dimanche 12 août 2012

Alexander et Teresa "le scandale du berceau"

Alexander et Teresa
Feuilleton été 2012
Episode 17
« Le berceau du scandale »




Alexander lisait un livre que lui avait laissé Teresa avec une citation de Mère Teresa « le manque d’amour est la plus grande pauvreté. »
 Dans certaines familles comme celle de Teresa, il existait des albums photos qu’il vaut mieux ne pas feuilleter.  Certains journaux intimes ne méritaient pas non plus d’être lus à haute voix car leurs contenus risqueraient de provoquer des scandales qui marqueraient des générations.

 Alexander avait été dans des conditions de filiation assez normales. Il avait  connu la douceur d'une famille et la présence d'une grand-mère attentionnée et nourricière. En revanche, le scénario pour Teresa  réservait des épisodes douloureux à rebondissements. Elle avait bien eue une nourrice, celle à qui elle avait été confiée dès son plus jeune âge. Man Rosita, belle et fière négresse de Karukera mais surtout détentrice de secrets sulfureux de famille, était la seule à pouvoir lui raconter l’histoire de sa naissance. Révélations pour Teresa qui voyait changer son décor, le rôle des personnages comme dans un film lors du récit émaillé d’exclamations, de soupirs mais aussi nombreux silences assassins.

Tout commence en général par des infidélités .La mère de Térésa, Elisabeth avait une poitrine généreuse  et une allure féline qui n’ont pas échappé à un médecin concupiscent sous les Tropiques. Le serment d’Hippocrate aidant, il parcourut l’anatomie de Babette et ne pouvait plus s’en séparer. Ce notable de l’île avait trouvé de quoi satisfaire ses pulsions .Elisabeth devint donc sa maîtresse. La rumeur circulait et par la suite elle avait fait  l’objet d’une sorte d’omerta comme dans les villages siciliens. Docteur SAMARI pesait, en effet, de tout son poids   dans sa commune. Il pouvait faire chanter bien des gens notamment ceux qui donnaient du travail. Ces derniers exerçaient une forme de droit de cuissage,  du harcèlement sexuel consenti. Bien évidemment, les femmes noires étaient libres sur le papier et pouvaient disposer de leur corps.
Ainsi  Leur liaison cachée durait depuis 8 ans déjà quand Teresa réussit à venir au monde. Le médecin, donc son père, pratiquait à bout bras des interruptions volontaires de grossesse Avant elle, dans le sein de sa mère, bien d'autres petites âmes avaient été étouffées sans aucune émotion. Aujourd'hui, ayant sauvé sa tête,  Teresa priait souvent pour ces anges frères et sœurs. Elle restait persuadée qu'ils l'assistaient et l'accompagnaient partout.  La décision de sa naissance avait en fait  été "négociée" Elisabeth, lasse de ne pouvoir vivre son amour au grand jour, avait  basculé dans une certaine mélancolie. Docteur SAMARI  avait dû penser qu'un enfant allait la réconforter  et qu’elle aurait du même coup une occupation.  Il a déployé tout un trésor de diplomatie pour l’apaiser. Elle redoutait en effet  que leur relation ne fût révélée par l'arrivée de l'enfant. Enfin,il lui avait même promis de quitter  sa femme, si tel était le cas. Durant les premiers mois, l'existence de Térésa était restée aussi secrète que la liaison de ses parents jusqu'à ce que le scandale éclate et se répande comme une boule puante. Ce jour là, une main bien intentionnée avait, par lettre anonyme, tout rapporté à l'épouse légitime. L'affaire avait fait grand bruit dans la bourgade, quelques personnes s'en souviennent encore. La lettre commençait ainsi : " C'est parce qu'il s'ennuyait en votre garce compagnie qu'il est allé vers elle..."

L'adultère mis au grand jour, Docteur SAMARI  ne quitta ni femme, ni enfants. C'est Elisabeth  qui, un beau jour, prit "le grand oiseau blanc" pour la Métropole. Teresa à 3 ans était laissée aux bons soins de Man Rosita, vieille fille de 40 ans qui passait son temps entre Dieu et le "quimboiseur" faisant les mêmes demandes à l'un comme à l'autre : faire revenir ensemble les "tourtereaux" et "arranger ses affaires". Les robes de Teresa avaient "ciré" bien des bancs, ceux de l'église et des salles d'attente des faiseurs de miracles de toute l'île.

Alors qu'Alexander avait connu l'insouciance d'une enfance à quelques encablures de la plantation, celle de Teresa commençait à quelques encablures d'une société "bien pensante" de l'époque qui ne les avait guère épargnées, sa mère et elle.
 Térésa était "mal née" et son père, le premier homme de sa vie, n'était pas un homme libre.

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