vendredi 19 août 2011

Couleur de peau stigmates et séréotypes

Couleur de peau stigmates et séréotypes







Patricia  BRAFLAN-TROBO , auteure  de couleur de peau  stigmates et stéréotypes aux Editions Nestor, explicite les mécanismes de création et de transmission  des stéréotypes, des préjugés, des éléments de la pensée sociale et des représentations sociales, particulièrement dans une société post-esclavagiste  comme la Guadeloupe.



« Jusqu’à maintenant, des postes de direction  et de commandement sont en  majorité occupés par des personnes dites blanches…


 Avril 2011


1-Alex J. URI -  la couleur de peau dans un pays tropical  où les gens sont   en général  « colorés »  peut –elle  vraiment être  un handicap ? N’y a-t-il pas là une contradiction ? En quoi peut –elle être source de conflits ?

Patricia  BRAFLAN-TROBO- Pas de contradiction   parce que ce pays tropical a une histoire et c’est précisément cette histoire  qui donne de l’importance  à la couleur de la peau  et pas seulement le soleil. Les rapports sociaux se sont  construits  dans le cadre d’un rapport de type esclavagiste. L’esclavage en ce sens  singulier aux Amériques qu’il a mis en relation deux groupes ethniques différents : le groupe des dits blancs et le groupe des dits noirs. Les sociétés actuelles  portent encore les stigmates  cette relation là. Autour des personnes dites  « noires » s’est construite une somme d’images et des stéréotypes que ces mêmes personnes ont intégrés et véhiculent. Ainsi, on entend  des expressions telles que «  complot à nèg  cé complot à chyien «  ou encore « nèg pas ka travay é pi nèg ». Ce sont des expressions bien connues qui  illustrent l’intégration des préjugés par les personnes qui en sont, elles -mêmes, les victimes. Jusqu’à maintenant, des postes de direction  et de commandement sont en  majorité occupés par des personnes dites blanches, ce qui permet de maintenir le continuum historique autour de la couleur de peau.

« Le syndrome de la  peau échappée existe toujours …»

2-Alex J. Uri-On parle beaucoup aujourd’hui de métissage. Est-ce que cela peut régler le problème ?

Patricia  BRAFLAN-TROBO- Non! Contrairement à tous les grands discours, la couleur de peau demeure problématique. Pourquoi ? Parce que  l’histoire de France  s’est construite autour de la supériorité de l’autochtone français blanc aux yeux bleus et qui aurait une mission civilisatrice. Donc revenir sur toutes ces certitudes, ces aprioris demande de déconstruire  une bonne part  de ce que le français « blanc » pense de lui et de son pays. Ceci reste valable  pour le reste de l’Europe.

3-Alex J. URI. Le syndrome de la » peau échappée » existe-t-il encore  tel que l’a décrit l’écrivain psychiatre martiniquais Frantz Fanon dans « Peaux noires et masques blancs » ?

Patricia  BRAFLAN-TROBO- Cela existe toujours ! IL imprègne de manière très subtile les inconscients des personnes parfois les plus avancées intellectuellement. Ces dernières sont parfois les plus influencées  par la problématique de la couleur de la peau en dépit de leurs discours. Il faut tout de même évaluer l’impact de judiciarisation des relations sociales. En effet , tous les procès intentés pour discrimination raciale ont tendance  à faire reculer  ce problème. Dans les relations de travail ( beaucoup reste à faire dans ce domaine) seule une politique publique et volontariste de la part de l’Etat dans la lutte contre les discriminations liées à la couleur de la peau pourra  réellement  donner des résultats.

Alex J. URI et Patricia BLAFRAN-TROBO à Pointe-à-Pitre, Guadeloupe


2 commentaires:

  1. Analyse pertinente que fait Patricia BAFLAN TROBO sur les traces et comportements que nous a laissé cette péiode esclavagiste.Un peu pour mieux comprendre nos comportements , notre langage entre nous, gens de couleurs, issus d'un métissage.
    très interessant .Nanadydy

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  2. Un sujet sensible, des réponses concises et engagées, l'incitation à la lecture de cet ouvrage n'est que plus palpable.

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