samedi 11 août 2012

Alexander et Teresa "histoire à bulles'



Histoire à bulles épisode 16



Alexander de retour d’un voyage d’un voyage au Bénin en Afrique, fait les  cent pas  dans l’enceinte de l’habitation  Bois-Couché où il a grandi. L’habitation se trouve à quelques encablures de la plantation.  Alexander s’installe  son bureau en mahogany et écrit une lettre à Teresa.


Teresa,
  Je vais vous raconter une véritable  histoire des Tropiques. Elle est ordinaire comme d’autres histoires ordinaires  mais  ce sont dans ces histoires ordinaires qu’on  enracine  l’extraordinaire. Je suis né ici à Capesterre-Belle-Eau  dans l’île devenue française de la Guadeloupe, dans l’archipel des Caraïbes, un papillon  au milieu du champ d’influences des Amériques. Mon père s’appelait  Raoul, un « genre » de prénom qui résonne et qui fait  un tantinet révolutionnaire. Il a cru en la libre entreprise et est devenu  limonadier. Il s’agit d’une affaire pleine de bulles et  il savait  plus que quiconque  ce que signifiait  l’expression «  il y a de l’eau dans le gaz. » Ma  mère, Mireille était née à la Sainte Cécile, la patronne des musiciens.  Je me demande bien pourquoi  elle n’a pas formé un orchestre  car  elle aimait bien que mon père la fasse chalouper. Je ne  connais pas les détails  mais nous  étions   7 enfants, 4 garçons  et 3 filles. Mireille, c’était la fille d’Emma, une femme d’Afrique, belle et déterminée. Elle savait mettre la main à la pâte. C’était plus qu’un caprice  mais un mode de vie. Je n’allais pas  m’en plaindre car  elle excellait  dans le métier  de pâtissière.

J’étais sur le point d’oublier de vous préciser que  Capesterre-Belle-Eau  était à l’origine Capesterre ( le cap des terres).  Dans ses errances  à la recherche du Nouveau Monde, Christophe Colomb  a débarqué chez moi  exactement à Sainte Marie, tout près des plantations où, quelques siècles plus tard,  mon grand-père Alexis, un homme à cheval, tentait de comprendre  les charmes discrets  du colonialisme. Alexis était un service équestre, officieux,  de l’ Etat civil. Bien évidemment, il y a des gens qui n’ont jamais été déclarés. Pourquoi ? Il tenait tout de même à sa vie le temps d’ensemencer ma grand-mère Eléonor  pour son 9 ème enfant, Raoul .  Vous n’avez pas  compris ? Raoul c’était  mon père ! Grâce à lui, j’étais très connu ou très apprécié. J’avais des limonades fraîches pour mes copains. Une limonade fraîche ou glacée, c’était  un bonheur céleste quand  il faisait 40 degrés à l’ombre  et que vous deveniez plus noir que noir au soleil. Attention, vous voyez les cartes postales mais quand on vous mettait au soleil, cela pouvait  être aussi une punition. Suivez mon regard vers les plantations d’antan.

Paris le 21 juillet 2012
Alex J. URI



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