10ème colloque de bioéthique à Paray-le-Monial ( 11 au 13 novembre 2011)
Communauté d’Emmanuel
Dans leurs ateliers, les intervenants sont revenus sur le thème de la révision des lois de bioéthique, sujet qui pourrait refaire surface au moment des campagnes électorales à venir. Dans un atelier animé par Cecile Bonavia, professeur d’éthique à l’IPC à Paris (Facultés libres de Philosophie et de Psychologie) et chargée de mission à la Fondation Jérôme le Jeune, la législation française en matière de bioéthique depuis la loi votée l’an dernier a été passée au peigne fin. Madame Bonavia a proposé un bilan sur les changements majeurs de la loi révisée pour la deuxième fois. Elle a également effectué un décryptage des enjeux anthropologiques et éthiques des thèmes emblématiques de cette bataille parlementaire : le diagnostic anténatal, la recherche sur l’embryon et l’assistance médicale à la procréation.
- La recherche sur l’embryon
Le vote a été en faveur de l’interdiction de la recherche sur l’embryon assortie de dérogation. Le maintien de ce régime d’interdiction a une portée symbolique. Il est clairement dit dans la loi que l’embryon n’est pas un matériau de recherche comme les autres, ce qui avait suscité de débats très animés sur les bancs du Parlement.
Les arguments pour une libéralisation étaient plus économiques que scientifiques. Aujourd’hui l’assouplissement des conditions de dérogation donne lieu à une instrumentalisation de l’embryon humain dont le statut est sujet à interrogations. Pour l’instant, la pensée dominante reconnaît qu’il s’agit d’un organisme vivant appartenant à l’espèce humaine. En revanche, un changement de mentalités s’opère par le biais de dérogations moins contraignantes. Ainsi, on ne parle plus de « progrès thérapeutiques majeurs » mais de « progrès médicaux majeurs » pour faire tomber les restrictions.
La loi a été votée mais les enjeux politiques demeurent. L’opposition a averti qu’en cas de retour de la gauche au pouvoir, l’autorisation de la recherche sur l’embryon passerait.
- L’assistance médicale à la procréation (AMP)
Les enjeux étaient connus. Il s’agissait de la vitrification ovocytaire (congélation ultrarapide des ovocytes) et de la constitution de deux stocks (l’un d’embryons, l’autre d’ovocytes). Les questions éthiques se révèlent épineuses en particulier sur le problème de l’AMP avec un don de gamètes garantissant l’anonymat (ceux qui donnent ne veulent pas se retrouver avec des enfants multiples qui vont revendiquer leur paternité biologiques, or la recherche des ses parents est somme toute légitime, le désir de procréation assistée aussi.). La création de stock d’ovocytes peut conduire à des dérives. Elle pousse les jeunes femmes à donner mais aussi et surtout à vendre leurs gamètes, or c’est une opération médicale lourde et éprouvante.
3-
Diagnostic prénatal (DPN)
Diagnostic prénatal (DPN)
Les médecins ont désormais l’obligation d’informer toute femme enceinte de la possibilité de
Recourir aux examens de diagnostic prénatal. La systématisation du DPN « augmenterait les risques de dérives eugéniques. Aujourd’hui, 96 pour cent des enfants trisomiques dépistés sont avortés. » Dans ce contexte, le médecin perd un peu sa liberté de prescription. Certains points de la loi sont perçus de manière positive. Tout d’abord, la proposition d’une liste d’ associations spécialisées dans l’accompagnement des personnes handicapées et leurs parents en cas de risque avéré. Ensuite, la demande d’un rapport sur l’attribution de fonds publics pour la recherche notamment concernant les maladies cytogénétiques.
Toutes ces questions de bioéthiques semblent pouvoir, à tout moment, revenir à la une de l’actualité par le biais de l’euthanasie, le mariage homosexuel, le bricolage procréatif et l’introduction de cette option de conscience dans la prise de décision du personnel scientifique et médical .
14 nov. 11
Alex J. URI
Rédacteur en chef
Direction Régionale
Information France Télévisions
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