Alexander et Teresa by Alex J. URI « le bonheur du fromager »
Feuilleton été 2012 épisode 12
Dans l’avion en direction de Paris, Alexander avait la tête dans les nuages tant au propre qu’au figuré. Il sentait venir le temps des turbulences. En effet, le vent d’un nouvel amour venait de souffler et de le secouer pendant les jours de grève du Comité contre la Colonisation Durable , le CCD. Un amour inachevé de ses premières années d’études à Baimbridge avait resurgi de la foule des manifestants près du pont de l’Alliance. Alexander avait retrouvé ses sensations d’étudiant après le bac.REBECCA ne tarda pas à lui arracher un baiser de retrouvailles. Ces deux là étaient comme des tourtereaux. Les amis s’en souvenaient. On les appelait le timbre et la lettre. L’excursion qui les a expédiés vers le septième ciel avait eu lieu à Marie -Galante. Alexander, calé dans son siège inconfortable dans ce Boeing 747, sculptait les mots qui faisaient revivre ces moments-là. Alexander s’étant endormi, c’est une hôtesse de l’air, émerveillée, qui a lu pour la première fois ce poème intitulé « Un amour à Marie Galante », une feuille de souvenirs qui rajeunissaient les acteurs de ces événements.
Un amour à Marie-Galante
Vous donner les baisers jadis tant attendus
Me ferait goûter vos lèvres, qui frissonnent.
Il se souvient encore des soupirs entendus
Ce coeur perturbé par vos airs de Madonne...
Les souvenirs s’entassent, et le temps qui passe
Irritant la solitude qui m’oppresse,
Sur votre nuque, empresse, un alizé fugace.
Ta douceur qui m’émeut devient ma seule richesse
Mon regard insolent t’enveloppe de désir
Nos corps , qui s’effleurent, frissonnent de plaisir
Sur une plage oubliée de Marie-Galante
Une biguine qui balance nos hanches
Chavire nos coeurs, et doucement déclenche
Sur une plage oubliée une étreinte brûlante .
Dans le même temps, Rebecca était revenue chez elle près de la plage . Il s’était replongé dans ses souvenirs en parlant à son fromager qu’elle allait déraciner ce que lui avait fortement déconseillé les anciens.
Le bonheur du fromager
"Mon Fromager,
Cela fait longtemps que tu accompagnes ma tristesse. Tu m’as donné des oreillers et des matelas pour pleurer. Je me suis accrochée à tes racines démesurées pour ne pas tomber. Comme une ingrate, j’allais même me débarrasser de toi pour l’oublier à jamais. Tu me vois ? Aujourd’hui, je suis en larmes mais des larmes de bonheur. Après trente ans , je l’ai retrouvé, mon Alexander ! Il est comme un alizé qui me donne de la fraîcheur dans une robe qui me colle à la peau car mon émotion transpire. Il a fait ce long voyage comme un pèlerinage pour que je sois sa noix de coco qu’il voudrait décrocher pour se désaltérer. Je me rappelle encore sur la plage, nos corps s’effleuraient à peine que les feuilles des amandiers et des cocotiers retenaient leur souffle. Mes lèvres frissonnaient. Son regard insolent et plein de désir m’enveloppait avec gourmandise. Surprise par tant de hardiesse, je répondis timidement tapie sur le ventre comme une lionne. Ce tigre du Bengale approcha lentement et sûrement sur une proie qui l’attendait. Le plaisir était déjà là. Je le sentais comme des laves incandescentes prêtes à jaillir de ce cratère.
Un sentiment étrange, violent, inattendu et merveilleux m'envahit toute entière. C’était quoi ?
Une secousse tellurique nous propulsa dans une étreinte compulsive. Au loin, la montagne qui fumait déjà se libéra de son magma."
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