jeudi 30 octobre 2014

Le cahier de nos amours au pays natal

















Bons baisers de Fort-de -France

Notre île  ensoleillée baignait dans un océan de  senteurs de  couleurs, de parfums et de sons.  C’était un décor  qui faisait  rêver et qui nous invitait à  la  promenade.

Main  dans la main,  nous  étions en train de flâner sur la savane de Fort de France et nous pensions au livre Cahier d’un retour au  pays natal du poète et député-maire Aimé Césaire.  Plus militant encore, vous faisiez référence à l’ouvrage Peau noire, masques blancs du psychiatre Frantz Fanon

Je guettais vos yeux  rieurs et surtout votre bouche ô combien insolente.Elle me chuchotait en effet des mots tendres qui me faisaient rougir. Je faisais partie de celles qui appartenaient à la catégorie  des câpresses caribéennes à  la peau  très claire, aux cheveux  crépus.  Je me sentais emmitouflée dans votre regard généreux  et votre sourire sensuel qui  laissaient transparaître le patchwork de vos racines  afro-indiennes.
Notre légèreté  suivait le rythme de la  brise qui  caressait les  palmiers indolents.

La Savane était  donc devenue pour nous un havre de tranquillité. Vous, guadeloupéen, oh pardon de Capesterre  Belle-Eau, aviez l’impression de vous retrouver dans votre mangrove et dans  vos plantations. Moi,  je m’imaginais avec vous seuls sur votre archipel désert.  Nous aurions  alors pu jouir d’une indépendance d’esprit et d’une véritable liberté, étant débarrassés des lourdeurs de l’histoire qui pesaient sur notre jeunesse.
Je comprenais  en effet pourquoi  vous aimiez tant me répéter cette citation tirée du Discours sur le colonialisme du poète martiniquais qui ne cessait de nous interpeller :. « Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »

Vous aimiez mon allure  féministe et rebelle proche d’Angela Davis. Nous avions tous les  deux la coiffure afro, c’était dans l’air du temps des revendications identitaires, parfois radicales.

Sur les bancs publics, des hommes refaisaient le monde, et parfois la sieste. Des oiseaux nous accompagnaient près du kiosque à musique. Des lézards  au soleil étaient réveillés et importunés par les cailloux lancés par des enfants turbulents.

J’avais une envie folle de me blottir  sur votre poitrine lisse , dévoilée par une chemise colorée de petites  fleurs mais des matrones, chargées de marchandises, dandinaient comme des tortues vers les « grands taxis pays ».

Une marchande de pistaches ponctua  l’atmosphère d’un cri de vente percutant dans ce parc assoupi. Collés au tronc du palmier, nous trouvâmes un instant d’intimité.  Vos baisers, au goût de limonade, furent empreints d’éternité.

Le cahier de nos amours  au pays natal  by Alex J. URI
Paris october 29, 2014


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