Teresa redoute la force des cylones qui dévastent tout sur leur passage, abîmant les plus beaux paysages de Karukéra. Karukéra, c'est l'ile en papillon qui a vu naître son bien-aimé. Téresa sait qu'il voudrait se marier dans le cadre de ces palmiers royaux à l'Allée Dumanoir. Elle se souvient de la description des lieux, faite par Alexander.
L’Allée Dumanoir
« L’accident a eu lieu à l’allée Dumanoir » murmurait-on dans le voisinage. Nous savions que le choc des automobilistes avec les palmiers royaux était souvent meurtrier. A Capesterre-Belle-Eau, ce lieu avait frappé l'imagination populaire au point d'être qualifié de "second cimetière", à quelques centaines de mètres du vrai cimetière communal. A peine sorti du bourg en venant de Pointe-à-Pitre, les filaos languissants semblent avec résignation préparer le cortège de chaque côté de la voie. A l’époque, les vicaires devenus plus tard évêques, nous avertissaient bien avant l’hôpital de funérailles à célébrer. Jean, neveu d’un des prêtres, se chargeait de l’encensoir et moi je portais la croix. Enfants de chœur, nous n’arrivions plus à compter les victimes de ces carambolages. Tant de larmes versées ne décourageaient point les chauffeurs pressés d’entretenir la réputation lugubre de cette route qui marque une des entrées du bourg de Capesterre. Et pourtant, cette allée a toujours fait rêver avec ses arbres qui s’élancent vers le ciel d’un bleu immaculé. Elle donne l’illusion d’émerger d’une forêt luxuriante en bordure de la mer. Les palmiers à la file indienne de chaque côté surveillent la Soufrière, le volcan capricieux qui surplombe l’île visitée par Christophe Colomb le 3 novembre 1493 .
A l’origine, une allée s'ouvrait avec une double rangée de palmiers royaux, plantés vers 1850. Les chevaux y avaient une véritable piste pour accélérer mais avec les chevaux-vapeur les chevaux -machines trop puissants perdaient parfois la raison sur l’allée devenue route asphaltée avec son dénivelé d’antan. Les tragédies ne découragent pas les uns et les autres de revenir vers cet endroit paisible du nom d’un membre de la famille PINEL-DUMANOIR. L’Allée Dumanoir longue de plus de 1km avec ses quelques 400 palmiers royaux reste majestueuse. En l’espace d’un siècle, les cyclones et vent violents n’ont pas manque de décapiter quelques palmiers qui leur résistaient avec arrogance tout en s’acharnant le bananeraies qui les côtoient. Les palmiers comme les bananiers sont alors replantés et ce tronçon de route en pleine verdure retrouve très vite un décor cinématographique. A ce titre l’Allée Dumanoir demeure une véritable scène que privilégient les jeunes mariés pour se faire photographier et figer leurs souvenirs amoureux pour l’éternité.
Le poète Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Léger a lui aussi maintes fois évoqué cette allée dans ses souvenirs d'enfance. Rien de surprenant pour celui qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1960 puisqu'il a grandi dans l'habitation Bois-Debout juste à l’entrée de ce couloir magnifique.
Aujourd’hui, la route nationale a été déviée et l’Allée Dumanoir semble avoir retrouvé sa sérénité. Les piétons et les automobilistes se réapproprient cette route prestigieuse qui est véritable patrimoine pour cette région qui m’a vu naître et pour l’île transformée en terre de champions sportifs, le dernier en date cinq fois champion du monde de judo Teddy RINER .
texte et photos by Alex J. URI
L’Allée Dumanoir
« L’accident a eu lieu à l’allée Dumanoir » murmurait-on dans le voisinage. Nous savions que le choc des automobilistes avec les palmiers royaux était souvent meurtrier. A Capesterre-Belle-Eau, ce lieu avait frappé l'imagination populaire au point d'être qualifié de "second cimetière", à quelques centaines de mètres du vrai cimetière communal. A peine sorti du bourg en venant de Pointe-à-Pitre, les filaos languissants semblent avec résignation préparer le cortège de chaque côté de la voie. A l’époque, les vicaires devenus plus tard évêques, nous avertissaient bien avant l’hôpital de funérailles à célébrer. Jean, neveu d’un des prêtres, se chargeait de l’encensoir et moi je portais la croix. Enfants de chœur, nous n’arrivions plus à compter les victimes de ces carambolages. Tant de larmes versées ne décourageaient point les chauffeurs pressés d’entretenir la réputation lugubre de cette route qui marque une des entrées du bourg de Capesterre. Et pourtant, cette allée a toujours fait rêver avec ses arbres qui s’élancent vers le ciel d’un bleu immaculé. Elle donne l’illusion d’émerger d’une forêt luxuriante en bordure de la mer. Les palmiers à la file indienne de chaque côté surveillent la Soufrière, le volcan capricieux qui surplombe l’île visitée par Christophe Colomb le 3 novembre 1493 .
A l’origine, une allée s'ouvrait avec une double rangée de palmiers royaux, plantés vers 1850. Les chevaux y avaient une véritable piste pour accélérer mais avec les chevaux-vapeur les chevaux -machines trop puissants perdaient parfois la raison sur l’allée devenue route asphaltée avec son dénivelé d’antan. Les tragédies ne découragent pas les uns et les autres de revenir vers cet endroit paisible du nom d’un membre de la famille PINEL-DUMANOIR. L’Allée Dumanoir longue de plus de 1km avec ses quelques 400 palmiers royaux reste majestueuse. En l’espace d’un siècle, les cyclones et vent violents n’ont pas manque de décapiter quelques palmiers qui leur résistaient avec arrogance tout en s’acharnant le bananeraies qui les côtoient. Les palmiers comme les bananiers sont alors replantés et ce tronçon de route en pleine verdure retrouve très vite un décor cinématographique. A ce titre l’Allée Dumanoir demeure une véritable scène que privilégient les jeunes mariés pour se faire photographier et figer leurs souvenirs amoureux pour l’éternité.
Le poète Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Léger a lui aussi maintes fois évoqué cette allée dans ses souvenirs d'enfance. Rien de surprenant pour celui qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1960 puisqu'il a grandi dans l'habitation Bois-Debout juste à l’entrée de ce couloir magnifique.
Aujourd’hui, la route nationale a été déviée et l’Allée Dumanoir semble avoir retrouvé sa sérénité. Les piétons et les automobilistes se réapproprient cette route prestigieuse qui est véritable patrimoine pour cette région qui m’a vu naître et pour l’île transformée en terre de champions sportifs, le dernier en date cinq fois champion du monde de judo Teddy RINER .
texte et photos by Alex J. URI
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