dimanche 19 août 2012

Alexander &Teresa "Frédérique, le charme de Beyrouth"




 Alexander et Teresa
Feuilleton été 2012
Episode 25
«Frédérique, le charme de Beyrouth »

Le téléphone sonne  Alexander  est de mauvaise humeur  et se précipite  pour répondre. Il croit que c’est Teresa qui l’appelle pour sonder ses réactions après son courrier. Le ton est sec, les mots sont durs  puis il se confond en excuses car il s’agit de Frédérique, son amie afro-libanaise de passage à Paris pour une exposition de ses  sculptures. Frédérique  est dans les filières médicale et artistique. C’est grâce à son intervention  qu’Alexander a été sauvé. Face aux secouristes d’urgence, en l’absence des proches,  elle  fait figure d’épouse du patient et entre dans la tanière d’Alexander. Pendant l’hospitalisation  d’Alexander, c’est Frédérique qui gère la maison. Discrète, professionnelle, psychologue, elle observe  l’entourage de son  ami .Alexander divorcé, croyant ne pas s’en sortir, lui a fait certaines confidences qui les rapprochent.

Votre Liban est un pays de discours et de disputes.
Mon Liban est (...) écho de flûtes dans les grottes et les cavernes.
” Deux phrases   Khalil Gibran –( Extraits de « vous avez votre Liban et j’ai le mien ») qu’incarnait assez bien Frédérique, ancrée dans  les cultures africaine antillaise et arabe. Elle pouvait vite prendre la température, jouer un rôle de médiateur et surtout repérer écueils de navigation.
Venue de Beyrouth avec une valise pleine de ses créations, elle avait  un message. Elle évoquait  «   la part animale et parfois végétale en nous ».  Elle aimait  les animaux et voudrait glorifier ce que l’homme partageait avec eux. Selon elle, c’était   « la meilleure face de l’homme ». Elle allait encore beaucoup plus loin en affirmant « sa part de lumière celle qui lui confère sagesse gratitude et sérénité. » Cette philosophie était aux antipodes de celle de Teresa qui, à l’évidence, ne supportait pas  cette Frédérique, trop proche d’Alexander et quelque peu ambiguë dans ses câlins amicaux. Teresa avait appris que Frédérique avait généreusement fait la toilette intime d’Alexander, affaibli sur son lit d’hôpital. Le sang de Teresa n’avait  fait  qu’un tour et elle était allée enquêter auprès des services administratifs de l’hôpital. La réponse de la responsable antillaise, connaissant Alexander, l’avait rendue furieuse : « Madame nous sommes chargés de veiller  à l’état de santé du malade mais nous n’avons aucune contre-indication à ce que son épouse lave  son bijou, ce qui nous  a beaucoup aidés à cause des réductions d’effectifs.»
 Le regard de Frédérique    avait l’expression de la  douceur mais la vigilance de la tigresse. Vigilante, elle avait  souvent  couru vers les collines, sauver les enfants quand les bombes explosaient  et  empoisonnaient  la vie de tous les jours. Dans cette la chambre  d’Alexander,    elle marchait de manière nonchalante  et rassurante. Elle avait  fait trois enfants,  deux  garçons et une fille  de lits  différents. Ils avaient grandi, étudié et aujourd’hui  étaient en plein épanouissement  dans ce métissage culturel original.
La guerre vous donnait  des ailes mais aussi un sens des réalités  et Frédérique, âgée de 50 ans le résumait fort bien en une phrase : « un jour la guerre  s’arrête et on se dit qu’il est temps d’exprimer ce qu’il y  a en nous ». Pour elle, Alexander s’était beaucoup battu pour aider les uns et les autres, pour aller au front diplomatique pour défendre les économies de ses régions insulaires et africaines menacées par la mondialisation. Aujourd’hui ce malaise qui le secouait indiquait la fin d’une époque. C’est  à ce moment là que l’on s’apercevait que c’était du chacun pour soi. Ceux que vous aviez aidés  sans rien attendre  d’eux,  croyaient que vous aviez encore un trésor de guerre caché. Il voulait vous l’arracher pendant vous étiez  sur la civière.
 Frédérique était une femme médecin qui connaissait les horreurs de la guerre. Elle  priait Dieu de lui donner la force d’agir vite pour sauver  et faire des miracles. Parfois, c’était impossible.  Elle n’avait pas le temps de disserter sur les pratiques religieuses et les croisades. Aujourd’hui elle faisait des sculptures pour sortir ce qu’elle avait enfoui dans ses tripes.
Dans le living room,   transformé en   unité de soins ambulatoire pour Alexander,  elle laissait filtrer, comme cette bête féline, un instinct de possession pour   ses«  ni homme, ni animal. »
Elle rappelait à Alexander  qui s’endormait avec ses machines,  ces manipulations génétiques  qui rapprochaient l’homme de l’animal. Selon les chercheurs,  les Egyptiens et les Assyriens trouvaient ces représentations mi homme mi animal  tout à fait normales. Faisant un lit de fortune comme à la guerre, elle  avait dormi en tenant la main d’Alexander, retenant  son souffle pour qu’il ne perdît pas le sien.

19 août 2012






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