Histoire à bulles épisode 16
Alexander de retour d’un voyage d’un voyage au Bénin en Afrique, fait les cent pas dans l’enceinte de l’habitation Bois-Couché où il a grandi. L’habitation se trouve à quelques encablures de la plantation. Alexander s’installe son bureau en mahogany et écrit une lettre à Teresa.
Teresa,
Je vais vous raconter une véritable histoire des Tropiques. Elle est ordinaire comme d’autres histoires ordinaires mais ce sont dans ces histoires ordinaires qu’on enracine l’extraordinaire. Je suis né ici à Capesterre-Belle-Eau dans l’île devenue française de la Guadeloupe , dans l’archipel des Caraïbes, un papillon au milieu du champ d’influences des Amériques. Mon père s’appelait Raoul, un « genre » de prénom qui résonne et qui fait un tantinet révolutionnaire. Il a cru en la libre entreprise et est devenu limonadier. Il s’agit d’une affaire pleine de bulles et il savait plus que quiconque ce que signifiait l’expression « il y a de l’eau dans le gaz. » Ma mère, Mireille était née à la Sainte Cécile , la patronne des musiciens. Je me demande bien pourquoi elle n’a pas formé un orchestre car elle aimait bien que mon père la fasse chalouper. Je ne connais pas les détails mais nous étions 7 enfants, 4 garçons et 3 filles. Mireille, c’était la fille d’Emma, une femme d’Afrique, belle et déterminée. Elle savait mettre la main à la pâte. C’était plus qu’un caprice mais un mode de vie. Je n’allais pas m’en plaindre car elle excellait dans le métier de pâtissière.
J’étais sur le point d’oublier de vous préciser que Capesterre-Belle-Eau était à l’origine Capesterre ( le cap des terres). Dans ses errances à la recherche du Nouveau Monde, Christophe Colomb a débarqué chez moi exactement à Sainte Marie, tout près des plantations où, quelques siècles plus tard, mon grand-père Alexis, un homme à cheval, tentait de comprendre les charmes discrets du colonialisme. Alexis était un service équestre, officieux, de l’ Etat civil. Bien évidemment, il y a des gens qui n’ont jamais été déclarés. Pourquoi ? Il tenait tout de même à sa vie le temps d’ensemencer ma grand-mère Eléonor pour son 9 ème enfant, Raoul . Vous n’avez pas compris ? Raoul c’était mon père ! Grâce à lui, j’étais très connu ou très apprécié. J’avais des limonades fraîches pour mes copains. Une limonade fraîche ou glacée, c’était un bonheur céleste quand il faisait 40 degrés à l’ombre et que vous deveniez plus noir que noir au soleil. Attention, vous voyez les cartes postales mais quand on vous mettait au soleil, cela pouvait être aussi une punition. Suivez mon regard vers les plantations d’antan.
Paris le 21 juillet 2012
Alex J. URI
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