vendredi 23 décembre 2011

Le chapelet de Bethléem







Le chapelet de Bethléem


Ma  Sapotille, vous avez fait un long voyage  comme un pèlerinage. C’était comme si, vous et moi,  nous allions à la Mecque. Vous disiez en fait que vous étiez pour moi Jérusalem ouverte. Vous n’avez pas  compris que j’avais déjà pour vous depuis bien longtemps  un chapelet venant de Bethléem. Alors vous comprendrez que les lieux saints ne s’excluent  pas et qu’il est urgent qu’ils deviennent des terres de dialogue, de paix et d’amour.





Quand on se met à genoux  devant la Vierge des apparitions, on ne lui demande de ne pas regarder celui qui vient de Tombouctou  ou je ne sais  de quel lieu aux quatre coins de la planète.
Vous n’allez pas non  plus me dire que depuis l’affaire d’Adam et Eve,  nous ne pouvons plus manger des pommes et encore moins regarder des seins sous peine d’être excommuniés. Vous constatez qu’avec ce délire, les fidèles deviennent en catimini des infidèles et plus tard des déserteurs de l’Eglise.



Vous ne voulez pas non plus que je vous parle de mes mangues, à vos yeux, trop sensuelles et propices à  des gestes érotiques et même à une forme de  débauche quand je les mange. Depuis quand mordre une mangue savoureuse et juteuse  devant une poitrine bien galbée avec un corsage négligemment ouvert est-il un péché ?



Ma Sapotille, il y a bien un temps  pour les prières et un temps pour les caresses. Il y a dans la Bible des chants  quasi-érotiques qui louent les corps du  bien-aimée et de la bien-aimée. «  Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! » Ce souhait n’a jamais empêché quiconque  de trouver ou de retrouver des chemins vers Dieu.
Concernant mes mangues, vous ne savez même pas qu’il s’agit là d’une affaire sacrée. On dit que Bouddha avait reçu de la courtisane d’Ambapali un verger de manguiers pour y méditer et vraisemblablement  pour  gagner aussi sa vie. La mangue a suivi Bouddha un peu partout dans le monde. 
Comme je vous l’ai déjà dit, il y a la foi, l’intelligence de la foi et la foi de l’intelligence.


Parmi  ces rois mages en Galilée, il y avait un  mage noir. C’est lui qui a apporté la myrrhe. Il paraît que cela sert à embaumer les morts et que c’est même un médicament. Même lors de la naissance du Christ, il y avait déjà de la diversité. Prions pour qu’on arrête de mettre  les noirs et les basanés  en ligne de mire.
Ma Sapotille, vous avez fait un long voyage pour remettre une brebis égarée dans le troupeau,

Aujourd’hui, je suis comme enfant  qui, avec sa mère, a fermé les yeux après la communion. Après avoir remercié Dieu, il rouvrit les yeux mais sa mère avait disparu. Il regarda l’autel et  vit le crucifix qui pleurait. Vous n’avez pas compris qu’avant de parler à  Dieu il fallait, comme les mages, trouver  l’enfant que l’on voulait tuer. Balthazar comme les autres savaient que la terre entière avait changé de visage grâce à un enfant. Ma Sapotille, vous ferez encore un long voyage comme un pèlerinage pour prendre la main de  l’enfant  qui vous attend.

@Ma Sapotille. Le chapelet de Bethléem Alex J. URI  2011



2 commentaires:

  1. Je reste sans voix ...c'est magnifique !!!

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  2. J'aime bien le paragraphe " Ma Sapotille, il y a bien un temps pour les prières et un temps pour les caresses. Je comprends, car on peut lire dans la Bible quelques versets très érotiques dans le chapitre de la "Genèse" etc ....
    Pour les mangues je me contente de regarder le cliché sans faire de commentaire. Suis en admiration totale, Poète que vous êtes.
    Aime

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