dimanche 19 août 2012

Alexandra &Teresa "Teresa en croisade"



Alexander et Teresa
Feuilleton  été 2012
Episode 24
« Teresa en croisade »
Alexander   avait noté  ce qu’il appelait la charmante ambivalence de Teresa. Il en était parfois inquiet  car elle multipliait  petites ruptures avec un comportement intégriste. Selon elle, Alexander manquait de rigueur dans sa pratique religieuse et surtout il ne tenait pas  compte de ses raisonnements, ses démonstrations sur le monothéisme.  Alexander pensait  que le temps des croisades  était terminé  mais Teresa  était en train de lancer une offensive  du Têt contre lui. La lette  de Teresa   contient  véritables mines anti-personnelles.

Bonjour Alexander,
 Votre lettre m'a touchée et je ne suis pas insensible à l'histoire de vos origines. Cependant, vous ne cessez de me surprendre. C'est que vous ne m'avez pas habituée à cette "profondeur" que je découvre en vous mais plutôt à un certain libertinage, vous en conviendrez bien !
Ceci m'amène à penser que vous êtes d'un autre genre que celui que vous affichez de prime abord, peut-être même d'un genre tout différent que ce que l'on pourrait imaginer à vous entendre et à vous fréquenter.Moi, je suis seule dans ma chambre. Seuls les murs voient ce que je fais et très souvent savent se taire. Alors, je n’ai rein à confesser mais vous, on vous voit avec elles et on imagine. Cela pourrait devenir insupportable car cela me perturbe de douter de votre statut viral. Je crois bien que vous avez plus de vigueur pour honorer celle que vous choisissez mais à moi, vous me parlez de vos malaises qui vous affaiblissent. Dans une autre vie , j’ai fait des études qui me permettent d’établir un diagnostic.
J'ai bien conscience que vous me faites une cour pressante, d'ailleurs vous ne vous en cachez pas et multipliez les occasions de me dire que "vous voulez me voir nue", tout en y mettant forme et élégance. Comprenez bien, cher Alexander, que votre attitude est néanmoins osée, révélatrice d'une pulsion qui m'effraie quelque peu et que je reconnais bien tant elle a marqué ma propre origine.
Je suis, certes flattée par l'intérêt que vous me témoignez mais  je dois vous signifier par ailleurs, la réserve qui m'anime quant à céder à vos avances.
Où me mèneraient-elles donc, sinon à me perdre moi-même et mon âme de surcroît ?
Dans ma commune,  je m’occupe de toutes ses brebis égarées. Quand le curé n’est pas là, les fidèles viennent me consulter. Ils sont pratiquement à mes pieds  car je connais leurs commérages et leurs vices quotidiens. Le dimanche, dans  ma robe blanche et longue, j’apparais presqu’immaculée. J’ai réussi à recycler mes  péchés  en utilisant le principe  du blanchissement de l’argent sale.  Vous comprendrez qu’  en investissant dans une relation  avec vous,  je serai plus pécheresse  donc moins propre que je ne le suis aujourd’hui. Quand la messe est terminée, je suis tout un rite.  Vous, vous arrivez en retard et vous souhaitez  partir   avant  même  la fin  des célébrations. Vous êtes  comme une mouche  sur mon étoffe sans tâche. A l’évidence, vous ne vous montrez pas la hauteur de cette amitié spirituelle que j’appelle de mes vœux.
Sachez Alexander que ma vie d'aujourd'hui m'est extrêmement précieuse, je l'ai comme "gagnée" à force de prières, de retraites et de méditations.
Il me faut veiller sans cesse sur l'équilibre fragile et précaire que j'ai réussi à atteindre envers et contre tout.
Vous ne me connaissez pas Alexander et je ne vois en vous qu'un homme animé d’un désir ardent, celui de me posséder corps et âme.
 D'autres l'ont voulu avant vous, je leur ai préféré la solitude, la paix et l'amitié, c’est du moins ce que j’affiche. Je dois  tout même reconnaître que, même affaibli, vous êtes  un vrai  tigre du Bengale.
Je vous propose mon amitié Alexander, fiable et indéfectible, je vous en fais serment, et vous assure de mes prières pour vous et votre famille. Je sais que vous direz que je suis bouffi e d’orgueil et de prétentions. Je sais que vous avez parlé de quelqu’un qui s’était  servi de  la religion comme un éventail  pour refroidir ses ardeurs  irrépressibles. 
 A bientôt, si je ne tourne pas la page.

Teresa
15 Août 2012


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