Couleur de peau stigmates et séréotypes
Patricia BRAFLAN-TROBO , auteure de couleur de peau stigmates et stéréotypes aux Editions Nestor, explicite les mécanismes de création et de transmission des stéréotypes, des préjugés, des éléments de la pensée sociale et des représentations sociales, particulièrement dans une société post-esclavagiste comme la Guadeloupe.
« Jusqu’à maintenant, des postes de direction et de commandement sont en majorité occupés par des personnes dites blanches…
Avril 2011
1-Alex J. URI - la couleur de peau dans un pays tropical où les gens sont en général « colorés » peut –elle vraiment être un handicap ? N’y a-t-il pas là une contradiction ? En quoi peut –elle être source de conflits ?
Patricia BRAFLAN-TROBO- Pas de contradiction parce que ce pays tropical a une histoire et c’est précisément cette histoire qui donne de l’importance à la couleur de la peau et pas seulement le soleil. Les rapports sociaux se sont construits dans le cadre d’un rapport de type esclavagiste. L’esclavage en ce sens singulier aux Amériques qu’il a mis en relation deux groupes ethniques différents : le groupe des dits blancs et le groupe des dits noirs. Les sociétés actuelles portent encore les stigmates cette relation là. Autour des personnes dites « noires » s’est construite une somme d’images et des stéréotypes que ces mêmes personnes ont intégrés et véhiculent. Ainsi, on entend des expressions telles que « complot à nèg cé complot à chyien « ou encore « nèg pas ka travay é pi nèg ». Ce sont des expressions bien connues qui illustrent l’intégration des préjugés par les personnes qui en sont, elles -mêmes, les victimes. Jusqu’à maintenant, des postes de direction et de commandement sont en majorité occupés par des personnes dites blanches, ce qui permet de maintenir le continuum historique autour de la couleur de peau.
« Le syndrome de la peau échappée existe toujours …»
2-Alex J. Uri-On parle beaucoup aujourd’hui de métissage. Est-ce que cela peut régler le problème ?
Patricia BRAFLAN-TROBO- Non! Contrairement à tous les grands discours, la couleur de peau demeure problématique. Pourquoi ? Parce que l’histoire de France s’est construite autour de la supériorité de l’autochtone français blanc aux yeux bleus et qui aurait une mission civilisatrice. Donc revenir sur toutes ces certitudes, ces aprioris demande de déconstruire une bonne part de ce que le français « blanc » pense de lui et de son pays. Ceci reste valable pour le reste de l’Europe.
3-Alex J. URI. Le syndrome de la » peau échappée » existe-t-il encore tel que l’a décrit l’écrivain psychiatre martiniquais Frantz Fanon dans « Peaux noires et masques blancs » ?
Patricia BRAFLAN-TROBO- Cela existe toujours ! IL imprègne de manière très subtile les inconscients des personnes parfois les plus avancées intellectuellement. Ces dernières sont parfois les plus influencées par la problématique de la couleur de la peau en dépit de leurs discours. Il faut tout de même évaluer l’impact de judiciarisation des relations sociales. En effet , tous les procès intentés pour discrimination raciale ont tendance à faire reculer ce problème. Dans les relations de travail ( beaucoup reste à faire dans ce domaine) seule une politique publique et volontariste de la part de l’Etat dans la lutte contre les discriminations liées à la couleur de la peau pourra réellement donner des résultats.
Alex J. URI et Patricia BLAFRAN-TROBO à Pointe-à-Pitre, Guadeloupe
Analyse pertinente que fait Patricia BAFLAN TROBO sur les traces et comportements que nous a laissé cette péiode esclavagiste.Un peu pour mieux comprendre nos comportements , notre langage entre nous, gens de couleurs, issus d'un métissage.
RépondreSupprimertrès interessant .Nanadydy
Un sujet sensible, des réponses concises et engagées, l'incitation à la lecture de cet ouvrage n'est que plus palpable.
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