lundi 6 octobre 2014

Le souffle et la chair










Le souffle et la chair


« J’avais soigneusement éparpillé les mots pour bien les infiltrer dans vos terres. C’était des mots que je taillais pour vous. Ils s’incrustaient dans votre chair et vous les ressentiez comme des morsures possessives. Il y avait aussi des rimes pour sonder vos abîmes. J’en attendais des échos illustrant vos émois mais ils n’arrivaient point. Vos paupières transformées en persiennes laissaient parfois apparaître les troubles de votre intérieur bien difficiles à cacher. Vos pupilles vous trahissaient. Elles m’offraient la possibilité instantanée d’imaginer le spectacle de votre intérieur en ébullition. Vous me laissiez ainsi aux portes de votre grotte secrète…

A l’hôpital, j’avais demandé au médecin de m’endormir jusqu’à ce vous soyez au pied de mon lit, surveillant mon électro-encéphalogramme. Vous étiez partie, me dit-on, vous changer les idées, laissant à mon imaginaire nos photos de couple en devenir. C’est ici à mes côtés qu’il faut panser les blessures de votre passé. Je n’avais rien à faire de votre fantôme impalpable et grincheux. Je regardais avec tristesse la morgue néocoloniale qui vous emprisonnait et surtout qui vous enlaidissait La machine vous rappela Les battements de mon cœur qui s’envolait au rythme de vos pas. Fermez les yeux, prenez-moi la main pour devenir la femme d’un pharaon, avais-je murmuré sur mon oreiller. Alors, un nuage de lumière bleue perça les ténèbres et attira des milliards d’âmes en errance que seul notre bonheur immaculé fut capable d’apaiser. 

… Il y a des urgences qui vous laissent des souvenirs permanents. Il y a des amours qui naissent parce qu’elles sont déjà conçues depuis longtemps déjà par une volonté divine. Il y a des prières dites avec foi aujourd’hui pour sauver le lendemain 
… je pressentais quelque chose. J’avais réalisé que nos corps pouvaient s’emboîter. J’avais dansé avec vous un zouk qui décidément avait natté nos hanches et nos racines insulaires, en plein twist.

Les rêveries tropicales d’Alexander by Alex J. URI 
Paris le jeudi 7 août 2014



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