Des gâteaux et des bulles
Quand je me réveillais, il y avait un gâteau qui me clignait de l’œil
Et quand j’avais soif, une bouteille de limonade ordinaire me tendait les bras
Le tout me plongeait dans une histoire de boissons gazeuses et de pâtes:
Pâte feuilletée
Pâte brisée
Pâte sablée
Pâte briochée
J’imaginais ces diverses pâtes prenant des formes multiples
Sous les mains expertes d’une dame qui se réveillait tôt.
Quand j’avais faim, des pâtés à la viande étaient déjà au four
Présageant un repas du midi proposé par un grand chef.
Feuilleté de crabes célébrant les fêtes de Pâques
Calalou et matété de crabes
Somptueux accras de morue accompagnés de petit punch
Et puis il y avait des bonheurs inespérés pour notre estomac
la chute d’une pièce montée qui offrait des gâteaux démembrés
Alors la gourmandise avait son paradis.
Avec les bulles, la limonade perturbait mes neurones
Fraîche et même glacée elle affolait mes papilles gustatives
Et la sueur perlait mon front puis tout mon corps
A l’heure où tout le monde cherchait à se mettre à l’ombre
Pour ne pas se faire dévorer par ce soleil de plomb.
De ce plaisir, je ressentais une sensation de fraîcheur
Tout en moi respirait avec ces rots qui nous libéraient.
La limonade s’appelait l’ordinaire ce qui lui donnait un air démocratique
Et donc tout le monde la buvait, c’était la boisson de Missié Raoul, d’abord " ordinaire "
En créole on disait on gazèz a Pè Raoul è on gato a Man Raoul
C’était la Raoul and Company rien à avoir avec la Coca-cola incorporated
qui mettait déjà le rêve américain sur nos lèvres.
C’était un bonheur pour un enfant d’avoir un père limonadier et une mère pâtissière
C’était un bain quotidien d’odeur et saveurs qui m’entraînait vers ces délices.
Pas de pain à la poubelle, il était recyclé en pudding
Le pain rassis aussi dur qu’une pierre, transformé en gâteau
En cuisine, c’était de la magie.
Paris le 18 octobre 2011
Alex J. URI
Cette production poétique réveille en moi des saveurs d'enfance enfouies depuis bien longtemps mais qui émergent si rapidement dans mon palais à la lecture du bonheur d'un enfant né dans les bulles et les gâteaux. Ariane ZOBDA-QUITMAN.
RépondreSupprimeret oui le pain qu'il ne fallait pas jeter ....qui se souvient des puddings vendus 25 centimes de l'époque à la caisse quand on allait prendre un bain à DOLE....
RépondreSupprimerIls étaient fait par ma Maman...
Cela rappelle en effet notre enfance et c est bien parce que l on s’approprier ton histoire Alex, ce devait être enivrant d'avoir toujours cette odeur de gâteau dans tout la maisonnée ; cela me fait penser à ma grand-mère. Merci pour ce partage ,et tiens je sens même à cet instant présent cette bonne odeur. Nanadydy
RépondreSupprimerOui je sais poète ! j'ai été très touché, en pensant à Amie M.... et pè Raoul qui ont tout de même bercé mon enfance. Quand on revient sur les pas d'une mère et d'un père qui nous ont tant donné : l'Amour, le Partage, le Respect des autres. Et qu'on doit poursuivre son chemin dans un monde ingrat nous les oublirons jamais . Merci encore Alex, j'ai pensé aussi à ma grand mère qui me disait " allé chêchè on ti gazèz à pè Raoul pou mewn " J'ai encore le goût sur mon palais. Rien avoir avec ...... comme tu dis.
RépondreSupprimerAIME