L’anthologie du sport guadeloupéen
Alex J. URI -Pourquoi une anthologie du sport guadeloupéen ?
Harry Mephon-L’anthologie du sport Guadeloupéen est avant tout une commande et une volonté du Président du Conseil Régional Victorin Lurel. Cette commande se place dans le cadre des grands projets culturels de publications d’anthologies, l’anthologie de la peinture et à venir, l’anthologie de la musique.
J’ai donc eu le très grand honneur d’être retenu pour mener à bien ce projet ambitieux et surtout une première en Guadeloupe dans le domaine du sport.
Le sport guadeloupéen à travers ses premières structures (les clubs) est bientôt centenaire si on l’entend dans sa forme institutionnelle et reste une histoire méconnue. Quand on interroge les travaux peu de place est accordée aux hommes et aux femmes qui ont participé à cette histoire. Ils restent dans l’anonymat.
Alex J. URI. S’agit-t-il de valoriser la contribution des différentents acteurs dans cette filière avant qu’il ne soit trop tard ?
Harry Méphon.Les pionniers meurent dans la méconnaissance et l’oubli (Jean Chomereau Lamotte rédacteur et membre du comité scientifique de cette anthologie (2010), et cette année le docteur Rugard, le président de la Ligue de football qui a installé le football guadeloupéen dans la Caraïbe , Serge Botino, Pontrémy des anciennes vedettes du Trophée Caraïbe (1948) pour ne citer que des récents exemples). Cette anthologie est un véritable hommage à tous ces hommes et femmes qui ont construit l’espace des sports de la Guadeloupe.
Le patrimoine sportif n’est pas préservé, il est activement détruit en silence: les premiers stades (la première piscine de Rivière sens, la place de la Victoire , la piscine de Darboussier, le stade Pierre Antonius) autant de faits qui effacent la mémoire collective sans qu’aucune voix s’élève.
Une nécessité de faire le point s’impose afin de décrire l’état du champ sportif et de mesurer l’importance et surtout le poids du sport guadeloupéen. Cette anthologie montre la richesse et à quel point le sport guadeloupéen touche toute les catégories sociales, l’inconscient collectif et dépassent les contours de l’archipel. Si l’actualité montre les exploits médiatisés de vedettes mondiales, Teddy Riner, Gael Monfils, Michael Pietrus, Laura Flessel, Marie José Pérec; on oublie vite que cela n’a pas toujours été le cas. Cette anthologie rappelle les conditions des luttes guadeloupéennes pour accéder aux sports.
Alex J. URI. la Guadeloupe serait –elle le point de départ de cet anthologie ?
Harry Mephon.L’originalité de cette anthologie vient du fait que les points de vues ont pour origine l’île, la Guadeloupe à travers la demande politique et aussi le grand nombre et la diversité des rédacteurs positionnés aussi en France (reporters, universitaires, architectes, politologues, universitaires etc.). Il s’agissait à travers un croisement de regards de montrer la complexité du sport guadeloupéen à partir de trois grandes parties :
Le temps : l’histoire sociale du sport guadeloupéen, depuis ses origines ancrés dans la société guadeloupéenne
L’espace : identifier les lieux où se sont déroulées les pratiques
Les formes : les grands évènements rattachés à la Guadeloupe (Jeux de la Guadeloupe , le Trophée Caraïbe, la Route du rhum etc.)
Et de présenter ensuite les sportifs guadeloupéens non pas seulement les vedettes internationales mais aussi associer les vedettes locales qui à leur niveau sont de véritable héros. Cette association, ce « lyanaj » est fondamentale dans la compréhension et la cohésion sociale.
Le but de cette anthologie est de présenter la complexité du sport guadeloupéen dans des données sociales économiques, religieuses, politiques et éducatives pour dépasser les idées reçues. Ces dernières associent souvent et cantonnent les succès des sportifs guadeloupéens dans des données racialistes qui présentent les guadeloupéens porteurs d’une heureuse génétique.Alex J. URI est rédacteur en chef à la Direction Régionale de l'Information à France Télévisions.
Harry P. Mephon, ancien athlète de haut niveau, est sociologue, expert du sport guadeloupéen,conférencier, professeur d’éducation physique, entraîneur d’athlétisme et préparateur physique de nombreux sportifs de haut niveau. Il a publié Corps et Société en Guadeloupe aux Presses Universitaires de Rennes (2007).
C'est un ouvrage magnifique et très instructif ! Félicitations !
RépondreSupprimerJe pense que si c'est pour reconnaître les pionniers dans le monde sportif, c'est vrai que c'est une belle initiative , car bien souvent dans ce milieu comme dans tout autre, seuls , ceux qui ont accompli des exploits dans le domaine de la compétition sont désignés du doigt mais ceux qui ont contribué à ces beaux résultats sont méconnus, or pour que le fruit porte il faut bien planter la graine et l 'entretenir. Le fait d'être sociologue permet d'avoir aussi une analyse plus juste, enfin je pense.
RépondreSupprimerNanadydy