samedi 8 décembre 2012

Océane: la voyance et la crise











Océane : la voyance et la crise


Alex J. Uri : Bonjour Océane, vous êtes médium et vous vous qualifiez d’ « international ». Quels sont les critères  utilisés pour évaluer l’activité de quelqu’un comme vous ?
Océane : Tout d’abord, je suis médium pure, c’est-à-dire j’utilise aucun support pour prédire une partie du destin. Je capte le destin par l’intermédiaire de l’esprit. Je suis sollicitée par diverses personnes de tout horizon qui me consulte la plupart du temps par téléphone à partir de leur pays.

AJU: L’économie de la voyance est à l’évidence de plus en plus florissante. Les cabinets se multiplient. Les voyantes travaillent sur internet, par téléphone ou sms. Alors comment distinguer les vraies des fausses voyantes ?
Océane : Le plus souvent les clients ont à faire à des voyant (es) ou à des médiums, et pouvoir faire la différence entre les deux est très importante. La voyante se pratique toujours avec des supports (divers cartes, runes, numérologie, pendule etc.) qui lui permettent de faire des prédictions pouvant arriver à 15 ans plus tard. Par contre le médium pur va dans le sens du destin que l’on ne peut contredire étant donné que ceci est tracé depuis la naissance et mes prédictions vont sur une période de 3 à 4 ans. On reconnait les faux voyants/médiums par leurs complaisances sachant que la plupart pour ne pas dire la quasi majorité laisse le client détailler sa vie voir son problème pour qu’après ça devienne une séance de psychothérapie voilà où se trouve l’arnaque alors que la vraie voyante/médium ne laisse guère parler son client. Ce qui veut dire que les vrais voyants, voyantes/médiums sont capables de tout détailler sans que vous ne leur posiez de questions.

AJU: Comment travaillez-vous ? Quel est le profil de votre clientèle ?
Océane : Comme je l'ai indiqué précédemment, je travaille sans support à tout moment, à tout endroit, ce qui ne m’empêche pas de répondre aux attentes du client. J’ai un débit très rapide et je capte tout (famille, ami, santé, sentiment, professionnel, drogue, meurtre, suicide, voyage, défunt, justice). Je ne  fais aucune complaisance et suis très discrète. Je pratique depuis plus de 35 ans et ceci sans aucune publicité. Mes compétences ont  été reconnues de bouche à oreille, raison pour laquelle j’ai une clientèle très variée de tout niveau social.

AJU : La demande est-elle forte à cause de la crise économique ou de ce monde violent ?
Océane : Le marché de la voyance et de la médiumnité a toujours existé et très sollicité depuis des temps. On ne note aucune baisse de la demande de la part des personnes qui veulent connaitre leur avenir.

AJ U : Les gens ont-ils besoin de se confier ?
Océane : J’ai pu constater qu’énormément de gens se confiaient aux médiums et aux voyants. En ce qui me concerne, je commence à faire une partie de leur destin, une fois terminé je suis à leur écoute.

AJU : La voyance est-elle une sorte de vache à lait qui nourrit toute une série d’acteurs économiques tels que les opérateurs téléphoniques et les banques ?
Océane : Je pense qu’il est important de préciser que la vraie voyance et la vraie médiumnité valent leur prix. Il est important aussi que chaque intervenant dans le dispositif qui permet aux acteurs et actrices du secteur puissent vivre de leur métier.


Décembre 2012










mardi 11 septembre 2012

Alexander & Teresa " la nouvelle vie d'Elisabeth"




  Alexander de GUADELOUPE &  Teresa de TRINIDAD
By Alex J.URI
Feuilleton été  2012/Episode 30
Elisabeth s’était repliée dans la banlieue parisienne comme beaucoup d’originaires d’Outre-mer  au moment même où la guerre d’Algérie était devenue un conflit sanglant. La conquête de l’indépendance demandait de la détermination et du sacrifice. Sur le plan personnel, Elisabeth était  prête en payer le prix pour se libérer d’une relation qui l’emprisonnait. AJU

 « La nouvelle vie d’Elisabeth »
Elisabeth était marquée dans sa chair et  dans son âme par le scandale que sa liaison  adultérine avec un notable de sa bourgade avait provoqué. Elle collait même à l’actualité qui  empoisonnait la vie de tous les jours à Paris depuis huit ans. En  mars 1962, son état d’esprit correspondait un peu à  celui de cette Algérie  déboussolée qui sortait  d’un conflit sanglant. Elle aussi avait perdu du sang et des enfants mais   à cause des avortements causés par le Dr SAM




ARI. C’était aussi une guerre, déclarée dans le secret, pour prendre à sa cousine un bonheur qu’elle convoitait. Elle se retrouvait comme et avec les Pieds noirs qui avaient fui un pays qu’ils aimaient, parce qu’ils n’avaient pas le choix. Dans le même temps, comme les Algériens en quête de liberté, elle éprouvait les douleurs et  les plaisirs  de l’indépendance.
Elisabeth était arrivée  en France avec un moral au plus bas. La morosité la rongeait. Elle ressassait sa décision d’avoir  quitté amant et enfant. A la manière des partisans de la libération d’un pays, elle avait longuement mûri sa stratégie face à celui qui la colonisait. Elle avait même différé de semaine en semaine l’assaut, avant de passer à l’offensive.  Départ irrévocable. Elle avait fait sauter les ponts qui la reliaient à l’influence possessive du Dr SAMARI. Du même coup, elle avait  coupé le cordon ombilical qui l’attachait à sa terre natale. Il lui fallait  gérer à la fois la rupture avec celui qui avait  la clé de ses entrailles, le serrurier des portes aujourd’hui  fermées de sa jouissance.  La rupture avait aussi enfanté une autre séparation qui lui donnait parfois un sacré mal de tête. En effet, penser à son ange créole lui rappelait la tentation de ce démon qu’elle aimait tant. Elisabeth ne comprenait toujours pas quelle alchimie incontrôlable avait transformé son plaisir amoureux en déshonneur. L’amour du Docteur SAMARI l’avait grisé et  les moments passés avec lui se fixaient dans les décors d’un monde paradisiaque. Pourtant, son rêve avait les limites que lui imposait la réalité. La rupture s’accompagnait alors d’un héritage qui avait un visage, celui de la petite Teresa. Blanche créole, elle revenait sur des terres qui avaient engendré d’autres ruptures avec ses  parents. Elisabeth se sentait ainsi comme une belle étoffe souillée qui se déchirait et dont les morceaux, livrés au vent, s’éparpillaient dans la fraîcheur d’un printemps, subissant l’hypocrisie d’un rayon de soleil. La France sans l’Algérie devait s’adapter et Elisabeth sans les Antilles-Guyane avait migré comme beaucoup d’Antillaises des années soixante. Elle devait « s’acclimater ».La France sans le soleil des tropiques était devenue ou perçue pour beaucoup comme une terre de promotion  et d’ascension sociale. Elisabeth, propulsée dans la découverte d'une nouvelle vie, habitait chez sa sœur dans la banlieue sud de Paris et y avait trouvé un emploi. Elle pensait bien sûr à TERESA,  caressait même l’idée  de la faire venir, mais la vie dans l'hexagone n'était pas facile, surtout pour y élever un enfant, seule. Alors les jours  passaient, les mois et les années aussi.
 Le silence de sa maman commençait à peser  et elle s’était résignée au bourdonnement de Man ROSITA. Cette  nourrice était un véritable essaim d’abeilles et Teresa lui servait de ruche. Les activités de Man ROSITA dépassaient allègrement la mission qu’on lui avait confiée. Les nouvelles de Teresa qui parvenaient à Elisabeth n’étaient  pas toujours rassurantes quoique folkloriques. Elle  avait  appris  ainsi par sa sœur  dans l’île de Madinina  qu’on avait « découvert » Man ROSITA dans des « séances de sorcellerie ». Alors qu'elle était  en vacances avec Teresa dans la famille d’Elisabeth, Man ROSITA  s’était livrée sans aucune crainte à une activité polyvalente et multiculturelle relevant du sorcier en herbe, de  l’apprenti guérisseur et du prêtre exorciste. Man ROSITA en sueur fut surprise en train de faire des incantations autour de Teresa, elle même couchée sur un lit entouré de bougies. Man Rosita prétexta avoir trouvé une manière de soigner les crises d'asthme que Térésa faisait régulièrement,  sans se préoccuper, à l’évidence, du fait que sa démonstration incantatoire et carnavalesque ne lui épargnait en rien un incendie infernal  dans la case en tôle. Miracle, une main divine avait tout éteint. Dieu en profita pour extraire Teresa des mains de Man ROSITA  visiblement en  transes. Elisabeth demanda de lui renvoyer   sa fille  âgée de six ans. Le bonheur avait frappé à sa porte. Il s’appelait Théophile de TRINIDAD.
©2012 Alex J. URI  Alexander de Guadeloupe  et Teresa de Trinidad





lundi 3 septembre 2012

Alexander & Teresa "les lieux de mon père"






Alexander de Guadeloupe et Teresa de Trinidad
By Alex J. URI
Feuilleton été 2012/Episode 29
 « Les lieux de mon père »

L’adultère mis au grand jour, Docteur SAMARI  ne quitta ni femme, ni enfants  et on  ne l’apercevait, pendant un certain temps, que grâce à un rayon de lune inattendu et cafardeur autour de son domicile. Quand à la malheureuse Elisabeth, elle s’était envolée vers d’autres horizons en France. Elle confia la destinée de la petite Teresa    âgée de 3 ans,  à sa nourrice Man ROSITA. La vieille fille de 40 ans ne manqua de donner un certain éclat  à la mission dont elle avait était investie. Elle était bien décidée à multiplier les tentatives pour briser le foyer du Docteur SAMARI et de faire revenir Elisabeth pour qu’elle devienne le cas échéant la nouvelle épouse du médecin. Officiellement, en bonne catholique pratiquante elle se tourna  vers l’église. Au vu des résultats dérisoires à ses yeux, elle s’était abonnée chez les quimboiseurs. Ainsi le scandale du berceau  fut appelé par les mauvaises langues le berceau du  scandale. Dans ce contexte de rumeurs, de mensonges et de faux-semblants  que Teresa a grandi.AJU 


Docteur SAMARI entrait à l’église  comme s’il portait une calotte  sur la tête.  Il ressemblait  au cardinal sud-africain Desmond Tutu mais avec les cheveux d’indien et une peau métissée d’Afro-caribéen. Sa femme blanche créole suffisait à l’absoudre de certains péchés et son porte-monnaie avait  à la fois une dimension  érotique pour d’autres femmes créoles et bien évidemment, humanitaire  pour la quête du dimanche. A première vue, le médecin de la commune  était au dessus de tout soupçon  pour l’évêque et ses vicaires.  On ne le voyait pas souvent au confessionnal mais il jouait régulièrement à belote avec le curé de la paroisse. Il s’assurait une  bénédiction permanente lui permettant de chasser les mauvais esprits que lui expédieraient les   « gadè  zaffè », les quimboiseurs impénitents.

Dans ce paysage, Man Rosita  faisait figure de petite diablesse à contrôler. De toute façon, les prêtres s’en chargeaient en lui demandant de faire pénitence et neuvaines ce qui devait occuper son temps. Cependant la malheureuse  se faisait une idée bien différente de la mission salvatrice et par conséquent, sanctifiante qui consistait à s’occuper  de la bâtarde du Docteur SAMARI.
En effet, elle estimait devoir être bénie de  Dieu pour avoir accepté de s’occuper de Teresa. La petite Teresa n’avait plus de famille.  Son père représentait  tout juste un géniteur, abusant  d’un certain narcissisme phallique  et  sa mère, désespérée de son statut de maîtresse, avait mis les voiles.
Man ROSITA faisait de son mieux pour prodiguer de bons soins à Teresa. Elle entendait  lui construire une éducation  de classe et de race vu le   rang de ses parents dans cette société parfumée de néocolonialisme bon enfant.  Cependant ROSITA cumulait les handicaps : vielle fille de quarante ans , nourrice pleine de bon sens mais de compétence limitée pour cette ambitieuse  prise en charge, commère invétérée dans le prolétariat  et complexée par sa négritude,  à ses yeux, sans appel.

ROSITA, habituée aux travaux de la plantation, avait de la résistance et de  la fierté.  Elle était de ceux  qui répétaient comme une litanie que  les nègres devaient se débarrasser de leurs vielles chaussures. Elle prenait très au sérieux son rôle de mère de substitution .Il lui arrivait même de proposer le sein à l'enfant, alors même que Teresa avait été sevrée depuis  les calendes grecques.  C’était désespérant mais ô combien émouvant. Teresa avait un père et une mère inaccessibles au quotidien mais aussi une nourrice dépassée par les événements. Elle espérait probablement compenser un éventuel manque chez la petite tout en comblant un désir de maternité qui devait la tenailler.

Alors, ROSITA d’abord  hésitante, a décidé d’affronter les regards  car le scandale autour du berceau illégitime avait marqué les esprits. L’homme de la rue  s’octroyait un plaisir de voir à quoi ressemblait le fruit des ébats interdits entre Elisabeth  de LASSO et le Docteur SAMARI . La nourrice avait donc quitté son air de religieuse  pour une démarche d’esclave libérée. Elle affichait  sa fierté  de "descendre" la rue principale de la commune les jours de grand marché, la petite Térésa à son bras chaussée de souliers vernis et vêtue de taffetas. A leur passage, les regards les plus inquisiteurs se détournaient mais dès qu'elles avaient le dos tourné les langues se déliaient. ROSITA faisait la une de la chronique scandaleuse. Ainsi Le "cancan" du jour tournait autour des frasques  de la famille SAMARI. Man Rosita n'en avait que faire, ses chevilles ne "désenflaient" pas, tant c'était pour elle un honneur et un privilège d'avoir la garde de la fille de Docteur SAMARI. Elle pavoisait parce qu’elle allait enfin pouvoir négocier en tête à tête  avec le  docteur qui avait tout intérêt à bien se tenir.


Docteur SAMARI  semblait tout de même affecté par le départ  de sa maîtresse. Il devait redorer discrètement son blason  en  jouant au  géniteur  repenti. Il se rendait disponible à la demande de Man ROSITA et supervisait  l’emploi de sa fille Teresa. Ainsi la semaine de Térésa était rythmée par une messe quotidienne à 5 heures et une distraction hebdomadaire : la "sacro-sainte" promenade du dimanche en automobile, avec son père. Sans jamais y déroger, ce dernier passait la chercher ce jour là, à 10h sonnantes, avec un pain aux raisins.

 Le moment choisi par Docteur SAMARI correspondait à celui de la messe dominicale qui rassemblait toute la bourgeoisie de la paroisse, assise aux premiers rangs. Notre honorable médecin prenait toutes les garanties pour éviter  rencontre compromettante .Il empruntait  alors les routes désertées de la campagne. L'itinéraire rigoureusement immuable. Teresa s’en souvenait encore bien  des années après. Ce rituel se terminait par le  petit punch (sirop de canne, rhum et citron vert) qu'il prenait le temps de siroter avec Man Rosita. Cette dernière en profitait pour  lui faire le compte-rendu de la semaine, mais surtout la liste de ses nécessités qui s’allongeait.  L'enfant grandissait... autant que ses besoins et ceux du "quimboiseur" qui en demandait toujours plus. Dr SAMARI faisait preuve de générosité.  L'esprit apaisé et la conscience tranquille, il pouvait  ainsi  rejoindre sa famille légitime pour le repas du midi.


2 septembre 2012

©2012 Alex J. URI  Alexander de Guadeloupe  et Teresa de Trinidad
 alexanderetteresa@gmail.com

jeudi 30 août 2012

Alexander et Teresa "Querelle sous l'oreiller"






 Alexander de Guadeloupe et Teresa de Trinidad
By Alex J. URI
Feuilleton été 2012/Episode 28

 « Alexander,

Vous m'amusez, oui vraiment !
Il m'arrivait de sourire en vous imaginant mais je dois vous avouer que la lecture de votre lettre me rend quelque peu narquoise.

Si la mienne vous a fait l'effet d'une alerte cyclonique, j'en suis navrée, ceci dit, je vous rappelle que les alertes passent et repassent sans pour autant que les cyclones ne dévastent les pays.
Je regrette vivement que vous ayez été effrayé au point d'en oublier de vous réfugier sur la montagne fumante et protectrice, mais était-ce la pleine lune ?

Je ne suis pas indignée juste dubitative face à vos efforts de conquête si effrénés que vous en oubliez la notion de l'autre et son espace, tout obnubilé que vous êtes à vouloir juste le posséder, donc, en  l’occurrence, me posséder. Je sais que vous ne supportez point mes relations avec mes  directeurs de conscience qui,  a vos yeux,  ne sont pas favorables à notre relation.

Quant à mes désirs insatisfaits et mes regards concupiscents, je crains fort que vous ne projetiez sur moi tout ce qui, en ce moment,  agite vos nuits.

Quel intérêt  auriez-vous à investir en moi   sinon celui de  me faire  grossir les rangs des courtisanes délaissées dans votre jardin d'Eden tandis que vous courrez encore et encore vers d'autres paradis exotiques ? Je sais que vous, venant des colonies, vous  avez l’habitude de justifier vos appétits  en faisant référence aux séquelles de l’esclavage.

Néanmoins, j’ai du respect pour votre grand-mère Eléonor qui a bien enduré cette période là mais par pitié laissez-la donc reposer en paix sans lui attribuer la distribution des rôles de chacun. C'est bien vous qui aimeriez  que votre volonté soit faite aussi rapidement que possible.
 J'ai bien peur que nos aspirations respectives en matière d’expressions amoureuses ne soient non seulement opposées mais complètement incompatibles. Cependant, Alexander, depuis que  je vous ai rencontré, vous avez troublé mes hormones  et réveillé mes phéromones. Alors oui, nos têtes se tutoieront encore, nos corps s'enlaceront à nouveau et vous me verrez nue puisque vous en rêvez.
 Je vous laisserai même croire que vous parlez d'amour mais n'oubliez jamais qu'Il en est Un au dessus de vous qui Lui me parle d'Amour en Vérité. Ayant séjourné à l’île de la Réunion, je  souhaite de Notre Dame de la Délivrance, patronne de l’église du Bas-de-la-Rivière à Saint Denis  vous guide vers  la paix et la sérénité, vous permettant d’atteindre, aujourd’hui et toujours, un bonheur  profond,
Je vous confie à Elle, avec ferveur.

Teresa. »
©2012 Alex J. URI  Alexander de Guadeloupe  et Teresa de Trinidad
alexanderetteresa@gmail.com