lundi 20 avril 2015

Grégory ALCAN, une minorité acrobatique







Grégory ALCAN,
une minorité acrobatique
à la recherche d’un tremplin


Gregory ALCAN, né le 21 août 1979, à Gonesse  dans la banlieue nord de PARIS,a des racines martiniquaises à Schœlcher et au Marin. Il a  comme  beaucoup d’originaires d’Outre-mer  vécu  dans l’hexagone et a connu les difficultés d’insertion des populations ultramarines. La gymnastique  aérobic lui a permis de trouver la force, le rythme et une certaine vision du monde pour contourner ou affronter les obstacles que constituent les préjugés et les discriminations, excluant les minorités. Gregory  a  été le premier  gymnaste aérobic  français à avoir remporté le titre de champion du monde  (2004). Je l’ai retrouvé au petit-déjeuner business organisé par Jennifer PELAGE , la présidente d'origine mauricienne «  d’ Agir Ensemble » sur le thème « l’entrepreunariat des jeunes dans les quartier populaires. Il est fondateur et directeur technique de l’Association ISENZO , un terme zoulou  qui  signifie « Action ».Rédacteur en chef à FÔ-RFO il y a quelques années, je me souviens du travail de nos équipes  de journalistes sportifs couvrant  ses nombreux exploits depuis 2005.Licencié du SCA 2000 EVRY , Gregory ALCAN a été récompensé à plusieurs reprises par l’ancien maire d’Evry , Manuel VALLS, l’actuel premier ministre. Les responsables politiques et les instances sportives martiniquaises voudraient également offrir un tremplin  à cette minorité  acrobatique dans l’île natale de ses parents.
AJU

 Alex J. URI-  Bonjour Grégory, j’aurais bien aimé revoir une de vos prestations qui, bien évidemment, suscitent notre fierté dans les disciplines artistiques. Quelles sont vos racines ?

Gregory ALCAN- Je suis né à Gonesse, j’ai grandi à Villiers -le –Bel. J’ai grandi dans une famille monoparentale de 6 enfants qui ont tous pratique une activité physique de performance. En effet, un de mes frères, Arius FILET a été  un des meilleurs triples sauteurs mondiaux (record de la Francophonie) et ma petite sœur Chrystelle ALCAN  a décroché une médaille d’argent aux jeux mondiaux et a été à de nombreuses reprises championne de France ensemble en gymnastique rythmique. Nous avons représenté la SCA  2000 d’EVRY   et souvent été  récompensés par l’ancien maire d’Evry Manuel VALLS, actuel premier ministre français.
Alex J. URI-Votre palmarès dans la gymnastique aérobic serait, semble-il, impressionnant. Est-ce que vous vous y attendiez quand vous avez débuté ?
Gregory ALCAN-Avant de pratiquer la gym aérobic, j’étais un gymnaste de performance aux agrès (championnat de  France et division nationale) et donc conditionné à la pratique de haut niveau. Quand l’entraineur national de gymnastique aérobic m’a sollicité pour intégrer l’équipe de France au sein de la Fédération Française de Gym, j’ai su que j’avais le potentiel pour aller décrocher le  top niveau international. En effet, au regard des expériences et des   compétences physiques, psychologiques  et artistiques requises, j’étais   conscient  que j’avais déjà acquis des bases très solides.
Alex J. URI- il vous a fallu combien de temps   avant d’avoir l’illustration de vos capacités au plus haut niveau ?
Gregory ALCAN – c’était une jeune discipline. En 1996, elle  était sous la récente tutelle de la Fédération de gymnastique. Tout était à faire et il y avait là pour moi des opportunités  à saisir parce que le règlement était à notre portée. Dès la première année, mes coéquipiers et moi même avons inventé des éléments techniques d’acrobatie qui, encore aujourd’hui, sont des éléments de difficulté supérieure sur le plan international. C’est ainsi qu’un des éléments les plus difficiles du code pointage de fédération internationale de gymnastique porte  mon nom «  l’Alcan ».Nous avons impulsé un nouveau courant  artistique et acrobatique qui nous a valu d’être identifiés très rapidement et en l’espace d’une année d’atteindre les plus hautes marches des podiums internationaux.










Alex J. URI-  Vous avez obtenu donc 18 titres nationaux dont 13 titres de   champion de France  dans toutes les catégories et une trentaine de titres internationaux ? C’est une remarquable moisson mais comment expliquez qu’il y ait EU si peu de publicité sur ces résultats pourtant excellents ? Avez-vous  su profiter de  vos exploits pour votre reconversion ?

Grégory ALCAN -J’ajoute que j’ai été  vainqueur des jeux  mondiaux en 2001, champion du monde en 2004, double vainqueur pour la coupe du monde en 2001 et champion d’Europe en 2003 dans trois catégories distinctes de la discipline. Je précise que j’étais encore performant en 2010 car j’ai remporté les « Test Events » des jeux mondiaux à Kaohsiung à Taiwan. Malgré tout cela, la gymnastique toutes disciplines confondues souffre d’un manque de visibilité dans les médias.  De plus, la gymnastique aérobic est une discipline minoritaire au sein de la fédération de gym. J’ai eu, il faut le reconnaître, une couverture  médiatique liée à l’actualité de mes plus importants résultats. C’est le cas notamment lorsque j’ai été médaillé en trio avec Isabelle Sévérino avant son retour en gymnastique artistique aux jeux olympiques d’Athènes.  Être une référence internationale sur le plan sportif  est primordial mais il faut une volonté politique des instances responsables pour transformer l’essai. Être un des gymnastes les plus titrés n’a rien avoir avec un champion du monde de football. Je me suis rendu compte que je devais faire des études et aller moi-même chercher des expériences professionnelles  Parallèlement à ma carrière de haut niveau, j’ai obtenu deux masters, l’un en management des organisations sportives et l’autre en sport, expertise, performance de haut niveau.

Alex J. URI-Avez-vous pu exporter votre talent  et transférer vos compétences ?
Grégory ALCAN-  Oui. J’ai occupé différents postes tels que formateur au CREPS Île de France dans les formations des métiers de la forme (professeur de fitness). J’ai été conseiller d’animation sportive à la direction départementale de la cohésion sociale du Val de Marne. Je suis intervenu en qualité d’expert dans la coopération internationale du ministère de la jeunesse et des sports ainsi que dans de nombreux workshops pour différentes fédérations nationales de gymnastique (Japon , Venezuela, Allemagne, Afrique du Sud, Sénégal, Tunisie, Vietnam, Australie…). De 2008 à 2012, j’ai  été l’entraîneur de l’équipe nationale de gymnastique aérobic d’Iran. Je commente également les grands rendez-vous  de la gymnastique aérobic sur Sport-Plus ( Canal+)

Alex J. URI . Être sportif de haut niveau, est-ce que cela vous a épargné de la discrimination ?
Toutes mes expériences professionnelles se sont réalisées en dehors de la Fédération française de gym. Je n’en avais pas eu  le choix, parce que même quand j’ai postulé en qualité de technicien ou de bénévole, ma candidature n’a pas été  acceptée. En revanche, j’ai créé l’opportunité de travailler, de collaborer avec la Fédération de gymnastique iranienne. Les Iraniens sont alors passés du 30 ème au 7ème rang mondial en l’espace de 4 ans ! C’est une bonne chose d’avoir des organismes chargés de promouvoir la diversité et les minorités  mais il y a des combats stratégiques  que nous ne devons pas perdre dans ces domaines là. Il y a beaucoup d’originaires d’Outre-mer qui sont fort compétents dans de nombreux domaines  mais à qui on  n’offre pas l’opportunité de s’exprimer. C’est une richesse en moins pour une communauté qui a besoin d’excellence et qui, selon Manuel VALLS,   est « la meilleure réplique » au racisme. J’ai fondé une association développant des projets innovants, socio-sportifs culturels dans les quartiers de  Villiers-le-Bel, ma ville d’enfance devenu à mes yeux, ville laboratoire de mes expériences. J’irai en Martinique au mois de mai prochain pour lancer mes premières actions du même type au Lamentin.




Alex  J. URI ,  rédacteur en chef à la Direction de l’Information  régionale Il a été envoyé spécial permanent de la télévision  publique française auprès de l’Union européenne et de l’OTAN de 1990 à 2000

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