pleine transition énergétique et surtout, du bonheur à développement durable.

Extrait de Princesse « S » by Alex J. URI

Paris le 19 novembre 2014

Les confessions du Père Joseph

























Les confessions du Père Joseph




« Dans nos îles, face aux violences qui nous étreignaient, nous devions garder notre lucidité et trouver le chemin du recueillement pour comprendre.
Des vies étaient fauchées comme si  quelque chose avait forcé leur destin. Le fatalisme, la résignation, la croyance en Dieu ne suffisaient  pas à nous apporter des éléments de réponse qui rassuraient. Il y avait là, me semble-t-il , des erreurs de diagnostic. Notre raisonnement était basé sur le fait que notre île était paradisiaque, que c’était une oasis du Bien. Or les crimes commis devenaient inattendus, spectaculaires et effrayants.

Père JOSEPH avait les oreilles du confessionnal. Les fidèles avaient déserté progressivement l’église  mais quand il fallait s’alléger du fardeau des péchés, les croyants retrouvaient les vieux réflexes salvateurs. Le curé découvrit alors que la sorcellerie était ancrée dans les mœurs  d’une société néocoloniale.  Sans jouer aux psychiatres, on occultait un fait essentiel, celui que le Mal avait lui aussi son don d’ubiquité.

Il y avait une souffrance qui s’habillait et se déguisait. Elle venait de cette violence des rapports  conflictuels dans les domaines de la culture, de l’économie et de la politique. Ce contexte favorisait les fragilités, les instabilités et un terreau pour une détresse créole.  La religion devenait une protection contre la détresse, le quimbois aussi.
Selon « Padre »Joseph, la quimboiserie était en plein essor. Des familles s’y adonnaient  pour briller  dans une logique de compétition malsaine,  de jalousie, de haine. Les comportements se révélaient aussi pervers  que les effets de la mondialisation  qui faisait imploser ces sociétés apparemment modernes mais profondément ancrées dans  un néocolonialisme viral.

C’est donc ainsi que les âmes se déstructuraient et que le corps social se délitait
Nos sociétés surfaient sur des crises comme sur des vagues et dans la tourmente, nous vomissions nos méchancetés.
L’homélie du curé s 'apparentait à un appel au secours. La vigilance s’imposait  alors pour le respect de nos identités et de nos libertés.
Nous devrons, sans aucun doute, prier ensemble quand c’est possible, pour réparer les âmes qui partent à la dérive et retrouver ainsi la paix dans le tréfonds de notre inconscient collectif.

Extrait de Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI
Paris le 19 novembre 2014








lundi 17 novembre 2014

La peur du pélican



















La peur du pélican


« De votre colère, protégez notre île.
Je suis comme un pélican effrayé  par le ciel  bleu  d’azur qui s’assombrit  sur les cimes de la montagne
Les collines disparaissent sous des nuages protubérants
Je regarde la poussière qui saupoudre le vert d’émeraude, tapissant les plantations.
Je n’aperçois plus les chutes d’eau qui font jouir le volcan.
Je me prosterne sur le rivage d’où je peux tout voir et mes genoux s’enfoncent dans le sable.
En relevant la tête, je repère au loin cette masse visqueuse, fumeuse et rougeoyante,  déchirant le flanc fissuré  d’un cratère qui   crache et vomit sa rage.
Le soleil interroge. Il est midi. Les cloches sonnent. Les klaxons ont perdu la raison. Les paroles sont des cris. Les rues prennent des allures de carnaval. Il y a des enfants qui pleurent. Les cochons domestiques s’évadent. Les chiens, les chats, les vaches aussi. Les cabris du temple indien  s’éclipsent. Sauve-qui-peut !
Le cauchemar de la catastrophe multiplie ses visages de  désolation et toutes ses beautés tropicales ont des mines patibulaires
Il y a ce manguier centenaire qui m’interpelle et je m’y abrite, bénéficiant de  la brise de mer qui m’apaise. Le souffle, c’est l’espérance.
Je crois fermement que le Tout-Puissant peut tout arrêter et que le Très Miséricordieux  a la clé du pardon.
Agenouillé, le front collé sur les racines de cet arbre, mon lien avec  avec le ciel, j’implore.
Une nuée de papillons fait  un cercle autour de nous.
Trois  colombes, accompagnées d’un homme oiseau, surgissent de la Pointe à zombi.  Ils font avec des milliers d’espèces paradisiaques, un immense anneau autour de l’île aux belles eaux. Et le volcan s’essouffle, c’est  l’heure de  l’Angélus.  Cet archipel de verdure sous les Tropiques peut enfin connaître la paix et le bonheur mais aussi le retour de ces pélicans.

 « La peur du pélican »
Les rêveries tropicales  by Alex J. URI
Paris le 14-17novembre 2014



mardi 11 novembre 2014

Paix et bonheur






























Paix et bonheur



Ma bien-aimée, 
j’implore la Providence 
que je sois un outil de sa paix 
et un instrument de votre bonheur.

Là où il y a de la division, que je rétablisse la réunion.
Là où vous doutez, que je tisse votre foi.
Là où il y a de l’obscurité, que j’éclaire votre chemin. 
Là où les vagues meurent, que le rivage les fasse renaître.
Là où nos affronts s’entrechoquent, que le pardon apaise.
Là où il y a du malheur, que notre bonheur s’impose.
Là où il y a le souffle, qu’il y ait de l’espérance
Là où vous êtes triste, que je vous apporte la gaieté.
Là où nous avons froid, que le soleil de nos îles nous réchauffe.

           Princesse « S » by Alex J. URI 
          Paris, 11 novembre,2014

dimanche 9 novembre 2014

Un amour flamboyant







Un  amour flamboyant

Alexander lui avait tressé des mots d’orfèvre  pour lui exprimer son amour flamboyant.  Des mots qui l’embellissaient. Des mots qui lui collaient au corps. Des mots  qui rendaient fébriles ses lèvres. Des mots qui affolaient son cœur déjà fragile. Des  mots qui allumaient cette  passion qu’elle voulait ignorer. Des mots qui allaient la phagocyter…

 …Elle, c’était Anjika qu’on lui avait pour ainsi dire doucement injectée. Elle se mettait sous perfusion de la tendresse de ses baisers qu’il devinait. Il ressentait une chaleur intraveineuse quand son regard plein de désirs l’hypnotisait. Elle était comme un hibiscus bronzant au soleil sous une bruine qui embrume…

Les rêveries tropicales d’Alexander  by Alex J. URI
Paris 12 mars 2014








lundi 3 novembre 2014

Murmures de l'infini











    

Murmures de l’infini



« Il y avait  bien longtemps que j’entendais vos prières. Elles arrivaient de loin  comme des murmures de l’infini, sortant des ténèbres, des brouillards et des  brumes.

Quand le sommeil m’emportait, mon âme  allait dans de grands  espaces  pour se mettre à l’écoute de  ces messages  venant de la galaxie.
Apparaissaient alors dans le ciel les grains d’un gigantesque chapelet  qui avançait  à mesure qu’une main l’égrenait. Les nuages  s’illuminaient  pour se transformer  en une sorte de vapeur brumeuse  avec une lumière diffuse.

Me voila téléporté et retrouvant mon âme, j’avais dans mes bras un enfant qui n’était pas le mien  mais mon sang coulait dans les veines de cette créature qui venait d’arriver d   ans ce monde .
Il tenait dans la main droite un parchemin, un message de l’au-delà là où il avait été conçu. Dans ces lieux mystérieux, nous n’avions aucun secret de ce qui faisait la vie, ni de ce qui donnait le souffle  mais nous étions absolument sûrs que l’Esprit émergeait de nulle part.

Le chérubin semblait servir de réponse de la Providence à mes multiples invocations dans des églises, des temples, des synagogues et des mosquées.
Ses yeux étaient  encore fermés à la lumière mais en entendant ma voix, il commença à chercher mon regard. Je fis un signe sur son front et l’accueillit avec une oraison.  Il  avait l’air de sortir d’un tunnel  grâce à mes paroles qui le guidaient. Il donnait l’impression d’avoir  en lui mon registre vocal ainsi que le contenu de mon message. Il réagissait en fait à chaque phrase que je lui instillais  doucement, passionnément et avec la foi d’un moine entre le ciel et la terre.
Des fleurs sortirent de sa bouche du nourrisson et  nous fumes au beau milieu d’un champ  de lilas mauves comme le bouquet que m’avait donné  ma  grand-mère, Man  Nor dans ce rêve où nous étions en couple.
Un vent  se  leva et créa un tourbillon, le parchemin  s’ouvrit et laissa échapper un grand  et beau papillon qui se mit à tourner  avec le  nouveau né ou  au dessus de ma tête.
Je finis par en avoir le vertige et quand  je retrouvai mon équilibre, ce fut  dans  un paradis qui venait de se métisser dans le secret. L’enfant avait disparu mais Princesse , hébétée,  avec vos cheveux sauvages, vous étiez dans mes bras , me couvrant de baisers exotiques et de louanges pour l’éternité. »
Extraits  de Princesse « S » by Alex J. URI 

Paris, november 2, 2014