jeudi 9 août 2012

Alexander et Teresa "L'alizé et la berceuse"












Alexander et Teresa
Feuilleton été 2012
Episode 03
 « L’alizé et la berceuse »

  « Ma lionne adorée,
Je sais que dans la foule qui accueillait les premiers vacanciers, vous étiez là à l’aéroport. Vous vouliez m'offrir la mangue que vous aviez tout spécialement cueillie pour moi. Elle mûrissait de la chaleur de vos mains moites et mais aussi de vos émotions. Vous étiez en train de la couver pour que, juteuse, elle puisse éclore dans ma bouche.
Vous attendiez avec impatience mon regard qui, d’habitude, vous enflamme. Vous êtes déjà une femme incandescente et j’ai bien peur que cette lave en descente ne me consume et ne me transforme tout mon paysage en cendres. Je ressens déjà la vapeur. De loin, je vois couler les laves. Ce cratère gluant et rougeoyant qui s’ouvrait au ciel comme une orchidée rose, c’est peut–être vous.
Suis-je vraiment digne de votre feu ? Voulez que je me soumette pour que vous m’engloutissiez là même où vous expulsez la vie dans la nuit noire ?
C’est vrai que vos mots m’enlacent mais c’est aussi vrai que vos phrases m’enchaînent, que je suis sous hypnose quand votre voix me rassure.
Je plonge dans un demi-sommeil pour vous faire exister dans mes rêves et vous voir disparaître dans cette réalité qui m’effraie.
Il y a tout qui bouge en moi. Le désir s’impatiente. Ma joue collée à mon oreiller, je sentais vos lèvres gourmandes. Je rabattis ma main gauche sur l’oreiller à plumes pour faire de lui une tête que je m’évertuais à caresser.
J’ai été imprimé de votre regard complice et somptueux. Dans notre échange virtuel, j’ai écouté vos paroles prudentes et vertueuses. Mes réponses s’affichaient rassurantes, paisibles en apparence et au diapason. Alors, mon cœur se mit à battre un peu plus vite, mon corps s’enfiévra doucement et ma peau devint humide. J’ai eu l’impression de subir une transfusion d’une partie de vos organes vers les miens et je vous sentais en moi dans toutes mes terminaisons nerveuses.
Cette nuit, je pouvais faire ce que je voulais de vous, sans peur, sans retenue. C’était une chance pour moi de chercher cette jeune femme timide et désirable qui sommeille encore en vous . C'était aussi une chance pour vous d'être vous contre vous, d'être vous avec moi, d'être vous en moi, comme moi en vous.
Sur mon lit à baldaquin, vous êtes assise dans la position d’un bouddha et nous avons parlé des Cahiers du retour au pays natal d’Aimé Césaire et de ses poèmes Ferrements. Comme Césaire, je dirai que nous pouvons trouver le secret de grandes combustions.
Vous savez, Il fait encore chaud dans la plantation. Venez avec moi sur la véranda. L’alizé coquin passe allègrement sur la berceuse qui nous attend. »

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