Alexander et Teresa
Feuilleton été 2012
Episode 25
«Frédérique, le charme de Beyrouth »
Le téléphone sonne Alexander est de mauvaise humeur et se précipite pour répondre. Il croit que c’est Teresa qui l’appelle pour sonder ses réactions après son courrier. Le ton est sec, les mots sont durs puis il se confond en excuses car il s’agit de Frédérique, son amie afro-libanaise de passage à Paris pour une exposition de ses sculptures. Frédérique est dans les filières médicale et artistique. C’est grâce à son intervention qu’Alexander a été sauvé. Face aux secouristes d’urgence, en l’absence des proches, elle fait figure d’épouse du patient et entre dans la tanière d’Alexander. Pendant l’hospitalisation d’Alexander, c’est Frédérique qui gère la maison. Discrète, professionnelle, psychologue, elle observe l’entourage de son ami .Alexander divorcé, croyant ne pas s’en sortir, lui a fait certaines confidences qui les rapprochent.
“Votre Liban est un pays de discours et de disputes.
Mon Liban est (...) écho de flûtes dans les grottes et les cavernes. ” Deux phrases Khalil Gibran –( Extraits de « vous avez votre Liban et j’ai le mien ») qu’incarnait assez bien Frédérique, ancrée dans les cultures africaine antillaise et arabe. Elle pouvait vite prendre la température, jouer un rôle de médiateur et surtout repérer écueils de navigation.
Mon Liban est (...) écho de flûtes dans les grottes et les cavernes. ” Deux phrases Khalil Gibran –( Extraits de « vous avez votre Liban et j’ai le mien ») qu’incarnait assez bien Frédérique, ancrée dans les cultures africaine antillaise et arabe. Elle pouvait vite prendre la température, jouer un rôle de médiateur et surtout repérer écueils de navigation.
Venue de Beyrouth avec une valise pleine de ses créations, elle avait un message. Elle évoquait « la part animale et parfois végétale en nous ». Elle aimait les animaux et voudrait glorifier ce que l’homme partageait avec eux. Selon elle, c’était « la meilleure face de l’homme ». Elle allait encore beaucoup plus loin en affirmant « sa part de lumière celle qui lui confère sagesse gratitude et sérénité. » Cette philosophie était aux antipodes de celle de Teresa qui, à l’évidence, ne supportait pas cette Frédérique, trop proche d’Alexander et quelque peu ambiguë dans ses câlins amicaux. Teresa avait appris que Frédérique avait généreusement fait la toilette intime d’Alexander, affaibli sur son lit d’hôpital. Le sang de Teresa n’avait fait qu’un tour et elle était allée enquêter auprès des services administratifs de l’hôpital. La réponse de la responsable antillaise, connaissant Alexander, l’avait rendue furieuse : « Madame nous sommes chargés de veiller à l’état de santé du malade mais nous n’avons aucune contre-indication à ce que son épouse lave son bijou, ce qui nous a beaucoup aidés à cause des réductions d’effectifs.»
La guerre vous donnait des ailes mais aussi un sens des réalités et Frédérique, âgée de 50 ans le résumait fort bien en une phrase : « un jour la guerre s’arrête et on se dit qu’il est temps d’exprimer ce qu’il y a en nous ». Pour elle, Alexander s’était beaucoup battu pour aider les uns et les autres, pour aller au front diplomatique pour défendre les économies de ses régions insulaires et africaines menacées par la mondialisation. Aujourd’hui ce malaise qui le secouait indiquait la fin d’une époque. C’est à ce moment là que l’on s’apercevait que c’était du chacun pour soi. Ceux que vous aviez aidés sans rien attendre d’eux, croyaient que vous aviez encore un trésor de guerre caché. Il voulait vous l’arracher pendant vous étiez sur la civière.
Dans le living room, transformé en unité de soins ambulatoire pour Alexander, elle laissait filtrer, comme cette bête féline, un instinct de possession pour ses« ni homme, ni animal. »
Elle rappelait à Alexander qui s’endormait avec ses machines, ces manipulations génétiques qui rapprochaient l’homme de l’animal. Selon les chercheurs, les Egyptiens et les Assyriens trouvaient ces représentations mi homme mi animal tout à fait normales. Faisant un lit de fortune comme à la guerre, elle avait dormi en tenant la main d’Alexander, retenant son souffle pour qu’il ne perdît pas le sien.
19 août 2012
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