Sapotille et Corossol
Ma Sapotille,
Je voulais tant venir vous voir avec un bouquet d’hibiscus à la main pour la Saint Valentin. Je tremblais de sentir ce baiser que vous aviez jusqu’à présent emprisonné mais que vous auriez souhaité tant libérer.
Je voyais déjà la Soufrière , dénudée de ces nuages pour rester immobile car séduite par la combustion qu’elle allait ressentir elle-même dans ses propres entrailles. Elle laissait tout de même échapper quelques fumées blanches montrant sa discrète ébullition.
Je m’imaginais les contractions que pouvaient provoquer sur votre ventre impatient votre désir de me posséder moi aussi sans jamais me l’avouer. Chaque fois que vous me disiez que vous ne m’aimiez point, votre cœur vous trahissait par une accélération. Tout était une question de rythme cardiaque.
Je finissais par en avoir des échos, quand dans la nuit nos âmes s’asseyaient sur les bancs publics de la place de l’église. Là vous étiez dépouillée et vous vous amusiez sur moi à califourchon. Vous m’enlaciez le cou et me caressiez la tête. Vous chuchotiez à mon oreille qu’après Dieu, vous n’aviez qu’un seul amour et que vous prendriez le temps de le déguster à petite dose comme un corossol moelleux et sucré.
Je vous avais déjà trouvé cette robe fleurie qui ressemblait à celle de ma grand-mère. Je sais bien que allez me traiter d’enfant gâté. Ma Sapotille, je vous adore mais, s’il vous plaît, veuillez chassez de votre esprit toute mauvaise pensée sur l’éducation et l’amour qu’a su me donner Man’Nor. Je comprends… vous ne supportez point cette concurrence affective. Pour vous rassurer, elle habite au cimetière depuis bien longtemps.
« Vous vous trompez. Je l’aime votre grand-mère. Elle a introduit chez mon tigre du Bengale de la tendresse qui me fait me fondre, avant même qu’il me dévore quand je le veux ».
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