jeudi 9 août 2012

Alexander et Teresa "Urgences"








Alexander et Teresa
Feuilleton été 2012.
Episode 05
URGENCES
Teresa est en voyage à la Réunion dans l’Océan indien et se trouve dans le nord et l’ouest de l’île Bourbon. Elle apprend qu’Alexandre a été admis d’urgence dans un hôpital parisien. Une infirmière lui apprend que la femme d’Alexandre, une belle créole est déjà sur place. Teresa ne comprend pas parce qu’Alexander vit seul et il a passé quelques jours avec elle à la Réunion

Mon bien-aimé Alexander,

Tôt ce matin, je viens de parcourir le chemin des Anglais. J'ai effectué là une belle marche car l’itinéraire est en pente dans cette île montagneuse. Beaucoup de randonneurs le pratiquent pour préparer ce qu’on appelle le grand raid. En fin de compte, il s'agit d'un vieux chemin de porteurs à l’époque de l’esclavage.

Je sais que tu es couché dans cette chambre d’hôpital qui te plonge dans la solitude. Je n’entends pas ton cœur qui bat et pourtant je le devine aujourd’hui mais j’ai eu peur, tu sais, quand j’ai appris l’intervention des pompiers dans ton immeuble.

J’ai appris que tu accueillais ta belle créole parfumée des îles, les bras chargés de victuailles. En lui donnant une accolade chargée de désirs, un malaise inattendu te fit tituber. Un moment de panique vite maîtrisé par cet ange des Caraïbes dépêché par une main divine avec l’arrivée des secours.

Aujourd’hui, c’est elle qui regarde ta poitrine couverte d’une forêt de fils et d’électrodes. C’est elle qui voit les perfusions qui t’alimentent. C’est elle qui voit les machines s’affoler quand tu respires.

 J’avais la main sur mon sein gauche quand j’ai lu sur l’écran de mon téléphone le message d’urgence. A ce moment là, juste après mon bain, je m’appliquais une onction d’huile de tiaré autour du mamelon gauche sur lequel tes lèvres aiment s’attarder délicatement les soirs de pleine lune. Je sentis ramper en moi une inquiétude envahissante. Elle allait de mes orteils que souvent tu caresses, à mes cheveux que toujours tu décoiffes dans ton ardeur câline.

Soudain, mon ventre palpita à l’idée que tes mains ne pourraient plus l’effleurer à la lune gibbeuse montante. Prise d’un léger vertige, je m’effondrai sur notre lit encore imprégné de ton odeur insolente. J’offris alors le reste de mon corps perlé de gouttes d’eau au drap esclave de nos désirs sous les Tropiques. Je voulais effacer la distance et le temps pour te prendre dans mes bras.

Dans une autre île volcanique, tu as semé des mots qui ont entaillé des chairs et laissé des sillons dans les cervelles. Alors, une belle négresse priait Notre Dame d’intercéder pour toi, pour que cette éclipse n’assombrît point ta vie.
Moi aussi, mon bien-aimé, je cherchais à me débarrasser de mes angoisses et mes peurs. Moi, je t’ai marqué du sceau de mes baisers. Je t’ai enveloppé de tout mon corps. J’ai toujours chuchoté mes délires, mes désirs et mes plaisirs à tes oreilles.
Teresa,
ta Sapotille.
(Alex J. URI
Paris le 7 mai 2012

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