mercredi 15 février 2012

Sapotille et Corossol






Sapotille et  Corossol

Ma Sapotille,

Je voulais tant venir vous voir avec un bouquet d’hibiscus  à la main pour la Saint Valentin. Je tremblais de sentir ce baiser que vous aviez jusqu’à présent emprisonné  mais que vous auriez  souhaité tant libérer.

Je voyais déjà  la Soufrière , dénudée de ces nuages  pour rester immobile  car séduite par la combustion qu’elle allait ressentir elle-même dans  ses propres entrailles. Elle laissait tout de même échapper quelques fumées blanches montrant sa discrète ébullition.

 Je m’imaginais les contractions que pouvaient provoquer sur votre ventre impatient votre désir de me posséder moi aussi sans jamais  me l’avouer. Chaque fois que vous me disiez que vous ne m’aimiez point, votre cœur vous trahissait  par une accélération. Tout était  une question de rythme cardiaque.

 Je finissais par en avoir des échos, quand dans la nuit nos âmes s’asseyaient sur les bancs publics de la  place de l’église. Là vous étiez dépouillée et vous vous amusiez sur moi à califourchon. Vous m’enlaciez le cou et me caressiez la tête. Vous chuchotiez à mon oreille qu’après Dieu, vous  n’aviez qu’un seul amour et que vous prendriez le temps de le déguster à petite dose  comme un corossol moelleux et sucré.

Je vous avais déjà trouvé cette robe fleurie qui ressemblait à celle  de ma grand-mère. Je sais bien que allez me traiter d’enfant gâté. Ma Sapotille, je vous adore mais, s’il vous plaît, veuillez chassez de votre esprit toute mauvaise pensée sur l’éducation et l’amour qu’a su me donner Man’Nor. Je comprends… vous ne supportez point cette concurrence affective. Pour vous rassurer, elle habite au cimetière depuis bien longtemps.
« Vous vous  trompez. Je l’aime votre grand-mère. Elle a introduit chez mon  tigre du Bengale de la tendresse qui me fait me fondre, avant même qu’il me dévore quand je le veux ».

 @ 2012  Alex  J. URI Ma Sapotille, Sapotille et Corossol

15 février 2012

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