mercredi 8 octobre 2014

Le sari indien rouge d'Anjika










Le sari indien rouge d’Anjika 
(Cet épisode est dédié à la pianiste martiniquaise Annick Ozier Lafontaiine qui a composé et interprété "l'été indien'. J'ai écrit le sari indien en écoutant ce morceau émouvant et bucolique.)

Anjika était un amour qu’Alexander avait découvert dans un autre monde, un trésor au moment même où il envisageait de renoncer à son souffle de vie.Dans une de ses balades nocturnes, son esprit se retrouva près d’une grotte, bien abritée et cachée par des arbres majestueux, dans la montagne. Il y pénétra et entendit une eau qui coulait. Il avait la sensation d’une eau de pluie qui se faufilait sur des pierres volcaniques dans un lit sinueux en chuchotant, pour se jeter bruyamment dans un bassin moelleux en contrebas, exposé au soleil.
Alexander repéra un escalier qui le conduisit vers un tombeau. La température y était glaciale. Il y découvrit le corps embaumé d’une jeune et belle indienne à la peau noire. Les cheveux mi-longs sur son sari indien rouge brodé en sequin de doré, elle avait les mains jointes, posées sur sa poitrine. Effrayé, il rebroussa chemin en courant et, tout essoufflé, il se retrouva à l’air libre.
Une voix lui susurra à l’oreille gauche : « Alexander, c’est bien moi Anjika. Je suis celle que tu as défendue comme un lion mais ils m’ont exécutée. Je t’attendais car tu es le seul à pouvoir me réanimer. Tu as pris mon âme pour que je ne meure pas. Je suis venue me cacher dans ton corps pendant plusieurs jours. Je t’ai guérie car ils t’avaient blessé dans la plantation. Nos âmes ont appris à se connaître et à cohabiter. Chaque fois que je voulais partir, ton ange gardien pleurait comme un bananier dans une tempête tropicale. Alors je le prenais dans mes bras pour l’apaiser et je me collais à lui pour le protéger. Alexander, je t’aime et tu es tout ce que j’ai adoré dans ce monde. Reviens, mon bien-aimé, dans le tombeau. »
Alexander s’agenouilla et leva les yeux au ciel pour implorer une divinité qui l’autorisa à repartir dans son lit. Quand il se réveilla, il eu l’impression de n’avoir pas dormi tout seul. Les draps avaient gardé l’empreinte d’un corps. A travers la fenêtre, la pleine lune jouait encore à colin-maillard avec les nuages.
Sortant de ses rêves et de ses cauchemars, Alexander se sentit envahi par une tendresse qui lui parcourut le corps. Cent quarante quatre jours plus tard, il rencontra dans une réception une jeune femme qui ressemblait étrangement au visage de ce corps sans vie retrouvée dans la grotte. Sa main gauche sur l’épaule de cette indienne aux cheveux courts s’enfonça comme si il y avait là un emplacement qu’elle épousait. Alexander et Anjika venaient de se recoller. C’était une sensation de bonheur intense et de transformation inattendue de deux êtres qui se recomposaient selon une équation avec des inconnues de plusieurs mondes.
Paris le 9 décembre 2013 02h
Extraits de Alexander & Anjika by Alex J. URI 

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